lundi 25 novembre 2019

En Retard (10)

Ainsi, c'est la simple vue d'une verge d'une taille pourtant fort ordinaire (voire plutôt en dessous de la moyenne d'après ce que j'ai pu en juger sous les douches de mon club de polo (et encore, les chevaux sont lavés ailleurs)) qui provoque chez mamie - je dis mamie avec toute l'affection possible pour les personnes du troisième et quatrième âges, n'y voyez ni jeunisme ni mépris - Ginette, elle qui pourtant peine à monter les marches jusqu'à notre commun premier étage, un tel regain d'énergie et lui inspire vulgarités et volonté de faire souffrir. On en découvre tous les jours sur les gens, il ne faut plus s'étonner de rien : Gigi est adepte de l'amour (comprenez sexe - je n'ose pas toujours appeler les choses par leur nom) violent.
Stupéfait par cette révélation, j'entrevois aussitôt, en pensée, caché dans ce qu'on pourrait croire, porte fermée, un placard à balais, tout l'attirail de Gigi - devrais-je l'appeler plutôt Maîtresse ? - menottes, fouets, cuirs, latex, martinets, pinces, cravaches, baillons, sangles, cordes, que sais-je ? et je l'imagine, amazone toute de rouge cuir vêtue, distribuer réprimandes et punitions, cracher au visage de ses esclaves-amant(e)s - je hais l'écriture inclusive, je la trouve laide et moche et pas belle et hideuse, une véritable agression pour les yeux, je préfère les parenthèses - les humilier, les insulter, les frapper et, pourquoi pas ?, les pénétrer au moyen de formes oblongues et de cylindres si longs qu'ils sont les seuls à...

pourquoi, quoi que je dise ou écrive ou lise ou fasse,
des titres ou textes de chansons me viennent à l'esprit ?
on aura reconnu ici Alain Bashung, Madame Rêve.


Comme tout écrivain non lu qui pourtant s'échine, nuit et jour, en vain, à remplir des pages et des pages, je suis forcément, quelque part, même si je n'ose me l'avouer, un peu masochiste. De plus, la raclée que je me vois administrée me rappelle bien des voluptés de l'enfance... et je commence à avoir du mal à contenir une érection... bandaison récompensée par Maîtresse Gigi d'une nouvelle flopée d'insultes et d'un redoublement des impacts de canne sur mon corps déjà bien fourbu.


Je suis malheureusement en retard, très en retard. Mon sens du devoir - j'ai toujours fait passer mes obligations avant le contentement de mes sens - n'ayant d'égal que mon respect de la parole donnée - j'ai promis que ce texte ne serait pas érotique - je réprime mes envies de coït et de jouissance avec une femme d'une si grande expérience et profite d'un léger affaiblissement de Ginette, d'un léger ralentissement dans le rythme de ses frappes - ceux qui l'ont connu du temps de sa jeunesse, il y a quelques lustres de ça, lorsqu'elle pouvait maintenir un rythme soutenu des heures durant ont dû parvenir à des niveaux de plaisir inaccessibles aux pauvres habitués du missionnaire tels que moi - pour ranger mon organe à présent bien dur derrière la fermeture-éclair (j'échappe de peu à la circoncision) me relever et me lancer (toujours à cloche-pied) dans les escaliers.

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