dimanche 14 avril 2019

La Montre (1.20)

En voyage,

je n'ai en revanche
jamais, ô (au) grand jamais,
quitté mon fuseau horaire

ma situation n'est guère plus enviable. La (ma) traque s'intensifie puisque l'éventail des langues dans lesquelles s'adressent à moi les touristes,

mes mains occupées
l'une par un bagage
l'autre pas un billet de train ou d'avion
ne semblent pas décourager les touristes
de venir m'importuner

loin de se restreindre, s'élargit à ma langue natale, ce qui ne cesse pas, ne manque pas de me déstabiliser, désappointer, décontenancer.

pris au dépourvu par cette incursion
du français dans mes échanges avec les touristes,
je n'ai alors d'autre choix que
de répondre et renseigner,
parfois au hasard,
et non plus, comme j'en ai l'habitude,
d'envoyer paître, bouler, chier,
tourists go home !


Si les Espérantistes ou les défenseurs d'une autre et quelconque langue universelle

idée que j'ai toujours trouvée
assez stupide -
quel est l'intérêt
d'apprendre une langue
dans laquelle
personne ne pense ?

ont besoin d'un visage pour une campagne publicitaire en Europe du Nord, je suis assurément l'homme qu'il leur faut - aucun doute là-dessus.



En matière de fuseaux horaires, justement, l'atlas qui prend la poussière dans ma bibliothèque peu garnie

je méprise la littérature et les littérateurs
***
cette apparente contradiction n'en est
a priori
pas une mais plutôt
une provocation (un peu) gratuite de
la part de l'auteur

ne me fournit que des pays à l'excentricité

par rapport à la traditionnelle
heure de décalage horaire

limitée : un quart d'heure ou une demi-heure de décalage par rapport à leurs voisins. Pas un seul qui n'arbore, n'affiche, n'utilise une seule et unique minute d'avance.

ou même de retard

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