J’ai horreur de faire comme tout le monde. Je ne prends réellement plaisir qu’à me singulariser. À me savoir différent. On ne voit plus dans la rue que des gens en baskets, en sneakers ? Je ressors mes chaussures de ville et abandonne mes Asics chéries.
Ce n’est cependant pas toujours aussi simple d’être autre.
Je déteste être droitier, par exemple. Tout le monde l’est, droitier. Ou presque. Ou non, pas tellement. Être gaucher n’est pas si rare en réalité. Pas si original. C’est une minorité si nombreuse si banale, la foule des gauchers, que je ne me sentirais pas beaucoup plus à ma place en son sein qu’au milieu des sinistres droitiers (c’est un oxymore).
Comment faire ? Comment m’en sortir ?
Tout faire à deux mains ? Non, j’aurais l’air d’un rustre, d’un butor… à moins d’être Michel Butor… qui portait heureusement bien mal son nom.
Comment ne pas être droitier sans être gaucher et vice-versa et inversement ?
Me tourner les pouces jusqu'à ce qu’ils s’emmêlent et qu’on ne puisse distinguer la main droite (le pouce normalement est situé à gauche de cette main) de la main gauche (le pouce normalement est situé à droite de cette main) ?
Tout faire la tête en bas ? Si tout est sens dessus-dessous, alors les directions aussi et je peux être gaucher en utilisant la main droite ou utiliser la main gauche tout en étant droitier. Ou alors, avec les mêmes conséquences, tout faire de dos…
Ce qui amène au problème suivant : j’aime me singulariser, me distinguer mais pas m’exhiber, je ne cherche pas pour autant à me donner en spectacle. Discrétion, vivre caché… je ne porterai plus que des moufles sans pouce, d’épaisses chaussettes en laine, sur les mains. Qu’on ne voit plus mes mains, qu’on ne sache plus laquelle j’utilise.
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