et autres histoires
La principale bibliothèque municipale de Compiègne est abritée par les vestiges (le cellier et le cloître) de l’abbaye saint-Corneille. Celle-ci, du temps de sa splendeur, abrita un saint-suaire concurrent de celui de Turin (et d’une poignée d’autres) qui fut détruit au milieu du XIXème siècle par une servante trop zélée : soucieuse de redonner au linge sacré sa blancheur passée, elle le mit à bouillir.
C’est un bâtiment admirable, magnifique, dans lequel j’ai passé de nombreuses heures lors des 18 mois au cours desquels nous avons habité la cité isarienne. À lire, à écrire - plusieurs pages de La Montre ont été griffonnées dans la salle de travail du dernier étage - ou simplement à flâner dans les expositions régulièrement organisées. Oui, je l’ai beaucoup fréquentée, cette bibliothèque, comme j’ai beaucoup fréquenté celle de Versailles, sise rue de l’indépendance américaine. Il serait intéressant que je réfléchisse pourquoi je ne suis jamais allé à la bibliothèque à Dijon, pas plus qu’à celle de Limoges.
Et, naturellement, j’ai beaucoup emprunté à la bibliothèque de Compiègne. Des DVD (Le Vent se Lève de Ken Loach, à trois reprises, entre autres) et des livres. Aucun disque. Je ne suis plus certain pourquoi. Probablement parce qu’il n’y en avait pas, des disques, dans cette bibliothèque-ci. Que les disques à emprunter étaient conservés dans une autre bibliothèque municipale de Compiègne. Je ne vois guère d’autre explication. Emprunter des disques auraient été un bon palliatif, j’en ai si peu acheté pendant qu’on habitait Compiègne. Mes allocations chômage ne me le permettaient pas vraiment. J’ai même revendu des doubles que Natacha et moi avions en commun. Le collectionneur que je suis le regrette amèrement. Le blogueur plus encore. De toutes façons, il n’y avait pas de disquaire à Compiègne autre qu’un Cultura en dehors de la ville, dans l’horrible zone commerciale en bord de quatre voies.
Les livres que j’ai empruntés à la bibliothèque de Compiègne, je les ai choisis essentiellement selon trois critères. C’est d’ailleurs toujours ainsi que j’emprunte (ou achète) des livres. 1. Des livres ou des auteurs conseillés dans des livres ou des interviews d’auteurs que j’affectionne (je ne sais plus où j’ai entendu parler de Milorad Pavić dont j’avais justement emprunté Paysages Peints avec du Thé à la bibliothèque de Compiègne, j’aimerais me souvenir). 2. Des livres publiés dans des maisons d’édition qui ont toute ma confiance (Les Éditions de Minuit et Verdier notamment pour ce qui est de ma période compiégnoise). 3. En me fiant au nom (sa sonorité, sa graphie) de l’auteur.
Forcément, à ce jeu-ci, celui de la musicalité patronymique, les étrangers, les non-occidentaux, ont un certain avantage. Les Polonais, les Serbes, Croates, les Hongrois, les Grecs en particulier. C’est de cette manière - par hasard, d’une certaine façon - que j’ai emprunté à la bibliothèque de Compiègne et lu pour la première fois Le Traducteur Cleptomane et autres histoires de Dezsö Kosztolányi.
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