écrit le 18 / 01 à 22 h 00 environ - corrections mineures en recopiant le 19 / 01 vers 11 h 00
Le croirez-vous ? cette pointe dans la paume de ma main droite était un gravillon. Un gravillon anthracite et noir, aux arêtes plus claires. De la taille d’un pois. Là, au milieu de mon salon. Non, pas au milieu, j’étais excentré. En plein dans mon salon tout de même, pas juste à l’entrée, pas à côté de la porte.
Mon café étant trop chaud, j’y ai aussitôt plongé ce gravillon trouvé aux dépens de ma paume, espérant qu’il ramènerait mon breuvage à température plus buvable - il y en a bien qui mettent des cubes de je ne sais quelle pierre dans leur whisky whiskey scotch en guise de glaçon. D’où pouvait venir ce gravillon ? Sirotant mon robustarabica, je me suis cassé les dents sur ce mystère.
Les semelles de mes chaussures sont usées. Plus aucune rainure. Aucun cran. Ni visible ni perceptible au toucher. Parfaitement lisses, mes semelles. Comment un gravillon aurait pu s’y coincer ? Et puis, de toute manière, je ne porte jamais mes chaussures dans le salon. Jamais. Question de propreté. Si je ne veux pas nettoyer, lustrer, astiquer, cirer le parquet tous les quatre matins - et, croyez-moi, je n’ai pas envie de nettoyer, lustrer, astiquer, cirer le parquet tous les quatre matins - il faut que je lui épargne la boue et l’eau et la poussière et les merdes de chien et les déchets du dehors qui ne manquent pas d’être transportés par mes souliers.
Serait-ce, ce gravillon, un caillou dans ma chaussure, un caillou qui ne viendrait non de mes semelles mais de l’intérieur d’une des mes baskets et qui m’aurait suivi jusque dans le salon à la faveur d’un pli dans ma chaussette ? Comment ne l’ai-je pas senti ce caillou dans ma chaussure, cette pointe ?
Aurais-je enfin complété mon fakirat ? Des années à marcher pieds nus en été sur des galets, des chemins de pierre, sur les trottoirs défoncés, sur du sable brûlant, dans les eaux les plus froides - j’aime la Bretagne et l’Océan - m’aurait-il rendu insensible de la plante ? Celle des pieds, dont la paume (de la main) est le fruit ? Devrai-je désormais dormir sur du verre pilé, m’asseoir sur une herse, me laver avec une boule-éponge en inox sous peine de ne plus rien sentir ou de souffrir de la douceur d’un coussin - je pense à ce gag avec un fakir dans Les Cigares du Pharaon d’Hergé - ou d’un gant de toilette ?
Je me suis planté la plume avec laquelle je poursuivais mes Absences dans le pied. Pour vérifier. Le coeur net… une évidence apparut immédiatement : il me fallait trouver une autre explication.
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