mardi 27 avril 2021

Grains (3/6)

Être la moitié - ou plutôt le tiers : des comme moi, des comme MLM, ma chère et tendre en vaut largement deux - d’une déesse - la qualifier ainsi de déesse n’est pas que de la basse flatterie... c’est surtout d’une niaiserie sans nom : l’aMLMour me rend con - m’oblige à désirer pour elle ce qu’il y a de meilleur et mieux encore. À me battre chaque instant pour que sa volonté soit faite sur terre comme au ciel. Pour que les obstacles qui se dressent sur son chemin s’effondrent et retournent à la poussière. Pour que les difficultés qui ne manquent pas de surgir s’évaporent dans les nuées.

Et c’est ainsi - le croiras-tu, lecteur de peu de foi ? - que MLM - lui qui pourtant n’a jamais été le militant d’aucune cause, pas même la sienne, lui qui a toujours estimé qu’aucune cause ne valait la peine qu’il se donnerait à quitter son bureau-atelier - s’est subitement mué en ardent défenseur des Droits de la Femme, en ayatollah de l’égalité entre les sexes.

Ne t’imagine pas, lecteur un peu trop enthousiaste, MLM tractant, pétionnant, hurlant des slogans aux rimes pauvres dans un mégaphone ou un porte-voix de fortune. Les grands combats de ce début de XXIème siècle se mènent en premier lieu au niveau local, rappelle-t-il comme une évidence. Avant de devenir politique, nationale ou même mondiale, la lutte doit d’abord être engagée individuellement, personnellement, autour de soi, assène-t-il. L’éternelle parabole de la paille dans l’œil et de la poutre dans la main et vice et versa, ajoute-t-il, rieur. Inutile d’aller manifester, par exemple, contre les dérèglement climatique ou la pollution océanique si, avant cela, on n’a pas trié ses papiers (le problème pour moi ne se pose pas, je conserve tous mes brouillons), privilégié les transports non carbonés (je ne sais, de toute façon, pas conduire - qui est le bougre d’inconscient qui m’a un jour validé mon permis B ?) et pissé sous la douche (non, ne te méprends pas, attentif lecteur, je ne décris pas une pratique sexuelle urophile), professe-t-il. Dont acte. C’est donc au sein de son couple que MLM avant toute chose, se bat pour atteindre une égalité sanskrite - sanskrit signifie « parachevé, parfait » en sanskrit, je souhaitais simplement le rappeler.

Et il y a beaucoup à faire en la matière. De nombreux, innombrables déséquilibres - certains antédiluviens, d’autres d’origine beaucoup plus récente - à contrebalancer.


Le premier plafond de verre - encore une expression à la mode... MLM t’aurait-il caché, informé lecteur, qu’il s’intéresse à l’actualité, qu’il lit les journaux et jette un œil à la grand-messe du vingt heures ? - que je fis s’effondrer en mille éclats aux bords tranchants fut celui de l’inégalité salariale. L’égalité salariale entre mon épouse et moi fut même excessivement aisée à établir. Il m’a suffi de renoncer à toute rétribution (pécuniaire ou autre) pour mon labeur littératuré - ce ne fut pas grand sacrifice, mes droits d’auteur ne me rapportent pas un radis - pour gagner autant que mon épouse : rien, pas un kopeck. Tu apprécieras au passage, exigeant lecteur, que je n’ai, malgré ma prise pour femme, pas totalement renoncé à la Bohème et à ses rhapsodies : nous vivons elle et moi dans le plus grand dénuement - nos tenues respectives d’Adam et Ève nous incitent à constamment copuler... et mes textes dont l’avancement se trouve ralenti par cette perpétuelle activité physique ne s’en font que plus rares...


Celui, le second - je parle des plafonds vitrés - des tâches ménagères  et de leur répartition ne fut guère plus délicat à briser. Nous frottons le sol ensemble. Balai dans la main dans la main. Savonnons les assiettes et les couverts au moyen d’une éponge suffisamment large pour offrir une prise à deux. Quant au linge, nous alternons, une fois sur deux. L’un (ou l’une) s’asseyant sur l’autre (ou l’autre) quand nous profitons du mode essorage de la machine pour du sexe sans effort. Et inversons la fois suivante.


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