J'ai passé six (6 - moue dégoutée) années au lycée Kléber, qui, étrangement ne se situe pas place Kléber (où, en revanche, se trouve la FNAC, que j'ai fréquentée presqu'autant que le lycée - mais je m'éloigne du sujet, sale habitude que la digression) mais place de Bordeaux (où coule la Garonne et non la Dordogne), à Strasbourg. Pour m'y rendre, au bahut, j'avais, au départ, le choix entre deux lignes de bus - hors de question de me farcir le trajet à vélo, ce sont des engins mal conçus, à l'équilibre douteux, comme je l'ai déjà expliqué dans La Montre.
Dans l'agglomération strasbourgeoise, les lignes de bus sont désignées par des numéros. Les lignes 23 et 30 passaient toutes deux à proximité (je ne vais pas chicaner sur ce point, sur cette très relative proximité, ce n'est pas le sujet ici) de chez moi (de chez mes parents), précisément à l'arrêt Papeterie (il y a effectivement une papeterie) et me déposaient toutes deux à l'arrêt Dordogne (un pont à Strasbourg, sur l'Ill, s'appelle pont de la Dordogne, c'est tout aussi incongru que le fameux pont de la Garonne à Bourg-les-Essonnes de la chanson de Michel Dassin qui avait raccourci son prénom Joseph en Joe). Depuis l'arrêt Dordogne, il fallait marcher encore un petit kilomètre pour rejoindre le lycée, ce qui me contraindrait, aujourd'hui, à compter mes pas. On pouvait certes prendre un autre bus, pour deux arrêts, mais je m'y refusais catégoriquement (je ne me rappelle même pas le numéro du bus en question, c'est dire à quel point je n'ai jamais envisagé cette option), ayant toujours détesté les correspondances - j'ai perdu nombre d'amis à force de ne répondre ni aux lettres ni aux cartes postales ni aux mails ni même aux messages sur le portable...
Bref, je n'en étais qu'au début de mon TOC, qu'à ses balbutiements, il n'était, je n'étais pas au point, loin de là, mais il était déjà évident que je prendrais coûte que coûte le 23 et jamais, jamais, jamais le 30. Même en cas de retard. Même les matinées où le réveil m'aurait fait faux bond, même celles où j'aurais traîné sous la douche pour faire disparaître toute trace d'insomnie, même celles où j'aurais avalé de travers mon petit déjeuner et manqué de m'étrangler, même celles où mes parents m'auraient forcé à laver la vaisselle de la veille, passer l'aspirateur et récurer les chiottes avant de partir étudier...
Dans l'agglomération strasbourgeoise, les lignes de bus sont désignées par des numéros. Les lignes 23 et 30 passaient toutes deux à proximité (je ne vais pas chicaner sur ce point, sur cette très relative proximité, ce n'est pas le sujet ici) de chez moi (de chez mes parents), précisément à l'arrêt Papeterie (il y a effectivement une papeterie) et me déposaient toutes deux à l'arrêt Dordogne (un pont à Strasbourg, sur l'Ill, s'appelle pont de la Dordogne, c'est tout aussi incongru que le fameux pont de la Garonne à Bourg-les-Essonnes de la chanson de Michel Dassin qui avait raccourci son prénom Joseph en Joe). Depuis l'arrêt Dordogne, il fallait marcher encore un petit kilomètre pour rejoindre le lycée, ce qui me contraindrait, aujourd'hui, à compter mes pas. On pouvait certes prendre un autre bus, pour deux arrêts, mais je m'y refusais catégoriquement (je ne me rappelle même pas le numéro du bus en question, c'est dire à quel point je n'ai jamais envisagé cette option), ayant toujours détesté les correspondances - j'ai perdu nombre d'amis à force de ne répondre ni aux lettres ni aux cartes postales ni aux mails ni même aux messages sur le portable...
Bref, je n'en étais qu'au début de mon TOC, qu'à ses balbutiements, il n'était, je n'étais pas au point, loin de là, mais il était déjà évident que je prendrais coûte que coûte le 23 et jamais, jamais, jamais le 30. Même en cas de retard. Même les matinées où le réveil m'aurait fait faux bond, même celles où j'aurais traîné sous la douche pour faire disparaître toute trace d'insomnie, même celles où j'aurais avalé de travers mon petit déjeuner et manqué de m'étrangler, même celles où mes parents m'auraient forcé à laver la vaisselle de la veille, passer l'aspirateur et récurer les chiottes avant de partir étudier...
ces dernières lignes, très Cosette, sont pures inventions
si mes parents avaient su se rendre utiles pour ma carrière littéraire
ils m'auraient davantage maltraité et j'aurais pu faire le récit de souvenirs plus marquants
que de ces histoires de bus dont tout le monde (moi y compris) se contrefout
C'est donc avec le 23 que je me suis rendu au bahut, 6 jours sur 7, rassuré, apaisé par la beauté de ce nombre, bercé par son absence de diviseurs et les cahots de la rue Boecklin.
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