C’est systématiquement moi qui m’écarte dans la rue, sur le trottoir, quand quelqu’un vient en face de moi. C’est une faiblesse, je m’écarte. Celui qui vient en face de moi, la plupart du temps ne remarque même pas que je lui ai laissé la voie libre. Ne me remarque même pas.
Décidé à ne plus afficher ainsi ma faiblesse, j’avais décidé, cette fois, de m’imposer, de continuer tout droit, quelles que soient les conséquences. Celui qui viendrait en face de moi s’écarterait ou me rentrerait dedans. Dans tous les cas, il ne pourrait pas ignorer ma présence.
Et voici qu’en face de moi, celui qui se présente a l’air bien chétif, a le regard craintif, semble vouloir disparaître dans ses fringues taille XS trop grandes pour lui.
Serait-ce vraiment une victoire pour moi qu’il s’écarte ? Ou qu’il valdingue au moment de l’impact ? Ai-je envie d’être celui qui écrase le plus faible ?
Je m’écarte… et j’y vois cette fois une force, une grandeur d’âme… même si j’ai un peu honte d’éprouver de la pitié pour un de mes semblables…
… cet avorton ne me dit pas merci… il n’a même pas vu que je lui avais laissé la place… il n’a peut-être même pas remarqué ma présence.
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