Modifié le 19/02/2019
Je pars avec un sérieux handicap. Rédhibitoire. Jamais je ne pourrai
être crédible dans ma situation, avec une telle infirmité…
Quel est mon si terrible trouble ? C’est simple… enfin, pas vraiment
simple. Simple à expliquer avec des mots mais difficile à expliquer par un
enchainement logique de causes et de conséquences…
Voilà… Sans cesse, tout le temps, en toutes circonstances, je me
trompe d’onomatopée.
Quand j’éternue, c’est un tout petit miaou, et même un minuscule miou,
que j’expulse.
Quand je ronfle, c’est un po po po pom qui réveille celui ou celle qui partage mon lit pour la nuit.
Mes outils, sans distinction, du marteau à la scie en passant par la
perceuse font tous ploc ploc.
Quand je me blesse, par exemple avec un de mes outils qui fait ploc ploc, j’hurle pan ! et mes larmes sont accompagnées d'un vroum vroum que je renifle.
Mon crocodile domestique (importé illégalement par un petit escroc
sévissant à Marne-la-Vallée) ne cesse jamais de faire tic-tac.
J’ai un temps songé au suicide, en finir avec cette vie de sons
mal à propos. Je me suis procuré un revolver auprès d’un type louche d’une
banlieue mal famée. Bien entendu, il était hors de question, que je me loupe -
je ne joue pas à la roulette russe. J’ai donc d’abord voulu l’essayer, mon
Glock (un nom pareil… ce pourrait être une onomatopée) sur des boîtes de
conserve. Quand j’ai tiré, mon Glock Glock (ça sonne vraiment comme un train à
vapeur, non ?) a craché un énorme prout
et la boîte de conserve quand elle a valsé sur le macadam de l’arrière-cour a
émis un snif snif à fendre le cœur.
Ça m’a passé l’envie de me flinguer. Hors de question d’achever une vie aussi ridicule
par une mort qui le serait plus encore.
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