J’essaye d’apprendre à mes élèves que les mathématiques sont avant tout affaire de logique. Ce qui est faux, évidemment. Car cette soi-disant logique, la soi disant rigueur mathématique est viciée dès l’origine, par le langage, par le français qui connaît plus d’exceptions que de règles.
Ainsi, les nombres… soixante-dix ? quatre-vingt-dix ? Pourquoi interdire au 70 et au 90 d’avoir leur propre nom et les résumer au fait qu’ils sont 60 et 10 et 80 et 10 ? Pourquoi dans ce cas 60 ne serait pas cinquante-dix et 50 quarante-dix et ainsi de suite ? Ça nous donnerait dix. Dix-dix pour 20. Dix-dix-dix pour 30. Et cætera.
Ce qui ne serait pas bien pratique et ressemblerait fortement aux chiffres romains que j’enseigne également à mes sixièmes juste pour occuper le temps car, il faut bien l’avouer, les chiffres romains comme les chiffres babyloniens ne servent pas à grand chose en mathématiques…
Les Belges et les Helvètes - que seule l’Alsace sépare, rappelons-le - ont résolu le problème en attribuant un nom - un vrai nom - au 70 et au 90. Septante et nonante respectivement… mais ça ne me convient pas tout à fait. Et pas uniquement pour des histoires d’accent.
Car se pose aussi le cas du 80. Quatre-vingt. Quatre fois vingt. Et dans ce cas pourquoi le 60 ne serait pas un quatre-quinze ou un cinq-douze et 91 un sept-treize.
Et puis, d’autre part, pourquoi dire soixante ou septante quand on dit hexagone et heptagone. Histoire d’étymologie me dira-t-on, selon qu’elle soit latine ou grecque. On s’y perd tout de même, c’est un coup à oublier son sanskrit.
Pour que mon cours soit logique, j’emploierai désormais mon propre système. Je conserve les appellations de zéro à neuf - je ne touche pas au nom des chiffres arabes, je ne veux pas être traité d’islamophobe. Puis viendra unante pour 10. Biante pour 20. Triante. Tetrante. Quinquante. Hexante. Heptante. Octante. Ennéante. Et on ajoute la valeur des unités à chaque fois. 11 se dira donc unante-et-un. 92 ennéante-et-deux.
Il faut bien que mes presque unante-et-deux centaines de kilomètres par semaine pour un cours de sixième servent à quelque chose… pourquoi pas à écrire un texte idiot pour ce blog.
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