On entre dans les stations fantômes du métro parisien comme on entre dans un moulin : il suffit d'en avoir la clef... ou de savoir forcer une serrure - ou plus exactement deux sortes de serrures, la première, celle de la grille, à goupilles, la seconde, celle de la porte en bois, à gorges. Les lecteurs qui ignorent tout de l'art sublime et sept fois millénaire de la serrurerie feront comme moi et consulteront la page Wikipédia appropriée.
La première serrure ne me pose en théorie aucun problème. Je pourrais presque considérer comme un hobby le crochetage de telles serrures si ma dextérité en la matière - je n'ai besoin que d'un bout de métal fin (pince à cheveux, trombone, fil de fer quelconque...) et de huit secondes en moyenne - n'était aussi rémunératrice... ce n'est plus un simple divertissement, c'est un véritable job d'appoint - je n'en dirais pas plus pour d'évidentes questions de discrétion : mes clients et mes victimes sont, les uns comme les autres, très jaloux de leur intimité.
En théorie nuançais-je cependant. En effet, habituellement, je crochète les serrures avec des mains en bon état. Les miennes actuellement pissent le sang par les coupures infligées par l'éclat de vitrine de boucher qui me servit tout à l'heure de scalpel. Je ne peux travailler dans ces conditions. J'ai besoin d'un champ opératoire un minimum propre pour exercer mes talents. Je dois arrêter ces saignements - au moins les contenir...
Je rentre les mains dans mes poches de pantalon, en saisis le fond et serrent les poings de toutes mes forces. La douleur provoquée par mes blessures décuple mes forces. Je n'ai plus qu'à tirer sur le tissu qui cède au niveau des coutures. Ce que mes moufles de fortune ainsi improvisées me font perdre en habileté est largement compensé par ce qu'elles me font gagner en clarté et en bonne visualisation : la serrure de la grille cède en à peine plus de douze secondes.
La seconde serrure, celle à gorges, celle de la porte, pourtant réputée moins fiable que la serrure à goupilles de la grille, plus facile à crocheter, me pose plus de problèmes. Question d'habitude, de pratique. Depuis que j'ai découvert que le plus intéressant de ce qui se trouve derrière une porte pouvait être regardé par le trou de ce type de serrure, je me suis davantage consacré au voyeurisme, moins à l'ouverture forcée... il me faut près d'une minute avant que les gonds ne grincent.
La seconde serrure, celle à gorges, celle de la porte, pourtant réputée moins fiable que la serrure à goupilles de la grille, plus facile à crocheter, me pose plus de problèmes. Question d'habitude, de pratique. Depuis que j'ai découvert que le plus intéressant de ce qui se trouve derrière une porte pouvait être regardé par le trou de ce type de serrure, je me suis davantage consacré au voyeurisme, moins à l'ouverture forcée... il me faut près d'une minute avant que les gonds ne grincent.
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