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Une autre corde, là, au sol, dans l’étendue qui fut herbeuse avant d’être terreuse, les brins ont été arrachés sous les pas, déroulée. Une aubaine, pensé-je. Je m’en saisis. Pas eu le temps de sortir ma lame de poche, pas bien longue mais parfaitement affûtée, cinq gaillards comme autan d’armoires à glace, tirant à l’autre bout, me l’arrachent des mains. Je manque de m’étaler mais, par quelque réflexe inattendu de mon merveilleux corps, parvient à éviter à mon nez la rencontre avec le sol. Mieux préparé, ne risquant plus d’être pris par surprise, je prends de nouveau la corde, à deux mains cette fois et tire tout en me penchant en arrière pour résister à la traction des cinq d’en face. Et je tiens je tiens. Mieux, je les attire vers moi, je recule quelques temps… mais cela ne dure pas. J’ai beau avoir un corps merveilleux, un corps d’athlète, une santé de fer - pour cause, je n’ai pas commencé à fumer - je ne peut faire face à cinq gaillards… j’avance, j’avance, j’avance, inexorablement, j’avance. Et ils emportent toute la corde.
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