Quelques réflexions supplémentaires, en vrac, sur le plagiat, la copie et la traduction - réflexions que d’autres ont sûrement eues et exprimées avant moi.
Faire une copie en peinture est légal tant qu’on ne ment pas sur sa nature de copie. Faire une copie en littérature est illégal et puni - amende et pilon...
En musique, nous sommes dans l’entre-deux. Le droit à la reprise existe. Vous avez droit d’interpréter sur disques ou en concert toute œuvre composée ou écrite par un autre tant que vous ne modifiez pas le texte et la mélodie... et que vous payez les droits d’auteur...
Nulle surprise, le noeud du problème est là : l’argent. L’auteur d’origine ou ses ayant-droits veulent des thunes...
Sans cela, être plagié, copié, imité est plutôt flatteur. Pour ma part, j’adorerais être copié, imité, plagié. Je le dis, je l’affirme, définitivement : volez-moi. Si quoi que ce soit dans mes textes vous semble digne d’être piqué, n’hésitez pas, faites-moi cet honneur. Je ne demande ni argent ni citation. J’espère simplement un jour tomber sur votre texte et arriver à m’y reconnaître - je verserai peut-être une petite larme de bonheur.
Il existe une traduction russe de La Disparition de Georges Perec. C’est pourtant un roman strictement impossible à traduire. Les décisions que Perec a prises pour s’éviter le « e » sont impossibles à transcrire telles qu’elles dans une autre langue. Et écrire un aussi long lipogramme dans une autre langue suppose pour le traducteur de prendre de nombreuses décisions qui n’ont absolument rien à voir avec le travail normal d’un traducteur. Le traducteur a écrit un autre texte que celui de Perec. Un texte qui respecte la trame, l’histoire du roman de Perec, qui respecte l’inventivité du texte original, mais qui, fatalement, ne peut avoir que peu en commun avec le texte français. Un plagiat, donc. Autorisé, certes, plagiat tout de même.
Il serait formidable qu’un traducteur francophone qui ne connaît pas le roman de Perec se penche sur la traduction russe et le traduise en français. S’apercevoir de la distance qui séparerait les deux textes français. Et s’apercevoir que ces deux textes sont deux romans distincts, chacun avec ses mérites.
C’est une idée que j’ai depuis longtemps en tête, ces allers-retours entre deux langues. Traduire librement, très librement un texte étranger, en faire mon propre texte puis le confier à un auteur étranger qui ferait de même.
Et, à partir du moment où je m’autorise (et revendique) la copie et l’interprétation libre d’un texte étranger, pourquoi ne me l’autoriserais-je pas avec un texte français ?
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