dimanche 10 mai 2020

En Retard (51)

En retard, je suis en retard. Très en retard. De plus en plus en retard.
Tous ces dialogues, cet inutile blabla que je déteste lire et plus encore écrire - ce n’est qu’une posture, je me suis plutôt amusé à rédiger l’espèce de conversation policée des épisodes précédents - m’ont fait perdre du temps et de l’espace. Je devrais à présent en être plus loin dans mon épopée, dans mon équipée. Je suis en retard sur mon planning - ce qui est un comble puisque je n’en dresse jamais.

Nous sommes en effet au numéro 51 d’En Retard. Moi qui suis pourtant plutôt adepte du Ricard et du pastis Henri Baudouin, j’avais prévu de profiter de ce nombre, le 51, pour inaugurer avec un petit jaune une (longue ?) scène de soirée alcoolisée. Association d’idées assez misérable, honteuse, je le concède. J’avais prévu d’être subtil, de ne rien dire, de ne pas expliciter le lien entre ces deux chiffres et l’apéritif anisé consommé au cours dudit billet. J’aurais laissé le soin à mes lecteurs assoiffés de saisir l’allusion. Ils n’auraient d’ailleurs rien dit, rien divulgué, trop honteux, ceux qui auraient fait le rapprochement entre le 51, un nombre a priori tout ce qu’il y a de plus ordinaire, et le pastis... Ils auraient fait comme s’ils n’avaient pas compris... Tout le monde, eux comme moi, aurait gardé sa dignité.
Mon retard m’oblige à être lourd, à insister sur la marque déposée, à expliquer mes pitoyables plaisanteries qui, autrement, auraient pu passer inaperçues... En Retard jette une lumière crue sur toute ma médiocrité...


Toujours est-il que si je veux prendre mon pastis maintenant, alors que je suis encore au pied de l’Arc de Triomphe, ce sera avec un poulet... ce ne me semble pas un très bon accord.
On boira plus tard, donc. C’est bien la première fois que je suis en retard pour picoler.

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