La maigreur n'est plus à la mode. Les canons de beauté ont changé de calibre. Les mannequins désormais sont grande taille. La boulimie est mieux perçue que l'anorexie. On ne vante plus la taille fine impossible à atteindre sans régime draconien ni retouche Photoshop... les bourrelets ont la côte.
Dans ce monde nouveau, débarrassé des squelettes publicitaires et des échassiers à podiums, la couche de gras qui cache mes abdominaux fait de mon corps un corps de rêve, un corps dont tous - hommes, femmes, hermaphrodites, indéterminés, trans, neutres, hétéros, gays, bi-, asexués et autres ; je ne sais pas si les genres et sexualités se sont encore multipliés sur les réseaux d'asociaux au cours des dernières semaines - voudraient être pourvus - mais un tel corps, alors que manger gras, salé, sucré et grignoter entre les repas nous est déconseillé dès que l'occasion se présente (à qui bénéficie cette publicité négative, à quel lobby ? celui du chou kale ? du tofu ? du shiitake ?), demande une abnégation et une persévérance dont peu de gens sont capables - que tous voudraient posséder - au sens sexuel du terme, si, toutefois le terme posséder possède effectivement un sens sexuel...
Pour me paraphraser, mon corps et ses grassouillettesimperfections ne peut qu'être l'objet de toutes les convoitises, de toutes les jalousies, de tous les désirs... je ne peux traverser Paris ainsi, supérieurement dévêtu (topless est, si je ne m'abuse un mot réservé à la gent féminine), il faut imaginer l'émeute, il faut imaginer les sollicitations, les regards libidineux, les invitations franches ou indirectes : impossible d'avancer, impossible de ne pas être détourné de son but et de ne prendre davantage de retard.
Il faut que je trouve de quoi couvrir ce que l'abandon par trop impulsif de ma chemisette a laissé apparent. Toujours armé de mon triangle verreux (je le laisserai tomber juste après cette dernière utilisation), je découpe le sac poubelle destiné aux papiers (le tri sélectif nous est imposé jusque dans la rue) au ras du rabat de métal qui le maintient en place, le vide dans l'autre poubelle (je prétendrai, en cas de problème, avoir un doute quant à la destination des ordures qu'il contenait - en cas de doute, choisir la poubelle pour déchets généraux), y perce deux trous, l'un pour le bras droit, l'autre, plus large, pour le bras gauche et la tête, et m'éloigne ainsi dans ma toge de plastique bleu... mon allure est de plus en plus auguste.
Pour me paraphraser, mon corps et ses grassouillettes
Il faut que je trouve de quoi couvrir ce que l'abandon par trop impulsif de ma chemisette a laissé apparent. Toujours armé de mon triangle verreux (je le laisserai tomber juste après cette dernière utilisation), je découpe le sac poubelle destiné aux papiers (le tri sélectif nous est imposé jusque dans la rue) au ras du rabat de métal qui le maintient en place, le vide dans l'autre poubelle (je prétendrai, en cas de problème, avoir un doute quant à la destination des ordures qu'il contenait - en cas de doute, choisir la poubelle pour déchets généraux), y perce deux trous, l'un pour le bras droit, l'autre, plus large, pour le bras gauche et la tête, et m'éloigne ainsi dans ma toge de plastique bleu... mon allure est de plus en plus auguste.
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