Je ne garde pas un bon souvenir de mes années collège. Ce furent même des années très pénibles. La cour de récréation étaient un enfer, les couloirs le purgatoire. Les heures de cours étaient souvent des traversées de désert...
Les cours de latin étaient une oasis.
Notre professeur ne se contentait pas de faire de nous des forts en thème. Il n'hésitait pas à digresser, à ouvrir, à nourrir notre curiosité, à nous bâtir un semblant de culture, à nous inciter à en faire plus et mieux. Je notais (mentalement mais consciencieusement) ses conseils, ses anecdotes.
Je me rappelle un cours où, pour vanter les mérites de l'exercice mental, spirituel, qu'est la traduction, il prit l'exemple de Jean Giono. Jean Giono était l'idole de son adolescence, à lui et à ses amis d'alors : ils lisaient et attendaient les textes de Giono avec avidité. Et Jean Giono, nous dit-il, pour se préparer à l'écriture, se mettre en condition, commençait chacune de ses journées par deux heures de traduction d'italien.
Je ne sais pas si l'anecdote est véridique, je n'ai pas vérifié les biographies de Giono. En revanche, quand je pus passer mes journées à écrire, quand je n'eus aucune autre activité que celle d'écrire, j'essayais la méthode. Tous les jours (pendant quelques temps du moins), pour commencer, je traduisais de l'allemand. Du Kafka. Le Procès.
Pourtant, je n'admire pas Jean Giono, je n'avais aucune raison de le prendre en exemple. Le Hussard sur le Toit et L'Homme qui plantait des Arbres m'ont diverti sans plus de conséquences. Quant à Regain, étudié en classe de seconde, il m'est carrément tombé des mains.
Pourquoi, alors, faire comme Giono ? Parce que faire comme Giono, c'était avant tout faire comme l'avait recommandé mon professeur de latin... C'est idiot, quinze ans après avoir quitté le collège de suivre encore les conseils de ses profs, non ? Ou bien me laisserais-je, plus ou moins inconsciemment, une chance d'être l'idole de vieillesse de mon professeur de latin comme Giono avait été l'idole de son adolescence ?
Mon professeur de latin s'appelait Luc M. Martin et enseignait au collège Boecklin de la Robertsau, à Strasbourg. Je n'ai malheureusement aucune idée de ce qu'il devient...
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