Pour écrire leur sujet d’imagination sur le premier amour, les élèves ont droit au dictionnaire. Je passe dans les rangs.
Lisa a son Robert Collège ouvert devant elle. À une page illustrée d’un schéma de l’estomac. En voilà une qui sait où se situe le véritable siège des sentiments… et à quel organe faire appel pour s’adonner à la littérature - Gracq n’aurait pas dit le contraire - son texte promet d’être formidable.
L’épreuve a lieu dans une salle d’anglais. Des affiches au mur pour apprendre la prononciation de la langue de Shakespeare. J’y apprends que le o de nose (nez) est une diphtongue : əʊ. Et j’y vois la confirmation que l’anglais est décidément la langue la plus laide du monde.
Plus tard, Lisa a son dictionnaire ouvert à la page où l’on trouve le mot génital, illustration à l’appui. Quinze ans, tout romantisme, toute fausse idée sur l’amour a déjà disparu. La vérité. Nue. Crue.
Je lis le texte de Lisa par dessus son épaule. Il a vraiment l’air formidable. La seule de la salle à ne pas s’être empêtrée dans un texte bateau et à avoir pris le contrepied du sujet.
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