Je ne comprends pas cet entêtement des forces dites de l’ordre à faire usage de gaz lacrymogènes. Pourquoi toute manifestation devrait-elle finir dans les larmes et les suffocations ? Pourquoi ce besoin de dramatiser la situation, de rendre douloureuse la nécessaire débandade d’une fin de parcours ?
L’usage d’un gaz hilarant pour faire cesser un rassemblement me semblerait tellement plus approprié. Ne serait-il pas plus agréable que tout le monde se roule par terre ? D’un pouvoir tout aussi incapacitant qu’un gaz lacrymogène, un gaz hilarant aurait, de plus, le mérite de montrer que ces affrontements et cette supposée haine entre ceux qui aiment descendre dans la rue et ceux qui aiment porter l’uniforme n’est qu’une vaste blague. Il sont les deux faces d’un même Janus. Deux entités qui ne peuvent vivre l’une sans l’autre et dont l’existence est justifiée par l’existence de l’autre...
C’est à ce genre d’inepties, de pensées absurdes, que j’occupe mon esprit pour oublier que je suis en train de me faire massacrer à coups de matraque - tant qu’à me faire briser les côtes et les tibias, j’aurais préféré rester avec Ginette, elle au moins savait érotiser la souffrance - et de me faire cramer à coup de sprays et de grenades mes beaux yeux vairons... D’un bleu et vert, respectivement le gauche et le droit, magnifiques intrigants, mes yeux virent peu à peu à un commun rouge, peu avenant, dépourvu de toute sensualité. Quel intérêt les policiers des Compagnies Républicaines de Sadisme ont-ils à m’ôter ce qui fait l’essentiel de mon charme ?
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