Effectivement, escalader la grille qui mesure bien trois mètres de haut et qui sépare le quai de la station fantôme des voies où coule le métro fut un véritable chemin de croix.
Du moins, je pense, je suppute que ce fut un chemin de croix. Je ne me rappelle plus tous les détails. Je suis incapable d'être aussi précis et rigoureux que d'habitude dans ma narration.
Ai-je perdu connaissance ? Ai-je inconsciemment préféré oublier les risques que j'ai pris ? N'ai-je pas réussi à rédiger de manière satisfaisante (satisfaisante pour moi - je ne suis pourtant pas si regardant) la succession d'événements a priori impossibles et de décisions stupides des quelques dernières minutes écoulées ? Je ne saurais dire.
Je me rappelle seulement, durant mon escalade, m'être retrouvé tête en bas, jambes en l'air - ne me demandez pas comment je me tenais alors à la grille, je n'en ai pas la moindre idée. Je me rappelle vaguement les tremblements de la grille à chaque passage de métro. Je me rappelle l'impression d'avoir été aspiré. Je me rappelle avoir failli être décapité par le plafond du tunnel.
Je ne me souviens plus en revanche, comment du toit de la rame en mouvement, je me suis retrouvé assis dans la rame avant même d'atteindre la station suivante. Je ne me souviens plus avoir répandu sur le sac plastique qui me sert de toge les restes de mon dernier repas - ils sont pourtant bien là, répandus sur ma poitrine, mêlés de bile, le pepperoni, la mozzarella fondue et le fond de tomate de ma pizza de cette nuit (je mange à n'importe quelle heure). Je ne souviens plus, non plus, à quel moment j'ai égaré ma moufle de poche gauche. Quant au petit doigt de la main gauche qui manque à l'appel, je ne pourrais affirmer avec certitude que je l'ai laissé dans ladite moufle. Peut-être l'ai-je perdu ultérieurement.
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