À une époque pas si lointaine qui était la mienne, les jeunes que nous étions étions nombreux à conserver nos entrées de cinéma. Pile de carrés cartonnés qui nous rappelait les films vus, les bons et les oubliables. Désormais, le billet est une sorte de ticket de caisse, chiffonné, bon à jeter avant même d’avoir atteint son siège. Le prix de la place est devenu exorbitant et on n’en conserve rien de physique.
Lundi soir, cinéma. Parce que le film sera bientôt retiré de l’affiche. Et parce que les salles de cinéma sont climatisées.
Une seule personne à part Natacha et moi dans la salle cinq minutes avant le début de la séance. Aura-t-on une séance privée - ou presque ? J’ai déjà expérimenté ce délice de la salle quasi-vide. Deux fois. À chaque fois avec mon petit frère. Pour Rasta Rockett, il y a un siècle me semble-t-il, à Belfort. Et pour Substitute, le film de Vikash Dhorasoo, à Strasbourg… il y a un demi-siècle… une famille britonnante arrive… puis deux trois autres spectateurs… ce ne sera pas pour cette fois.
Et si personne ne vient à la séance, vraiment personne, zéro, nada… est-ce que le film est tout de même projeté ?
J’imagine la salle vide. Une caméra est placée au dernier rang, au milieu et filme l’écran et les sièges inoccupés. Dès que le film est terminé, on projette sur le grand écran ce que la caméra a enregistré. Et on recommence ainsi. ad libitum. On verrait ainsi le film s’éloigner sur l’écran au fur et à mesure des projections dans une salle vide. Le film s’éteindre faute de spectateurs.
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