mardi 24 octobre 2023

FIP

J’étais - enfin, non, pas moi qui écris ces lignes, pas Maurice L. Maurice, MLM est le nom que je me suis choisi, mon nom d’auteur, d’artiste, je ne m’appelle pas vraiment Maurice L. Maurice, ce n’est pas mon nom de baptême, si je m’appelais vraiment MLM, croyez-moi, il y a longtemps que j’aurais pris un pseudonyme ; moi, celui qui se cache derrière Maurice quand il peint ou écrit - hier dans le garage de mon beau-père à restaurer une petite commode achetée chez le brocanteur du Moulin de la Mie, j’étalais une sorte de gel, comme du slime - nous avons regardé Ghostbusters : l’héritage il y a deux jours… il n’y a pas de slime dans le film, mais des marshmallows qui ont fait mourir de rire Natacha - blanc, sur les surfaces du meuble, laissais agir quelques minutes puis enlevais le vernis à la spatule - nous voulons éclaircir le meuble - pendant que la radio sonorisait la pièce, j’avais mis Fip sur mon téléphone, la seule station de radio que je supporte.
Plutôt concentré sur mon ouvrage, je ne prêtais qu’une oreille distraite - ce n’est pas le terme adéquat, disons plutôt que je n’étais pas totalement attentif à tous les enchaînements inventifs des programmateurs de la station ni à tous les morceaux de styles extrêmement variés qui passaient - à la musique et aux paroles quand une phrase, un vers a accroché mon oreille et mon cerveau ou, plus exactement, quand mon oreille et mon cerveau ont malaxé, déformé, tordu une vers, une phrase d’une chanson francophone, j’ai entendu « il faut laver les morts », qui ne fut probablement pas prononcée.
Voilà un début de texte, une idée de texte intéressante, il faut laver les morts, il y a de quoi broder et construire, c’est une bonne base de texte plutôt qu’un début car rien ne dit que ce il faut laver les morts serait en tête, en ouverture, de texte, on pourrait se demander s’il faut les laver littéralement ou symboliquement, si le nettoyage ne concerne que la peau et les cheveux et les ongles, ou s’il est destiné avant tout à décrasser la mémoire du (de la) défunt(e) - qu’il ne faut pas salir, entend-on trop souvent - ou s’il s’agit d’âme pour ceux qui croient aux 21 grammes, on pourrait ensuite se demander comment s’équiper, de savons, de gants, d’eau bénite ou d’un ordinateur pour purger Facebook et Google et Twitter devenu X et voir où ces idées mènent…
Oui, il y a de quoi faire avec ces cinq mots il faut laver les morts mais je n’ai pas le temps de m’en occuper, j’ai un meuble à restaurer et accessoirement un roman sur le feu qui n’est déjà plus que de la braise, il faut que je souffle là-dessus plutôt.

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