vendredi 10 novembre 2023

# 1775

Je pensais en être débarrassé depuis 30 ans ou quelque chose comme ça, depuis que je ne pisse plus au lit - j’ai mouillé mes draps assez tard. Je ne les avais jamais revus depuis l’enfance, pas même de loin. J’ai pensé même, avec leur disparition, qu’ils avaient été interdits - pour le plus grand bonheur de tous - par un gouvernement enfin utile ou une assemblée enfin représentative du peuple et de ses aspirations.
Ou qu’ils n’étaient qu’un cauchemar de ma petite enfance, une invention d’adultes pour mettre au pas les lardons - comme le père fouettard ou le croque mitaine - et, bien que j’étais certain d’y avoir été confronté, qu’ils n’étaient pas réels. Que la peur et le dégoût qu’ils m’inspiraient, je ne la devais qu’à mon imagination, au pouvoir de persuasion de mon esprit.



Pourtant ils étaient bien là, ce midi, à la cantine.



Les salsifis.



Ils étaient bien moins dégueulasses que dans mes souvenirs. Presque agréables.



J’ai dit presque. C’est pas la peine d’essayer me faire plaisir en m’en faisant tout un plat, ça ne me fera pas plaisir.

2 commentaires:

Mum a dit…

N'essaye pas de me faire croire que leurs boites de conserves sont meilleures qu'étaient les miennes 😘

Maurice L. Maurice a dit…

Il parait que, dans les établissements de Creuse et notamment dans les petits collèges ruraux, il faut bien que la campagne ait ses avantages, les légumes soient essentiellement livrés frais… mais c’est surtout que les salsifis étaient presque compotés et avaient un goût sucré un peu comme les navets braisés…