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vendredi 5 décembre 2025

5 décembre

(15)

Puisqu’il me faut le vrai MLM pour continuer ce feuilleton, je n’ai d’autre choix que de partir à sa recherche… mais comment le reconnaître ?

Le faux MLM dont j’avais pris la place me ressemblait vaguement. Étant lui-même un usurpateur, il devait donc vaguement ressembler à celui dont il avait pris la place. J’en conclus que je ressemble vaguement à quelqu’un qui ressemble vaguement à MLM ou à un usurpateur de MLM.

La relation (au sens mathématique du terme) « ressembler à » n’est cependant pas transitive. Ressembler vaguement à quelqu’un qui ressemble vaguement à une troisième personne fait que je ressemble très vaguement à cette troisième personne ou que je lui ressemble assez peu ou que je suis son portrait craché.

L’affaire se complique si on imagine que cette tierce personne est soit MLM soit un usurpateur qui, probablement, ressemble vaguement à son prédécesseur, que celui-ci soit MLM ou un usurpateur.

D’usurpateur en usurpateur, mes traits s’éloignent ainsi des traits de MLM ou s’en rapprochent. À quel degré, je ne sais. Je dois donc chercher quelqu’un qui me ressemble plus ou moins, quelqu’un qui ne me ressemble absolument pas ou un de mes sosies, bluffant ou raté… on restreint le champ de recherches comme on peut.

vendredi 28 novembre 2025

28 novembre

FIN


C’est tout ce que j’avais écrit il y a deux jours pour ce billet. L’épisode du 21 novembre du feuilleton Usurpateur pouvait tout à fait en constituer une. Et je trouvais ça drôle d’ajouter un épisode uniquement pour ajouter le mot FIN. On n’a pas tous le même humour. Et j’étais prêt à me lancer, le premier vendredi de décembre dans un nouveau feuilleton, j’en ai déjà des pages et des pages manuscrites prêtes, j’ai juste à mettre en forme.

Et puis, ce matin, je me suis réveillé tôt. Plus d’une heure avant le réveil. Et avec une idée pour un nouvel épisode. Je n’ai pas la suite encore, je ne sais pas où ça me mènera. N’est-ce pas le principe du feuilleton ? Écrire sans idée directrice, découvrir de semaine en semaine juste avant le lecteur (je ne mets pas le mot lecteur au pluriel, je reste modeste) où le texte nous porte ?

Du coup on poursuit.

FIN

(14)

vendredi 21 novembre 2025

21 novembre

(13)

On en aurait bien besoin de MLM, du vrai MLM, pourtant… pour trouver une suite (et une fin ?) à ce feuilleton (🍁🐟) qui tourne en rond et dont je ne sais où il va… MLM, lui, trouverait une pirouette fabuleuse pour le relancer sur une nouvelle piste, inattendue et spectaculaire, ou pour l’achever en beauté… et commencer un nouveau feuilleton vendredi prochain.

vendredi 14 novembre 2025

14 novembre

(12)

Et l’usurpateur dont j’avais pris la place, suis-je certain qu’il avait lui-même pris la place de MLM et non d’un usurpateur ? S’il avait pris la place du véritable MLM, comment ne l’aurait-il pas gardé, à disposition, auprès de lui ? Et s’il avait pris la place d’un autre (encore) usurpateur, la place de qui ce dernier avait-il prise ? D’un usurpateur ? Et ainsi, d’usurpateur en usurpateur, existe-t-il seulement un Maurice L. Maurice authentique ? Un originel ? Un véritable en tout point ?

vendredi 7 novembre 2025

7 novembre

(11)

Et si MLM n’est pas là et qu’il n’a pas pu sortir, c’est donc qu’il n’a jamais été là - ce qui explique qu’il n’a rien produit pendant sa captivité ; il avait pourtant tout le temps nécessaire - jamais été dans cette pièce. On ne disparaît pas comme ça, pas quelqu’un comme MLM. Les médiocres, les anonymes, les Dupont-Lajoie-de-Ligonnès, oui, ils peuvent s’évaporer… mais pas les MLM, ils laissent une trace ceux de sa trempe.

Celui que j’avais enfermé ici n’était donc qu’un usurpateur. Et moi, je n’ai fait qu’usurper la place d’un usurpateur.

vendredi 31 octobre 2025

31 octobre

(10)

Alors, je fouille, je cherche sa cachette, cherche à le débusquer.
Dans les tiroirs, pas de double fond. Dans les chemises, pas d’effet de manche. Dans les pantalons, pas de poche cachée. Les poches kangourou des slips ne sont heureusement pas remplies. Dans les stylos, les cartouches sont vides. Rien entre les pages des livres, je les retourne un par un, si ce n’est quelques pétales séchés. Le siphon de l’évier n’est rempli que de clous de girofle. MLM n’est pas là, n’est plus là.

vendredi 24 octobre 2025

24 octobre

(9)

Je vérifie le parquet, lame par lame, clou par clou, écharde par écharde, à la recherche d’un trappe.
Je vérifie les fenêtres, les barreaux, qu’ils soient toujours scellés.
Je vérifie les murs, arrache le papier peint, tambourine sur le placo, à la recherche d’une porte dissimulée.
Je vérifie les serrures et les cadenas de la porte, qu’ils n’aient pas été forcés et remis en place.
Je vérifie les ardoises du toit - j’avais enfermé MLM dans les combles - qu’aucune n’ait été déplacée et remise en place.

J’en suis convaincu, MLM n’a pas pu quitter la pièce.

vendredi 17 octobre 2025

17 octobre

(8)

Comment a-t-il pu s’échapper ? MLM en plus d’être écrivain, peintre, dessinateur, cordon bleu, amant fabuleux et musicien émérite funéraire - on aura reconnu Le Piano de MLM, je ne peux m’empêcher de citer MLM, que voulez-vous, je reste un fan - serait-il predigi… presditi… presse gidi… magicien ? MLM serait un Houdini, capable de sortir d’une pièce sans cheminée ni fenêtre tout en conservant la porte fermée de l’extérieur ?

vendredi 10 octobre 2025

10 octobre

(7)

J’avais, pour lui prendre sa place sans risquer qu’il me gêne, enfermé MLM dans un réduit, une chambre de bonnes, semblable à celle qu’il décrit dans Humeurs - ah oui, c’est vrai, vous ne l’avez pas lu, c’est un inédit de MLM, c’est un texte encore inachevé, probablement un texte posthume - meublée uniquement d’un lit, d’un bureau et de quelques étagères débordant le livres neufs, jamais lus, et lui avais fourni encre, feuilles, toiles, pinceaux et couleurs pour qu’il reste productif. Il n’a rien écrit. Rien peint. Rien dessiné.
Et il commençait à me coûter cher en sardines à l’huile (et en pain pour saucer) pour quelqu’un d’aussi antilifique. J’avais donc décidé de le libérer, j’allais lui rendre sa place. Avant-hier, j’étais résigné. J’ai ouvert sa porte, les trois verrous et les deux cadenas, ai jeté les clés sur son matelas et ai lancé, Tu es libre, casse-toi - on a connu plus lyrique. Mais il n’était pas là, la chambre était vide.
Voilà la seconde raison pour laquelle j’admets aujourd’hui ne pas être le vrai MLM. Parce que j’ai perdu l’original. Je le cherche depuis. En vain. J’ai besoin d’aide. Si vous avez quelque information.

vendredi 3 octobre 2025

3 octobre

(6)

Pas plus que de femmes, le talent de MLM ne lui a apporté la richesse. Je pensais naïvement que ses toiles s’arrachaient à des montants à six ou sept chiffres - sans compter la virgule - et que ses droits d’auteur lui rapportaient de quoi vivre dans le luxe, caviar et champagne à gogo servis au bord de sa piscine personnelle, installée sur le toit d’un immeuble prestigieux.
Il n’en est rien. MLM vit dans un studio dont le seul équipement est un lavabo, une modeste et branlante commode dans laquelle sont rangés deux pantalons usés aux genoux et aux fesses, trois chemises aux motifs passés, cinq caleçons d’une propreté douteuses et cinq paires de chaussettes dépareillées, et un bureau qui apparemment sert également de table à manger. Pas de lit, il s’aménage un couchage avec ses livres de poche et de la toile non enchâssée. Pas de quoi cuisiner, un tas de boîtes de sardines, thons et maquereaux en conserve, certes, pas de la marque la moins chère, La Belle-Îloise, et du café déshydraté - il utilise l’eau chaude du robinet, pas de bouilloire - constituent ses repas : il ne fréquente non plus les restaurants. Les toilettes, évidemment sont sur le palier.
Ces conditions si ce n’est précaires tout du moins spartiates nous amènent à ma seconde motivation pour avouer aujourd’hui que je ne suis pas le vrai MLM.

vendredi 26 septembre 2025

26 septembre

(5)

Si je me décide aujourd’hui à avouer que je ne suis pas le véritable Maurice L. Maurice, si j’abdique, si je renonce, ce n’est pas tant parce que je n’arrive pas à me mettre à la hauteur du divin créateur qu’est (qu’était ?) ce dernier mais pour de plus concrètes raisons. Deux, exactement.

La première, la moins noble, est que prendre la place de Maurice L. Maurice ne m’a apporté aucun plaisir. Je m’attendais à ce qu’un génie d’un tel talent suscite un enthousiasme démesuré - à la hauteur de celui qui est le mien envers sa personne - une adulation, une idolâtrie chez une foule de gens. J’espérais des cohortes d’admirateurs et d’admiratrices à la recherche de leur peintre-dessinateur-auteur-compositeur favori, prêt à tout pour un regard de sa part, un mot, une poignée de main. En un mot, je pensais, en prenant la place de MLM, pouvoir me taper à la chaîne des gamines jeunes femmes enamourées, aveuglées par le talent.
Vous l’aurez compris, il n’en fut rien.


vendredi 19 septembre 2025

19 septembre

(4)

Jusqu’ici ce feuilleton n’a servi qu’à tresser des lauriers à Maurice L. Maurice. Ses textes sont fabuleux, inimitables. Ses peintures sont merveilleuses. Bla-bla-bla. Non seulement ça ne convainc personne mais, de plus, ça ne fait pas avancer le texte. Il va falloir trouver autre chose pour garder le lecteur en haleine, trouver d’autres idées. Il attend que ça démarre vraiment, le lecteur. Là, pour l’instant, il craint de s’ennuyer ferme. Allez, on maintient le suspense une semaine encore… mais pas davantage. Vendredi prochain, on entre dans le vif du sujet.

vendredi 12 septembre 2025

12 septembre

(3)

Question dessins et peintures, c’est pire encore. Gribouillis et barbouillages dignes d’un enfant de 3 à 6 ans - et encore, pas des plus doués - me moquais-je à propos des œuvres - j’allongeais en le prononçant l’initial e dans l’o (l’eudanlo ?) d’œuvre et le faisais tendre vers un eu.
Je pensais pouvoir faire aussi bien si ce n’est mieux dès mes premiers traits de stylo et crayon, dès mes premiers coups de pinceau. Las, je ne fais qu’aligner les tâches de couleurs, le graphite que je dépose sur le papier me supplie de le renvoyer à la mine, il y était plus heureux, l’encre se désespère de n’être sympathique, elle pourrait disparaître.
Là encore, on a pu voir dans cette diminution de la qualité de la production mauricienne (dit-on mauriçoise ?) la marque d’une fatigue passagère ou la recherche (inaboutie) d’une nouvelle voie picturale. On n’y croit désormais plus : ces merdes ont été, à la faveur d’on ne sait quel aveuglement, faussement, fallacieusement, attribuées au génie de MLM mais ne sont de sa si adroite menotte.

vendredi 5 septembre 2025

5 septembre

(2)

Les textes de Maurice L. Maurice (dit MLM) me semblaient d’une simplicité absolue. Je peux écrire ça en moins de deux, me disais-je. Quelle est la difficulté ? Quel est l’intérêt littéraire ?
J’avais tort. Je suis bien forcé d’admettre que les informes tas de mots que je ponds après avoir sué sang et eau et encre des heures durant ne valent finalement pas grand chose en comparaison des siens. Mes jeux de mots, hilarants dans ma tête, ne font plus rire une fois couchés sur le papier, mes tentatives de phrases sinueuses se brisent avant la troisième subordonnée, la volonté d’éviter au maximum de raconter une histoire n’aboutit chez moi qu’à des textes vides : je ne parviens à copier ni son style ni son humour ni le fond de ses écrits.
J’ai pu faire illusion, au début, quand j’ai pris sa place, on a simplement cru que Maurice L. Maurice était en petite forme, dans une mauvaise passe. Après tant de temps, désormais, plus personne n’est dupe : ce n’est pas le grand, l’immense, le magnifique MLM au talent sans limite, qui est derrière les dernières merdes publiées sous son nom.

vendredi 29 août 2025

29 août

(1)

Les moins sagaces d’entre vous l’avaient deviné il y a bien longtemps déjà. Il est donc grand temps, puisque je suis démasqué, que je l’admette : je ne suis pas le vrai Maurice L. Maurice. Je ne suis qu’un usurpateur.