Il y a peu encore, la plupart des vélocipèdes que je volais ne manquaient de m'entraîner dans leur inéluctable chute,
la chute est inhérente
à la bicyclette, au vélo,
la bicyclette, le vélo,
n'est pas stable,
c'est un défaut originel, une erreur de conception,
auxquels le recours
à divers accessoires et artifices
telle la béquille
n'a su répondre, remédier
que partiellement
après quelques mètres, quelques dizaines ou centaines tout au plus - de sorte que je regrettais presque aussitôt de m'être escrimé, acharné à crocheter
à l'aide d'un fil de fer
ou d'une épingle à cheveux
les serrures des antivols qui les entravaient. Désormais, je choisis mes vélos avec le plus grand soin
je suis passé maître dans l'art
d'évaluer d'un seul coup d'œil
l'équilibre d'une bicyclette
et, surtout, je porte toujours sur moi, cachée dans la chaussette droite,
malgré les douleurs,
blessures, coupures, hématomes, irritations
occasionnés au niveau de la malléole
une pince coupante (dotée d'une mécanique démultipliée) bien que j'éprouve de vifs et on-ne-peut-plus-sincères remords
forts compréhensibles pour
l'honnête citoyen que je suis
à ce que mon délit de vol s'aggrave de la destruction d'un cadenas.
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