En retard.
Comme le lapin blanc d'Alice et Lewis, je suis en retard, très en retard.
Le bain brûlant que je m'étais fait couler refroidira sans me réchauffer. L'abondante mousse formée à la surface de l'eau ne cachera pas ma marinante nudité et, abandonnée, retombera lentement en un bouillon glauque vaguement savonneux. Le bateau en plastique qui devait m'aider à combattre l'ennui d'une heure passée à regarder ma peau friper restera à quai, sur le bord blanc de la baignoire.
La douche également ce sera pour une autre fois. Je n'ai pas le temps. Vraiment pas. Pas même pour un rapide coup de gant de toilette à peine humide sous les aisselles et sur les parties - une toilette de chat comme disait l'autre. Je renonce même au parfum et au déodorant, ils ne feront de toute façon pas illusion bien longtemps lors de ma course folle à travers la ville. Je fais - pour résumer (si le besoin se fait déjà sentir à ce stade du récit mené tambour battant) et ne se semer aucun lecteur - l'impasse complète sur le soin et l'hygiène afin de gagner (ou plutôt ne pas perdre) quelques précieuses minutes : il faudra, pour la suite de cette histoire, s'accommoder des odeurs de sueur, d'urine et de pollution nocturne.
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