Ginette change de visage et décide subitement de me montrer l'étendue de son vocabulaire charretier Maquereau ! Malotru ! Pervers ! Forniqueur ! Sodomite ! Dépravé ! et la vigueur de ses coups de canne.
Un coup de pommeau sur la tête, un second dans les côtes et un troisième sur le genou gauche me font rapidement perdre l'équilibre. Précipité au sol, à la merci de la bastonnade de Gigi qui semble à chaque instant redoubler de force et accélérer le tempo, je parviens tout de même à me recroqueviller en position fœtale dans un angle de la cage d'escalier. Tout en tentant maladroitement d'échapper au hêtre qui s'abat sur mon dos, mes avant-bras et sur mes tibias, je cherche à comprendre ce qui peut bien avoir provoqué une telle excitation chez cette mamie - je dis mamie avec toute l'affection possible pour les personnes du troisième et du quatrième âge, n'y voyez ni mépris, ni jeunisme - habituellement plutôt peu expressive (Bonjour / il fait beau aujourd'hui / c'est devenu cher, le poulet / (diverses remarques racistes) / bonne journée - et c'est à peu près tout).
Malgré mon attention détournée par les jurons - j'aimerais en noter quelques-uns, particulièrement fleuris, mais je ne suis pas dans les conditions idéales pour sortir mon carnet - et par la volée de bois sec et raide sur mes abattis que je n'ai pas même songé à numéroter, je ne tarde pas à m'apercevoir que, dans mon empressement à combler mon retard - qui s'accroit sévèrement, au fur et à mesure que les hématomes se forment sur ma peau - j'ai oublié de fermer ma braguette et, surtout, oublié d'enfiler un caleçon. Torts partagés, cher lecteur, si tu avais été plus attentif lors de ta lecture - comme j'aurais dû l'être lors de l'écriture - et ne t'étais pas laissé emporter par mon rythme effréné, tu aurais alors pu me prévenir que j'oubliais un élément à ma tenue, au second numéro de ce récit.
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