Contrairement à ce que j’avais prévu, envisagé, décidé, j’ai débuté un nouveau texte. Et contrairement à ce que j’avais prévu, décidé, envisagé, j’ai commencé ce texte sans plan préalable, sans trame, sans idée nette.
J’étais, attendant que Natacha rentre déjeuner, en train de faire la vaisselle quand une phrase s’est imposée à moi. Je réfléchis beaucoup, je réfléchis bien - enfin, pas toujours, il m’arrive aussi de m’égarer en faisant la vaisselle - quand je fais la vaisselle. J’ai fini de frotter l’assiette que j’avais dans les mains, l’ai rincée puis me suis essuyé les mains. Calmement, le plus calmement possible, je me suis dirigé vers mon bureau, me suis assis. Le bloc A4 à petits carreaux était ouvert. J’ai noté au stylo bille rouge, le premier outil scripteur à m’être tombé sous la main, cette phrase. Et quelques autres. Un petit paragraphe. Je me suis retenu d’en écrire davantage, j’avais la vaisselle à terminer, le repas à préparer et une expérience à mener.
J’ai pensé à cette phrase et à ce début de texte tout le repas. Je m’emballe, je m’emballe. J’ai un peu peur. Il ne faudrait pas que je sois déçu dans quelques jours, je ne suis pas certain d’être assez solide pour encaisser une déception. Je m’emballe peut-être mais je crois que je tiens quelque chose.
Quelque chose avec une phrase ? Avec, au mieux, un paragraphe ?
Julien Gracq racontait qu’une heure avant de commencer à écrire Au Château d’Argol, il n’avait aucune idée qu’il allait écrire Au Château d’Argol. Et que d’un coup, il s’était mis à l’écrire, comme ça. C’est évidemment un mensonge. C’est évidemment de la pure pose. Mais, comme le disait Personne le personnage joué par l’affreux Terence Hill dans Mon Nom est Personne : « Quand la légende est plus belle que l’histoire, imprimez la légende. »
De quatorze à quinze, je termine d’écrire mes billets # 1479 et # 1480 de ce blog (oui, j’ai pris une semaine d’avance ces derniers jours - j’ai, à l’heure où j’écris ces lignes, également déjà écrit le numéro 1359 de Disco et tous ses prédécesseurs alors que le numéro publié demain matin sera le 1355) puis me prépare à sortir.
Je n’hésite pas, c’est à Saint Pierre du Queyroix que je vais. Non à la cathédrale. Plus proche de la maison. Plus chaude. Plus intime. Plus belle aussi. Je la trouve même magnifique, cette église, vue de face. Je lui trouve une allure d’église bretonne vue d’ici. Je ne sais pourquoi. Ce doit être dans ma tête. Peut-être le fait que l’église se situe plus bas que la chaussée. Le muret, les quelques marches pour descendre sur le parvis, tout ceci, dans ma tête, a une allure d’enclos paroissial. Dommage qu’un parking défigure la petite place entre l’église et le Pavillon du Verdurier. Je me choisis une place dans le bas-côté droit, contre une colonne. Il est 15h12 quand j’ouvre mon bloc à une nouvelle page. Je ne relis pas le paragraphe que j’ai écrit au bille rouge. Je recommence depuis le début.
L’orgue m’accompagne pendant que j’écris. C’est réconfortant, chaleureux, un orgue, non. Bon, quand l’organiste se met, un 13 janvier, à faire souffler Douce Nuit à ses tuyaux, ça prend une tournure un peu étrange… je m’en accommode.
Un peu avant 16 heures, je dois quitter ma place. Les lumières y ont été allumées en grand. J’avais vérifié le planning des messes, pas celui des autres événements. Dans le bas-côté où je suis assis s’installe une Adoration. Seuls le prêtre et une fidèle y participent. Pour ma part, je gagne la nef, restée dans la pénombre. Prend un nouveau siège, contre une colonne de nouveau.
Je reste sur place jusqu’à 16h38. J’ai écrit une dizaine de pages. En attendant de les relire, l’expérience semble concluante. Comment vais-je faire jusqu’aux prochaines vacances ? Je ne vais tout de même pas aller à l’église le samedi ou le dimanche ?
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