J’ai lu plus de livres depuis la rentrée de septembre que lors des huit premiers mois de l’année. Le nombre importe peu, ce n’est pas une compétition, il n’y a aucun objectif à atteindre - mais tout de même. Des romans, certains excellents, d’autres moins, des recueils de poésie, lus ou relus… et des livres pour enfants. Parmi ces derniers, Doudou est en colère.
J’ai lu Doudou est en colère plusieurs fois, à Monoprix. Relu plusieurs fois depuis que Natacha me l’a offert. Je le connaîtrai bientôt par coeur - ce qui n’est pas vraiment un exploit : le texte n’est pas bien long, il est presque son propre résumé.
Ce que j’admire dans les livres pour enfants, quand ils sont bien écrits, bien conçus, c’est cet art de la concision. On ne se perd pas dans une foule de détails inutiles, ça va droit à l’essentiel. Et pourtant, beaucoup est dit. Beaucoup de non-dits aussi. Qu’on comprend instinctivement. Et qu’un romancier normal, pour adultes, aurait étalé sur des pages et des pages - que de mots gâchés inutilement.
Toutes les douleurs du monde adulte sont présentes dans les livres pour enfants. Livrées brut ou cachées entre les lignes. Sans que l’auteur juge utile de les noyer dans un déluge de subordonnées et de synonymes approximatifs. La vérité nue.
Et puis, on évite les descriptions, dans un livre pour enfants. J’ai horreur des descriptions. Horreur d’en lire. Horreur (et incapacité à) d’en écrire. Une image vaut mille mots, les livres pour enfants, illustrés, l’ont bien compris. Breton aussi l’avait compris, quand il écrivait Nadja… mais je n’aime pas Nadja. J’ai essayé d’aimer Nadja, de le lire jusqu’au bout, plusieurs fois, pas depuis longtemps certes, plusieurs fois tout de même… je réessaierai, plus tard… je n’ai pas revendu mon poche, contrairement à tant de livres que je ne compte pas relire, j’ai gardé Nadja…
Pourquoi nous fait-on lire autre chose que des livres pour enfants ? Pourquoi nous a-t-on donné envie d’autre chose, envie de plus, de davantage ? Pourquoi nous a-t-on ruiné ce plaisir simple du livre qui tient en dix phrases et cinq images en nous mettant dans les mains, devant les yeux et dans la tête des pavés de mille pages gorgées de phrases longues, sinueuses et d’idées brillantes ?
Je voudrais écrire des livres pour enfants… mais de ça non plus, je ne me sens pas capable.
PS : pour ceux qui se posent la question - légitime, pour qui me connaît un peu - non, il n’y avait rien d’ironique dans les lignes ci-dessus.
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