J’ai un don. Un pouvoir. Appelez ça comme vous voulez. Comment expliquer autrement ce rêve récurrent où j’en fais usage ? Ce rêve que j’ai fait plusieurs fois peut-il avoir autre but que de m’exposer comment utiliser ce pouvoir ?
Le rêve, je l’ai fait plusieurs fois, au moins quatre ou cinq. Les lieux changent, les circonstances changent, la fin est irrévocable, je finis par me téléporter. C’est là mon don surnaturel - ce qualificatif est fort discutable mais ce n’est pas là la question.
La dernière fois que j’ai fait ce rêve, c’était début avril.
Je suis à Boussac, dans la salle des profs du collège. Je m’aperçois que j’ai oublié ma voiture à Limoges, que je ne peux rentrer à la maison par la route. Qu’il me faut aller chercher ma voiture garée en bas de mon immeuble ou sur une place de parking d’une des rues alentour, la ramener ici pour pouvoir rentrer. La logique de mes rêves est, je le concède, assez brillante.
Comment faire ? Je décide d’utiliser mon pouvoir de téléportation - ce n’est donc pas une surprise pour moi, je sais que je possède ce pouvoir - pour aller chercher la Corsa. J’hésite tout de même un peu. Je me sens hésiter, plutôt - je suis dans un rêve et, d’une certaine façon, je me vois aussi de l’extérieur. Je connais la procédure, la marche à suivre. Une certaine crainte me retient. Crainte que ça ne fonctionne pas, que je reste sur place, crainte de ne pas y arriver, me téléporter requiert une immense concentration - dont je ne me sens pas toujours capable.
Je suis sur le trottoir. Je ne me suis pas vu sortir du collège. La rue, il me semble ressemble vaguement à l’avenue Jules Ferry de Boussac. Je marche les yeux fermés. Il faut que je fasse le vide dans ma tête. Complètement. Ne plus penser à rien. Aucune idée, aucune pensée, aucune distraction. Aucune interférence. Exactement comme lors de mes insomnies - je suis relativement épargné ces temps-ci, merci de vous en soucier - je m’efforce de ne penser à rien et surtout pas à dormir.
À faire le vide ainsi, toujours en marchant, je finis par m’assoupir. Et mes jambes alors me trahissent, ne me portent plus, fléchissent. Et je m’effondre. Lentement. Je m’écroule, au ralenti. Et juste avant que ma tête ne touche le sol, j’ai le réflexe de mettre les mains au sol, de me protéger, de me rattraper. C’est comme un réveil subit. Et ma première pensée est que j’ai échoué, que je n’ai pas réussi à faire usage de mon don… mais, curieusement, je n’ai pas encore ouvert les yeux - ou je n’ai pas réalisé où je me trouve - et quand je les ouvre, je m’aperçois que je suis à Limoges. Limoges dans ce rêve ressemble certes étrangement à l’avenue Daumesnil à Paris, près de la Gare de Lyon, mais je suis bien à Limoges puisque je sais être à Limoges et que ma Corsa est là, à côté de moi alors que je me relève sous l’œil intrigué des passants - s’étonnent-ils de mon apparition ou de ma chute, je ne sais…
J’ai raconté ce rêve à Natacha. Elle a ri. Elle me conseille, si je veux essayer, de prévoir un bon casque. Je pense plutôt à un sol souple qui amortirai mon effondrement. L’idéal serait une plage… mais si je suis sur la plage, pourquoi aurais-je envie de partir et de me téléporter ?
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