Ni chaussé ni fakir, je ne peux être à l’origine de ce gravillon dans mon salon. Et je ne suis pas non plus assez idiot pour l’y avoir semé moi-même à la main…
Et si c’était quelqu’un d’autre qui l’y avait semé ?
Je cherche dans les rainures, entre les lames. Pas d’autre gravillon. Ce n’est pas un petit poucet qui cherchait à marquer ses pas pour pouvoir faire demi-tour. Ou alors, lors du retour, il a oublié d’en ramasser un.
Je trouve en revanche quelques grains de riz bien secs (certains, orangés, ont trempé, il y a bien longtemps, dans une sauce tomate), quelques grains de semoules tout aussi secs, des miettes de pain, sèches elles aussi, des herbes sèches, brindilles de thym ou romarin ou origan, éclats de noix de cajou ou de pop-corn, sous la table basse notamment, qui me sert de table de tout court pour le déjeuner et le dîner devant le téléviseur et la télévision… Tout ceci commence à ressembler ou je m’abuse, à ce qui pourrait bien constituer le butin d’une colonie de fourmis.
Ai-je raté la procession ? Portant chacune sur son dos de quoi nourrir la reine et bâtir le tas de merdier qu’est une fourmillière. Et où sont-elles passées ? Ai-je fait fuir sans m’en rendre compte les fourmis qui traversent mon salon en étalant les 18 feuilles sur lesquelles était imprimé Absences ? et se sont dispersées laissant là leurs fournitures ? Dois-je craindre qu’elles reviennent, envahissent tout l’appartement et en finissent avec moi comme dans cet épisode de McGyver qui a traumatisé toute une génération ou comme dans Phase IV - film plus qu’étrange, curiosité à découvrir - ou comme dans Indiana Jones IV - film à éviter. Je répands de la colle tout autour de la pièce, au sol. Ces petites saloperies ne s’en sortiront pas ainsi.
Autre théorie, ce sont les tremblements de l’appartement qui ont fait remonter le gravillon. Une voie ferrée jouxte l’immeuble. Trains de banlieue. Un tous les quarts d’heure dans un sens. Un tous les quarts d’heure dans l’autre sens. Soit un toutes les 7 minutes et trente secondes en moyenne. Les tremblements ne sont pas réguliers. Ça dépend de la voie que le train qui passe emprunte. On s’y habitue, on les oublie à force de vivre là… mais il tremble toujours, l’immeuble.
On a déjà vu lors d’un séisme, les couches inférieures du sol remonter à la surface, non ? Alors pourquoi pas un gravillon lors des tremblements, microtremblements ferroviaires. Oh, je ne prétends pas qu’un gravillon est remonté de la rue jusqu’au deuxième étage où je vis à travers les murs porteurs de l’immeuble. Mais est-il vraiment inconcevable qu’une ancienne rue traversât mon appartement, il y a bien longtemps et qu’on, pour aller plus vite - crise du logement - se soit contenté de recouvrir l’asphalte de la chaussée de planches de chêne ou de châtaignier ou d’épicéa - je ne suis déjà pas doué pour reconnaître l’essence des arbres vivants… alors morts et sciés…
écrit à 19h40 environ
ça expliquerait en tout cas ce bourdonnement incessant dans ma tête, l’impression de me trouver en permanence au beau milieu de la circulation
écrit le 20/01 à 7h00 environ
ça expliquerait la mauvaise circulation dans la pièce où je ne cesse de me cogner aux meubles, de trébucher, de glisser, de tomber
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