mardi 9 juillet 2019

La Montre (2.10)

Le monologue aux longues plages de silence se poursuit dans l'arrière-boutique.
Pour des raisons peut-être autres que celles que je ne devine pas, l'horloger

le vendeur et le réparateur
pas le fabriquant

feint de ne pas remarquer ma présence, feint de n'accorder à ma présence aucune importance, me met à l'épreuve, évalue ma résistance, sonde ma conviction, interroge mes nerfs et leur solidité.
Et, en effet, un court instant, je me sens faiblir dans ma résolution, je me sens faillir, défaillir, je songe à fuir, prendre mes jambes à mon cou, à abandonner ma montre

qui n'en est pas une stricto sensu

sur le comptoir, sur la vitrine d'un présentoir, sur le sol carrelé de la boutique voire dans la vitrine

quelle mauvais publicité
cela lui ferait,
dans sa vitrine,
une montre qui n'indique pas l'heure,
de quoi ruiner sa petite réputation
de maison de confiance -
à défaut de justice, j'obtiendrais
au moins
la vengeance

de L'Horloger de Saint Paul

je ne l'ai toujours pas vu le film
de Tavernier avec Philippe Noiret,
L'horloger de Saint Paul,
il n'est plus disponible
en VOD

et à m'en aller chuter, au loin, sur un vélo volé.


Je me ressaisis rapidement. Je suis trop près du but, trop proche de la solution, de la réponse pour laisser tomber. J'ai déjà dénoué, démêlé, tranché tant de nœuds, de fils dans cette affaire...
Le qui : les horlogers, qu'ils soient vendeur, réparateur, fabriquant, concepteur, designer, que sais-je ?
Le quoi : ma montre qui n'en est pas une stricto sensu.
Le comment : une minute d'avance.
Il ne me manque que le pourquoi... Qui, si tout se passe comme prévu et si l'horloger

le vendeur et le réparateur
pas le fabriquant ni le concepteur

s'ouvre, se confie à moi,

je ne doute pas de ma capacité
à le convaincre de se confesser

me sera livré sous peu.

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