Il y a chaque fois aux Puces de la Cité, les seconds dimanches de chaque mois excepté l’auguste, cette femme qui se place à l’intersection du boulevard de la corderie et de la rue de la cathédrale - qui devient rue des petites maisons en traversant ce dernier. Elle ne vend rien. Un bol en plastique devant elle avec un carton merci. Elle jongle. Elle semblait débuter la première fois que je l’ai vue. Trois balles, jamais plus d’une seule en l’air à la fois. Elle est désormais passée aux massues. Technique basique mais il y a du progrès. Au milieu du numéro monotone et qui, ainsi, sans variation, semble infini, elle s’arrête. Pose ses instruments de jonglerie. Se met à chanter. Piaf et des trucs du genre. D’une voix claire, assez haute. Plutôt juste. Sans artifice. Tour de chant un peu froid. De nouveau, sans plus de transition, elle se remet à jongler. Diabolo. Technique fruste. Les passants l’ignorent. La gamelle ne se remplit pas vite. Ne se remplit pas du tout. Elle semble s’en foutre. Pire, elle semble repousser volontairement le public. Revêche.
Elle a choisi de faire un numéro qu’elle ne sait pas faire. Et de progresser, lentement, en public. En se moquant du qu’en-dira-t-on. Si, en parlant d’elle à Natacha, en passant, je la désigne par « la folle », c’est aussi parce que, quelque part, je l’envie un peu sans oser le montrer. Peut-être même que je l’admire.
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