lundi 25 mars 2019

Topor

Les textes, les livres que je lis peuvent être classés en différentes catégories :

- les livres, textes, qui ne me plaisent pas et que je ne finis pas. Ils sont nombreux. C'était même, il y a peu encore, l'écrasante majorité des livres que j'entamais... je suis, avec le (manque de) temps, devenu plus regardant, je choisis avec plus de parcimonie, plus d'habileté les livres que j'achète ou emprunte.

- les livres, textes, qui ne me plaisent pas mais que je finis. Ce sont les plus rares. L'exemple typique est le roman policier sans ambition, sans style, sans intérêt autre que le petit suspense que représente le twist final.

- les livres, textes, qui me plaisent mais que je ne finis pas. Ils sont loin d'être rares, ceux-ci, bien au contraire. Ce sont souvent des livres bien trop intelligents pour moi. Ils me vident, m'éreintent, je ne peux suivre sur la distance.

- les livres, textes, qui me plaisent mais qui me sont étrangers. Je les relirai peut-être, leur lecture m'a enchanté, j'ai pris quelques notes mais ils n'ont pas influé le cours de mon existence. Dernier exemple en date : Solal d'Albert Cohen.

- les livres, textes, qui ont changé ma vie. Ils sont étonnamment nombreux. Ils changent ma vision de la littérature, ouvrent des portes et des chemins qui m'étaient cachés dans le dédale des mots. Ils me donnent envie de réécrire tous mes textes pour approcher de leur éclat (et c'est évidemment un échec, comment pourrait-il en être autrement ?). Tout Gombrowicz, tout Thomas Bernhard, tout Céline rentrent par exemple dans cette catégorie.

- les livres, textes, qui m'arrachent le coeur, me tuent, me blessent, me mettent à genoux, me donnent envie de pleurer, d'en finir... car ils sont exactement les textes que je voudrais écrire, mot pour mot,  à la virgule près... mais je n'y arrive pas et surtout, je ne peux plus m'y atteler, à les écrire ces textes, car ils sont déjà là, dans les librairies, ils existent déjà...


Portait en pied de Suzanne de Roland Topor, découvert grâce à Eric Chevillard qui en faisait la promotion sur son blog (il a écrit la préface de la toute récente réédition aux éditions Wombat), fait assurément partie de cette dernière catégorie. Tout y est brillant, inventif, chaque paragraphe est une trouvaille incroyable et, en même temps, le texte reste limpide, évident... Comment lutter ?

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