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mardi 11 février 2025

11 février

Un idiot un jour a dit qu’un livre ne se choisit pas à sa couverture.
Quand, en 2005, je n’ai pas trouvé Ferdydurke à la FNAC Strasbourg, c’est pour la photo de mouche épinglée sur la couverture du poche que j’ai choisi Cosmos plutôt qu’un des autres romans de Gombrowicz en rayon. En aurais-je choisi un autre, un moins bon - fatalement - toute ma vie en eût été changée.
Régulièrement, au rayon poésie notamment, j’achète des livres pour leur couverture… et suis rarement déçu. Samedi matin, ce fut Bestioles. Et j’en suis ravi.

Au contraire, une couverture ratée… Pierre Assouline sur son blog La République des Livres faisait il y a quelques semaines l’éloge de Tes Pas dans l’Escalier. J’en cherchai aussitôt un exemplaire d’occasion sur Rakuten - le livre n’était disponible ni chez Page et Plume ni chez Anecdote - et faillis renoncer immédiatement : la couverture était laide. Je décidai finalement de faire confiance au critique et commandai le bouquin. Non sans méfiance.
Le reçus quelques jours plus tard. Et le laissai de côté, dans une pile dont il finit pas être la base. Non décidément, cette couverture ne m’allait pas. Puis, dimanche matin, en quête d’un nouveau roman à lire après La Chambre Bleue achevé la veille au soir, je retrouvai ces pas et cet escalier et m’avisai que cette laide couverture n’était que jaquette. Qui cachait la très sobre et très chic couverture blanche bordée de bleu-vert des éditions du Seuil (collection des œuvres étrangères). Plus rien ne s’opposait à ma rencontre avec ce texte dont je lus le tiers environ entre deux activités dominicales.
Devrai-je à présent jeter les horribles jaquettes comme je le fais des ignobles bandeaux ? - encore ce samedi : Mexico City Blues de Kerouac ceint d’un bandeau annonçant le centenaire Kerouac ou je ne sais quoi du même genre.

lundi 10 février 2025

10 février

J’ai lu, vendredi samedi, La Chambre Bleue de Simenon - il faut que je m’entraîne, que je m’habitue à prononcer Simeunon et non Sim’non.
Je l’ai lu dans une édition de poche récente. Achevé d’imprimer en novembre 2024 me renseigne la page 189.
On peut y lire :
p 10 : il restait sur le   anc
p 11 : un re  et mobile sur le miroir
p 87 : C’est super  u
- je ne mets que quelques exemples, il n’y sont pas tous, les exemples, je ne les ai pas toutes rélevées, les erreurs.

C’est étrange. J’ai déjà eu en main des bouquins où il manquait des signes de ponctuation ou une lettre sur une ou deux pages. En revanche, qu’il y ait tous les f et tous les l sur l’ensemble du volume sauf quand ils sont associés, c’est inhabituel. J’ai tous les f. Tous les l. Aucun fl. Sauf un. Page 12. Sifflet. Le seul fl présent - à moins que j’en ai loupé. Ce n’est pas naturel de chercher les fl en lisant un roman, j’en ai peut-être lu qui m’ont échappé. Il y avait dans La Chambre Bleue plus intéressant que de chercher les fl présents.
C’est une erreur d’impression déjà assez étrange, cette absence d’une double lettre. Elle l’est encore plus qu’il y a exception. Comme si je devais me concentrer sur ce mot, sifflet - c’est celui d’un train dans le roman ; est-ce à dire que je dois me concentrer sur le sifflet d’un train ou sur un sifflet de manière plus générale ?
Je réalise en écrivant ceci que j’ai un sifflet en poche tous les jours où je travaille. C’est le système d’alarme un peu artisanal, archaïque presque, au collège de Boussac. On doit siffler en cas de problème, d’intrusion notamment - ce qui ne sécurise pas beaucoup celui qui siffle. Est-ce un avertissement ? Dois-je en user de mon sifflet ? Siffler qui ? Quoi ? Dès aujourd’hui ?
Il faut que je reste attentif. Que j’aiguise mes ré  exes.

vendredi 13 décembre 2024

Tueurs de flics

Plaquez tout, les petits. Le travail n’ennoblit pas l’homme. Les idéologues qui prétendent le contraire, quelle est leur profession ? (…) Glissez, mortels, sur la pente savonneuse de turbin-chagrin ! Glissez vers les cimetières populaires surpeuplés ! (…) Glissez, mortels, et songez que ce n’est pas juste vis-à-vis de vos 12 ans, vis-à-vis des garçonnets et des fillettes que vous étiez et qui auraient dû avoir tous les droits !

F.H. Fajardie
Tueurs de flics

vendredi 30 août 2024

mercredi 27 décembre 2023

# 1822

J’avais envisagé une petite chronique sur Evguénie Sokolov, roman / nouvelle de Serge Gainsbourg, acheté en poche chez mon bouquiniste il y a deux trois semaines et lu un jeudi matin avant de partir dispenser la bonne parole matheuse. J’avais prévu de louer son inventivité, sa drôlerie tout en... et d’en profiter pour… pourquoi le dire alors que je ne l’ai pas fait… je n’ai pas trouvé le bon angle d’attaque, pas trouvé comment, à mon goût, bien… bref, j’ai laissé tomber… je me suis dit : prout… ceux qui connaissent le texte comprendront.

mardi 31 octobre 2023

La Chouette Aveugle

Je me souviens bien mieux de l’endroit et du moment où j’ai acquis mes disques que de l’endroit et du moment où j’ai lu pour la première fois mes livres. C’est l’impression que j’ai. Impression trompeuse car, si je réfléchis, les lieux et les endroits associés à la découverte des romans les plus importants (pour moi) me reviennent sans difficulté.
Voyage au bout de la Nuit, acheté à Toulon fin 2003. Lu à Tahiti quelques semaines plus tard.
Kosmos, acheté à la FNAC Strasbourg en juin ou juillet 2005. Lu quelques semaines plus tard à York.
Les Mange-Pas-Cher. Acheté à la fin du printemps 2010 à Gibert Paris. Lu quelques jours plus tard sur une chaise du Jardin du Luxembourg.
Héros et Tombes. Acheté à Versailles, Gibert, en décembre 2021. Entamé le 1er ou le 2 janvier suivant à Limoges. Relu début janvier 2023 à Limoges, toujours. Nouvelle lecture prévue début janvier 2024.
Les Sept Fous. Acheté à Gibert, Paris, en juillet 2022. Lu quelques semaines plus tard à Fouras.

La Chouette Aveugle complètera, j’en suis certain, dont je ne pourrai oublier la découverte. Le roman faisait depuis longtemps partie d’une liste de titres dont je ne savais pas grand chose si ce n’est qu’ils étaient susceptibles de.
Ces derniers jours d’octobre 2023 ont dépassés mes espérances. Peu de textes m’ont autant impressionné que La Chouette Aveugle, enfin commandé il y a une dizaine de jours à Page & Plume. Seule déception, je ne connais personne à qui le conseiller. À qui ce cauchemar opiacé, cauchemar de la mort séduisante, du sang qui poursuit les êtres à travers les générations et les réincarnations, du symbole qui prend vie, de la répétition qui détruit la barrière entre rêve et réalité, serait susceptible de plaire.

Je ne suis pas un bon ni un grand lecteur. Si je n’écrivais pas, je ne se sais si je lirais. Je lis parce que j’écris. Parce que j’essaie d’écrire. C’est une sensation que j’ai souvent. Je la sais fausse, cette impression. Pourquoi aurais-je envie d’écrire si ce n’est parce que j’ai lu ? Je ne suis pas inventeur de l’écriture. J’écris parce que d’autres ont écrit. Et parce que j’ai lu certains de ces autres.
L’impact cependant de mes lectures ne peut se mesurer que sur mon écriture. La Chouette Aveugle est de ces textes à l’impact dévastateur. Envie de tout remettre en question. De recommencer à zéro.  De jeter mes brouillons et de. Il faut que je me raisonne. D’autant que je ne serai pas même capable de faire un pastiche de La Chouette Aveugle. Alors un texte qui lui arrive à la cheville.

J’ai relu aussitôt après. Une dizaine quinzaine de minutes après. Trois Gouttes de Sang. Courte nouvelle du même auteur. Qui m’avait fait forte impression déjà, il y a quelques années. Je ne sais plus si j’avais acheté le recueil de nouvelles à Gibert Versailles parce que je cherchais La Chouette Aveugle et que je ne l’avais pas trouvé. Ou si j’ai cherché La Chouette Aveugle parce que le recueil et surtout la nouvelle qui éponyme m’avait ébranlé.
La nouvelle de dix pages constitue une sorte de prototype à La Chouette Aveugle. Même folie. Même secousse. Atténuée par la moindre longueur. Moins développée seulement. Ayant fini de la lire, il a fallu que je m’allonge. Un disque de musique indienne, un peu d’encens et ma planche de fakir pour matelas. Je crois que je ne suis pas tout à fait remis. Alors que la face A venait de s’achever, j’essayai d’appeler Natacha pour qu’elle tourne le disque. Je n’y parvins pas de suite. Mes appels me restaient en tête sans sortir. Je m’entendais mais je savais que personne ne pouvait m’entendre. État de demi conscience dont j’eus du mal à comprendre qu’il n’était pas éveil et dont plus de mal encore à m’extraire. Je crois que je me suis vu de l’extérieur. Ça n’a duré probablement que quelques secondes, peut-être moins. Puis j’ai pu demander de l’aide à Natacha. Elle ne put m’aider, les mains sales, elle jardinait.

Que me sert de lire encore si ce n’est pour retrouver ces sensations ?

mardi 17 octobre 2023

# 1751

Autrefois on chantait « les cahiers au feu et la maîtresse au milieu ». Ce qui était bien plus malin que les décapitations à la hache ou les poignardages en vogue actuellement. Le bûcher permet d’éliminer le prof et les manuels d’un seul coup tandis que l’utilisation d’un objet tranchant rend plus complexe l’élimination de l’écrit, ce n’est pas facile de totalement détruire un livre à coups de couteau. Quand on vous dit que les élèves sont de moins en moins pertinents.



Je n’avais jamais écouté en intégralité Pour en finir avec le jugement de dieu avant ce lundi. Les trajets en voiture ont aussi du bon. Je veux être fou. Fou comme Artaud.



La porte principale du collège est désormais fermée à double tour. L’établissement ressemble un peu plus à une prison. J’ai beau avoir les clefs, je n’arrive pas à décider quel est mon rôle, détenu ou maton ?

mardi 10 octobre 2023

# 1744

Déçu par La Rate au Court-Bouillon de San Antonio. L’invention verbale est là, explose de partout, extrêmement drôle… mais pour un roman qui a accouché d’une expression (se mettre la rate au court-bouillon ne se disait visiblement pas avant la publication du livre) l’histoire était bien fade voire faible.



Je me demande si Ernesto Sábato, obsédé par les aveugles (Le Tunnel, Héros et Tombes en témoignent), avait lu Le Pays des Aveugles de H.G. Wells. Et ce qu’il en a / en aurait pensé. Bonne surprise que cette courte nouvelle, je n’en attendais rien en l’achetant, j’y ai trouvé quelques très belles idées.



Lu également L’Échiquier de J.P. Toussaint. Comme souvent, c’est excellent. Comme d’habitude, il est sur la liste du Goncourt. Comme à chaque fois il ne l’aura pas. Lu aussi sa traduction (publiée en même temps que L’Échiquier) de la Schachnovelle de Zweig. Rien que pour son titre, Échecs, plutôt que Le Joueur d’Échecs jusqu’à présent préféré en France pour on ne sait quelle raison, ça valait le coup… d’autant que je n’avais jamais lu la nouvelle jusqu’alors.

vendredi 22 septembre 2023

L’Horloger d’Everton

Simenon prétendait pouvoir écrire un roman en une nuit. À condition d’avoir suffisamment à boire. Il me semble l’avoir lu chez Pierre Assouline, dans l’Autodictionnaire Simenon, feuilleté chez Gibert, il y a des années. Sans Pierre Assouline, qui évoque régulièrement le romancier belge et toujours en termes élogieux, je ne me serai probablement jamais plongé dans l’œuvre de Simenon. Moi, lire du Maigret ? Ç’eut été dommage. Un grand manque même.

J’ai lu L’Horloger d’Everton la semaine dernière. Choisi parce que j’ai vu le film, son adaptation. L’Horloger de Saint Paul. De Tavernier. Il n’est pas aisé de choisir parmi les quelques 400 romans signés Simenon, privilégier ceux adaptés au cinéma est un biais comme un autre. Les suivants seront Le Chat - même si je n’ai pas vu le long métrage avec Simone Signoret et Jean Gabin - et La Chambre Bleue - vu le film de Mathieu Amalric.

L’Horloger d’Everton s’achève sur un lieu et une date. Shadow Rock Farm, Lakeville (Connecticut), le 24 mars 1954. Serait-ce un de ces romans prétendument écrit en un jour, en une nuit. Ma raison me dit que c’est impossible d’écrire un texte d’une telle force en si peu de temps. Certes, le livre de poche n’est pas bien épais… mais tout de même. Pourtant, j’ai envie de croire que Simenon l’a fait. Qu’il a écrit ce texte magnifique sur la relation père-fils en quelques heures à peine. D’un seul élan, commençant à taper le texte directement à la machine, sans note ni plan, et ne s’arrêtant de taper qu’avec le point final.

Écrire un texte aussi puissant en si peu de temps. Sans tomber dans la facilité. Sans tomber dans les automatismes… ou alors dans quelques-uns uniquement. Car il y a tout de même quelques formules un peu toutes faites dans L’Horloger d’Everton. Dont une qui me travaille depuis que je l’ai lu, c’est à la page 75 du l’édition du Livre de Poche achevée d’imprimer en septembre 2020.
[…]les arbres d’un vert plus vert que partout ailleurs[…] suivie d’un cliché sur la couleur de miel du soleil.
Qu’est-ce-que ça veut dire un vert plus vert ? Est-ce, comme je le pensais initialement, une formule totalement creuse ? Un truc d’écrivain pour gagner quelques mots ? Ou une idée lumineuse ?
Et d’abord c’est quoi vert ? Le vert le plus vert, est-il pile au milieu du jaune et du bleu ? Est-ce un vert clair ? foncé ? Quelle longueur d’onde ? Quel nom en peinture à l’huile ou à l’eau ? Quels pigments ?
Ça me travaille disais-je, pas impossible que cette idée ressorte dans un texte prochainement. Je n’ai pas peur du plagiat.

mardi 22 août 2023

FNAC vendredi

À la FNAC, dans le rayon ROMAN POLICIER, une subdivision COSY CRIME… ce que ça signifie ? on s’en fout, non ?



Quatre adolescentes au rayon ROMAN ADO - déjà… bref… - l’une d’elle tient un épais volume - c’est fou comme ces romans pour adolescents paraissent longs… pour amener les ados à la lecture, j’aurais misé plutôt sur des formats courts, rapides à avaler… ou alors, sont-ils écrits en gros caractères ? - dans ses mains aux faux ongles trop longs :
- non mais je vais pas le prendre… trop cher… je vais me le commander pour mon anniv’…
- mais t’as pas les chèques-cadeaux que ta mère t’a donnés ? (NdA : j’ai corrigé la faute d’accord du participe que l’ado a faite à l’oral)
- ouais mais ça fait deux chèques-cadeaux pour un seul livre, ça fait beaucoup trop…



Je ne cherche rien de particulier. Je tombe, par hasard ou presque, sur un recueil de Ponge. Horrible bandeau PROGRAMME DU BAC - il rejoindra la première poubelle de la rue Jean Jaurès.

Voilà que j’essaie dans les allées de la FNAC de me faire passer pour un lycéen avec le bouquin en main… draguer des ado, faire mon Matzneff - il y a un film qui sort bientôt, j’ai vu l’affiche au cinéma hier soir… salut, c’est quoi ton numéro de tiktok ? ça ne fonctionne pas des masses, je l’avoue… je ne dois pas avoir les codes…

Étrange idée, Ponge au programme du bac. À 17 ans, j’aurais détesté Ponge… mais on n’est pas sérieux paraît-il, quand on a…

Une page de La Rage de l’Expression - c’est le titre dudit recueil - la première de la partie intitulée Notes prises pour un Oiseau, me tourmente. C’est du MLM. Ou presque : je ne l’aurais pas écrite ainsi… mais tout de même, les idées y sont. Serais-je un pongiste qui s’ignore ?


Pour ma part, j’aurais sûrement dévié sur le y, le i grec, l’upsilon… c’est mon style

vendredi 18 août 2023

Le Traducteur Cleptomane (3)

Je ne suis pas critique, c’est quelque chose que je ne sais absolument pas faire. On pourra me répondre que je ne suis pas plus écrivain, peintre ou dessinateur mais que ça ne m’empêche pas de - ce n’est pas faux. Aussi ai-je renoncé à ouvrir deux ou trois blogs supplémentaires - Blogger autorise jusqu’à cinq blogs par personne - l’un consacré au cinéma, l’autre à la littérature et, éventuellement, un dernier consacré à la peinture. Non seulement, cela m’aurait demandé trop de travail (j’ai déjà bien du mal parfois à remplir Archives et Disco1950 quotidiennement) sans même compter les temps de lecture ou de visionnage nécessaires mais, surtout, comment écrire chaque jour ou tous les trois jours ou toutes les semaines à propos de textes ou de films alors que j’intellectualise peu et que mon avis est avant basé sur un ressenti, une grande et assez intraduisible subjectivité ? Essayons tout de même.

Le Traducteur Cleptomane et autres histoires de Dezsö Kosztonlányi est, d’après Wikipédia, une escroquerie éditoriale. Les onze nouvelles réunies sur ce titre sont en réalité extraites d’un roman à la forme étrange intitulé Esti Kornél et désossé par un éditeur français. Cela a-t-il une importance ? Cela gâche-t-il le plaisir ? Je ne le pense pas. Le lecteur en effet aurait bien tort de bouder son plaisir à la lecture de ces courts récits bourrés d’ironie et révélateurs d’un esprit très inventif.
Je n’étais pourtant pas bien fier de mon achat en redécouvrant la première nouvelle, celle qui donne son titre au recueil. Rigolote. Et ce n’est pas forcément un compliment. L’histoire d’un traducteur qui est aussi cleptomane. Je souris mais je me dis que si les autres textes sont du même acabit, je ne finirai pas les seulement 200 pages du bouquin. Suit heureusement L’Argent. Ou comment la richesse peut devenir un problème pour qui souhaite rester pauvre. Délicieux.
Le Contrôleur Bulgare tient en équilibre précaire son récit d’un dialogue entre deux personnes qui ne parlent pas la même langue avant que La Ville Franche ne livre des petits trésors d’inventivité à chaque coin de ses rues où l’on ne sait mentir et surtout pas se vanter. La Disparition est plus convenue mais finit par mordre avec une morale tristement réaliste, comme, plus loin, Misère. Entre deux, Le Pharmacien et Lui constituait une pause plus réjouissante, presque tendre.
Le Manuscrit se moque des critiques, des lecteurs et des écrivaillons - je pourrais prendre triplement ombrage si c’était mal ficelé, ce qui n’est pas le cas... Le Chapeau, a priori petit exercice de style sur la perte d’un objet traitée comme un deuil, devient dans le contexte du recueil, un texte excessivement grinçant, corrosif. C’est la force aussi de ces textes ici réunis d’enfoncer le clou au fur et à mesure, de noircir peu à peu l’humour, de se répondre et de créer une ambiance qui bénéficie à chacun d’entre eux. La Dernière Lecture achève le recueil de la seule façon possible : la mort de l’artiste face au miroir, en narcisse.
J’ai lu les nouvelles dans l’ordre dans lequel elles sont proposées à une exception - des questions de timing trop longues à expliquer. J’ai achevé ma lecture par Le Président. Et je me réjouis d’avoir terminé par cet hymne à la sieste, cet éloge de ceux qui s’endorment en toute circonstance. Je me sens revigoré, moi qui suis en permanence fatigué. Revigoré ? non… mais j’ai bien moins de scrupules à aller m’allonger.

C’est ce que je craignais, les paragraphes précédant tiennent plus du résumé que d’autre chose. Il faudra s’en contenter…

Évidemment, ceux qui me connaissent savent bien qu’un recueil qui me réjouit tant ne peut rester sans effet… j’ai envie d’écrire des nouvelles… mais, merde, j’ai un roman à terminer… et je suis loin, loin, loin, très loin d’en avoir fini avec lui.

jeudi 17 août 2023

La Traducteur Cleptomane (2)

Emprunter un livre à la bibliothèque (et le lire) n’est pour moi qu’une étape. Tout livre que j’emprunte à la bibliothèque est destiné a priori à rejoindre ma propre bibliothèque - je peux dire la même chose des disques, on l’aura compris. À la seule condition qu’il me plaise, me séduise, il va de soi. On ne compte plus les volumes peu usés de ma bibliothèque, ceux dans lesquels je ne fais que picorer de temps à autre, les ayant déjà lus en entier dans un exemplaire emprunté. Et qui me sont pourtant indispensables, que j’ai besoin de savoir à disposition, prêts à être relus à tout moment.
Il faut simplement qu’on m’accorde un peu de temps, je ne peux pas tout acheter en même temps. J’ai ainsi mis une douzaine d’années à acheter Le Traducteur Cleptomane et autres histoires. Dans un premier temps, après avoir rendu à la bibliothèque de Compiègne le poche publié par les éditions Viviane Hamy, j’en ai cherché un exemplaire dans toute librairie où je mettais les pieds. Je n’avais pas envie de passer commande sur le net. Si j’achète de nombreux disques en ligne, je m’y refuse, la plupart du temps, pour les livres. Les livres s’achètent en librairie. À la FNAC à la rigueur. Dans les gares si on aime la mauvaise littérature. Chez Monoprix dans un moment faiblesse.
Je l’ai longtemps cherché mon exemplaire de Le Traducteur Cleptomane. Une petite poignée d’années. Puis j’ai abandonné. Et le temps a fait son œuvre. Et j’ai oublié le titre du recueil de nouvelles. Et le nom de l’auteur s’est peu à peu modifié dans mon esprit.

Chez Page & Plume, il y a quelques semaines, je cherchais des romans ou des essais de Kundera. Pour remplacer mes éditions de poche. Bien qu’amateur de La Pléiade, - quand je vous parlais de livres peu usés, rarement sortis des étagères - je n’ai jamais envisagé d’acheter les volumes consacrées à L’Oeuvre de Milan Kundera. Je cherchais les couvertures crème de chez Gallimard. D’abord dans le rayon littérature française - qu’il faudrait renommer francophone - puis, en trainant des pieds et en faisant la moue, en littérature d’Europe Centrale : il y en a qui classent encore Kundera là dedans. De Kundera, il n’y avait pas mais c’est là, que je suis tombé, dans une édition Le Livre de Poche, couverture bleue figurant des hommes en haut de forme et redingote noirs, pantalon gris et guêtres blanches, sur Le Traducteur Cleptomane et autres histoires.


Je ne me suis pas plongé immédiatement dans sa lecture - j’avais acheté le même jour Pantagruel auquel j’ai accordé la priorité puis ai entamé le Quichotte - je l’ai mis de côté, pour les vacances. C’est sur la plage que j’ai relu ces nouvelles qui m’avaient plu il y a douze ans. Les premières, je les ai lues dans la position intermédiaire entre assis et couché qu’on adopte sur la plage de sable, sur la serviette de bain ou sur la natte en osier. La plage sud, sous les robiniers faux-acacias. Les dernières, je les ai lues debout, sur la plage de l’Espérance, marchant dans le sable ou les pieds dans l’eau. On devrait toujours lire debout, je le sais. On est plus concentré, on réfléchit mieux debout, se déplaçant. Pourquoi alors, naturellement, habituellement, chercher un fauteuil ou un canapé pour ouvrir un livre ? Pourquoi lire au lit ? De quoi ai-je peur ? De me sentir ridicule à déambuler un livre à la main à travers mon salon, mon couloir, mon bureau ?

PS : je viens d’apprendre le décès de Pierre Alferi. La littérature perd un grand nom - inconnu du grand public. Précipitez vous (entre autres) sur son recueil Kub Or si ce n’est déjà fait.

mercredi 16 août 2023

Le Traducteur Cleptomane (1)

et autres histoires

La principale bibliothèque municipale de Compiègne est abritée par les vestiges (le cellier et le cloître) de l’abbaye saint-Corneille. Celle-ci, du temps de sa splendeur, abrita un saint-suaire concurrent de celui de Turin (et d’une poignée d’autres) qui fut détruit au milieu du XIXème siècle par une servante trop zélée : soucieuse de redonner au linge sacré sa blancheur passée, elle le mit à bouillir.
C’est un bâtiment admirable, magnifique, dans lequel j’ai passé de nombreuses heures lors des 18 mois au cours desquels nous avons habité la cité isarienne. À lire, à écrire - plusieurs pages de La Montre ont été griffonnées dans la salle de travail du dernier étage - ou simplement à flâner dans les expositions régulièrement organisées. Oui, je l’ai beaucoup fréquentée, cette bibliothèque, comme j’ai beaucoup fréquenté celle de Versailles, sise rue de l’indépendance américaine. Il serait intéressant que je réfléchisse pourquoi je ne suis jamais allé à la bibliothèque à Dijon, pas plus qu’à celle de Limoges.
Et, naturellement, j’ai beaucoup emprunté à la bibliothèque de Compiègne. Des DVD (Le Vent se Lève de Ken Loach, à trois reprises, entre autres) et des livres. Aucun disque. Je ne suis plus certain pourquoi. Probablement parce qu’il n’y en avait pas, des disques, dans cette bibliothèque-ci. Que les disques à emprunter étaient conservés dans une autre bibliothèque municipale de Compiègne. Je ne vois guère d’autre explication. Emprunter des disques auraient été un bon palliatif, j’en ai si peu acheté pendant qu’on habitait Compiègne. Mes allocations chômage ne me le permettaient pas vraiment. J’ai même revendu des doubles que Natacha et moi avions en commun. Le collectionneur que je suis le regrette amèrement. Le blogueur plus encore. De toutes façons, il n’y avait pas de disquaire à Compiègne autre qu’un Cultura en dehors de la ville, dans l’horrible zone commerciale en bord de quatre voies.
Les livres que j’ai empruntés à la bibliothèque de Compiègne, je les ai choisis essentiellement selon trois critères. C’est d’ailleurs toujours ainsi que j’emprunte (ou achète) des livres. 1. Des livres ou des auteurs conseillés dans des livres ou des interviews d’auteurs que j’affectionne (je ne sais plus où j’ai entendu parler de Milorad Pavić dont j’avais justement emprunté Paysages Peints avec du Thé à la bibliothèque de Compiègne, j’aimerais me souvenir). 2. Des livres publiés dans des maisons d’édition qui ont toute ma confiance (Les Éditions de Minuit et Verdier notamment pour ce qui est de ma période compiégnoise). 3. En me fiant au nom (sa sonorité, sa graphie) de l’auteur.
Forcément, à ce jeu-ci, celui de la musicalité patronymique, les étrangers, les non-occidentaux, ont un certain avantage. Les Polonais, les Serbes, Croates, les Hongrois, les Grecs en particulier. C’est de cette manière - par hasard, d’une certaine façon - que j’ai emprunté à la bibliothèque de Compiègne et lu pour la première fois Le Traducteur Cleptomane et autres histoires de Dezsö Kosztolányi.