vendredi 22 septembre 2023

L’Horloger d’Everton

Simenon prétendait pouvoir écrire un roman en une nuit. À condition d’avoir suffisamment à boire. Il me semble l’avoir lu chez Pierre Assouline, dans l’Autodictionnaire Simenon, feuilleté chez Gibert, il y a des années. Sans Pierre Assouline, qui évoque régulièrement le romancier belge et toujours en termes élogieux, je ne me serai probablement jamais plongé dans l’œuvre de Simenon. Moi, lire du Maigret ? Ç’eut été dommage. Un grand manque même.

J’ai lu L’Horloger d’Everton la semaine dernière. Choisi parce que j’ai vu le film, son adaptation. L’Horloger de Saint Paul. De Tavernier. Il n’est pas aisé de choisir parmi les quelques 400 romans signés Simenon, privilégier ceux adaptés au cinéma est un biais comme un autre. Les suivants seront Le Chat - même si je n’ai pas vu le long métrage avec Simone Signoret et Jean Gabin - et La Chambre Bleue - vu le film de Mathieu Amalric.

L’Horloger d’Everton s’achève sur un lieu et une date. Shadow Rock Farm, Lakeville (Connecticut), le 24 mars 1954. Serait-ce un de ces romans prétendument écrit en un jour, en une nuit. Ma raison me dit que c’est impossible d’écrire un texte d’une telle force en si peu de temps. Certes, le livre de poche n’est pas bien épais… mais tout de même. Pourtant, j’ai envie de croire que Simenon l’a fait. Qu’il a écrit ce texte magnifique sur la relation père-fils en quelques heures à peine. D’un seul élan, commençant à taper le texte directement à la machine, sans note ni plan, et ne s’arrêtant de taper qu’avec le point final.

Écrire un texte aussi puissant en si peu de temps. Sans tomber dans la facilité. Sans tomber dans les automatismes… ou alors dans quelques-uns uniquement. Car il y a tout de même quelques formules un peu toutes faites dans L’Horloger d’Everton. Dont une qui me travaille depuis que je l’ai lu, c’est à la page 75 du l’édition du Livre de Poche achevée d’imprimer en septembre 2020.
[…]les arbres d’un vert plus vert que partout ailleurs[…] suivie d’un cliché sur la couleur de miel du soleil.
Qu’est-ce-que ça veut dire un vert plus vert ? Est-ce, comme je le pensais initialement, une formule totalement creuse ? Un truc d’écrivain pour gagner quelques mots ? Ou une idée lumineuse ?
Et d’abord c’est quoi vert ? Le vert le plus vert, est-il pile au milieu du jaune et du bleu ? Est-ce un vert clair ? foncé ? Quelle longueur d’onde ? Quel nom en peinture à l’huile ou à l’eau ? Quels pigments ?
Ça me travaille disais-je, pas impossible que cette idée ressorte dans un texte prochainement. Je n’ai pas peur du plagiat.

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