Où en étais-je ? Ah oui, j’étais de retour sur la serviette pour travailler - je n’ai pas dit bosser, il ne faut pas confondre. Je regarde alentours pour chercher si ce n’est l’inspiration tout du moins un sujet. Quelque chose pour me lancer. Dessin d’arbres ? De carrelets ? De bâteaux ? Mon œil n’accroche rien… mais mon oreille…
Sur un banc, non loin. Car il y a des bancs aussi, pieds de béton, assise et dos de bois, sur la plage sud de Fouras, des bancs sous les arbres, ce n’est pas courant commun non plus des bancs sur une plage. Un sexa ou septua raconte à des trentenaires quadra qui semblent de ses amis et de passage à Fouras, logeant, d’après ce que je comprends, chez lui et son épouse, qu’il déteste la plage. Il n’y va jamais à la plage. Ça le fait chier la plage. Il n’y va jamais et n’y est jamais allé. Il ne se souvient pas y être allé avant aujourd’hui à la plage. Ni à cette plage ni à aucune autre. Bronzer sans rien faire. Passage sans prévenir à une sorte de discours direct. Me foutre sur la serviette. Je tiens pas en place. Je m’ennuie. Je m’emmerde. Non j’y viens c’est bien parce que vous êtes là parce que sinon j’y viens jamais.
Même pour te baigner ? risque le quadra. J’aime pas me baigner non plus. C’est chiant. J’aime pas l’eau. Rester à mariner, je m’emmerde. Et faire des longueurs, tourner en rond, ça m’ennuie aussi. Mais pourtant tu es au Cercle Nautique ? continue le quadra tendant le bras vers le petit port de plaisance qui borde la plage. Ben oui, moi, je vais sur l’eau, pas dedans. Je monte sur mon bateau et je vais loin, je vais ni sur la plage ni dans l’eau, je reste au dessus à l’eau et loin de la terre.
Les gens, les vrais gens - peu importe ce que cela signifie, les vrais gens, peu importe qu’ils existent ou non - décidément, sont de vrais personnages de roman. Pourquoi s’échiner à écrire ou à lire alors qu’il suffit d’écouter. De laisser traîner les oreilles. Et le vieux radote sa détestation de la plage et l’ennui que lui procure l’eau salée, et la chiantise et l’emmerdement que lui inspire le sable, les répète, son ennui et son désamour, à toutes les connaissances - et il en connaît du monde - qui descendent sur la plage et lui font la remarque qu’ils ne le voient pas souvent en ces lieux. Il recommence,deux, trois, cinq, douze, soixante fois, les mêmes mots, les mêmes phrases en boucle, comme un monologue appris pour une pièce ou un truc du genre. Et c’est moi qu’il commence à emmerder, avec son refrain, ça me fait chier les gens en boucle, ça m’ennuie les idées fixes et les histoires ou les avis et opinions répétés ad libitum… j’ai besoin que ça change de temps en temps, besoin de variations, sinon je me fais chier…
C’est en pleine lassitude qu’une mélodie revenue d’un oubli pourtant bien mérité s’invite dans mon champ d’audition…
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