dimanche 31 mars 2019

La Montre (1.14)

Un autre fait. Une autre observation - j'en ai l'esprit, particulièrement aiguisé.
Sa propre montre. Portée au poignet droit. Ça ne m'a pas échappé - j'étais même un peu surpris, étonné, choqué - qu'il la portait, du mauvais côté, sa montre, au mauvais poignet, quand il l'a mise à l'heure, ma montre.

ou plutôt
quand il n'a pas mis ma montre à l'heure,
montre qui, en conséquent,
n'en est pas une stricto sensu

Conjecture. Hypothèse. Spéculations.
Je soupçonne l'horloger, le vendeur, le boutiquier, d'être gaucher.
Si le port droitier de la montre, de sa montre

qui n'est peut être pas
une montre stricto sensu
si elle n'est elle-même
pas à l'heure officielle du quatrième top
(qui, selon moi, est plutôt un quatrième bip) -
mais cette possibilité, que la montre de l'horloger
ait elle-même une avance d'une minute,
je l'ai déjà évoquée précédemment...
pas la peine d'y revenir,
pas la peine d'insister, de ressasser

n'est que la marque de sa part, à l'horloger, le vendeur, d'une coquetterie, d'une fantaisie, d'une concession à la mode,

si toutefois il existe
une mode en matière horlogère,
ce dont je doute fortement

d'une extravagance dont le sens, le fondement, l'intérêt m'échappe quelque peu ou si cette droiture du port par l'horloger, le commerçant, de sa montre

stricto sensu ou non
je n'ai pas de réponse,
pour l'instant

est la réponse, la solution à une contrainte technique, pratique, directement liée (ou non, d'ailleurs) à ses activités professionnelles d'horloger, à ses fonctions horlogères de vente ou de réparation ou de conception ou de réglage de montres, de pendules ou d'horloges,

il s'acquitte cependant
de cette dernière tâche,
le réglage, la mise à l'heure
de montres et de pendules et d'horloges
de manière assez superficielle, en véritable dilettante,
en inconséquent oserais-je même -
on a pu, j'ai pu le constater...

bref, si l'horloger, le vendeur, est parfaitement et complètement et intégralement et on-ne-peut-plus-normalement droitier, mon raisonnement

à peine entamé

et mes conclusions

je suis encore loin d'y être,
au stade des conclusions

concernant ce fait nouveau, cette nouvelle observation

il porte sa montre au poignet droit !

sont d'ores et déjà caducs.

si ce n'est pas le cas,
si mon raisonnement se tient
et ne bute sur nul obstacle logique
et me mène à une explication rationnelle
de la minute d'avance
de ma montre qui n'en est donc pas une stricto sensu,
je trouverai bien, tout de même,
une façon détournée de la rejeter, ma démonstration -
hors de question qu'une affaire si peu ordinaire
(il n'arrive heureusement pas tous les jours
d'avoir une minute d'avance à sa montre)
trouve, rencontre
une conclusion trop facile,
trop rapide, trop triviale -
quel gâchis ce serait...

samedi 30 mars 2019

Soliloque

Je tiens à mettre les choses au clair avec ceux qui me trouvent étrange, bizarre, pas très net, un peu fou, fêlé, quand ils me croisent dans la rue :
Non, je ne parle pas tout seul... Je me parle à moi-même... Et ça n'a rien à voir.


vendredi 29 mars 2019

La Montre (1.13)

Les faits, les faits, les faits, rien que les faits, examinons calmement et tranquillement les faits. Puis, conjecturons, extrapolons, hypothésons. Il n'est pas d'autre méthode viable.

L'horloger, pas le fabricant, pas le simple porteur de montre stricto sensu, ni le réparateur ou le remonteur d'horloges comtoises, le vendeur, le commerçant, avant de régler ma montre ou plutôt avant de ne pas régler ma montre

car si cette montre avait été réglée,
je ne me poserais
on ne se poserait
nous ne nous poserions pas
autant de soucis et de problèmes et d'interrogations

qui n'en est donc pas une stricto sensu, a consulté sa propre montre. Premier fait. Indubitable. Indiscutable. Avéré.
Se peut-il que cet homme, d'un âge déjà avancé

cela prend du temps de se bâtir
une solide réputation - une maison de confiance ! -
cela ne se fait pas du jour au lendemain,
ça prend des années et des années

à l'allure si convenable

entendez : morne

vive lui-même avec une minute d'écart sur le reste du monde ? Qu'il esquisse

consciemment ou inconsciemment,
je ne saurais dire -
je ne prétends pas le psychanalyser
le maïeutiser
après le si fugace contact,
les si futiles échanges
que nous avons eus
au moment de l'achat
de ma montre,
de la montre
qui n'en est pas une stricto sensu

les contours d'une rébellion, d'une révolution, d'une révolte, d'une fronde ? contre le temps établi ? contre le temps qui file, qui fuit, qui passe ? contre le temps qui refuse de passer, refuse de nous libérer ?

car j'en suis persuadé,
intimement,
contrairement au lieu commun,
la vie n'est pas trop courte
mais bien trop longue

Alors, je dois dire, je le concède, et même j'applaudis, je m'incline, il a parfaitement et très judicieusement choisi son métier, il a très intelligemment et malicieusement réussi à s'infiltrer dans les sphères compétentes en matière temporelle. Il ne pouvait rêver mieux que sa petite boutique et sa solide réputation - une maison de confiance - pour semer ses graines de subversion...

jeudi 28 mars 2019

Tonte

N'ont-ils pas froid les moutons après la tonte ?
Ne pourrait-on pas - comme pour les chienchiens des mamies lorsqu'ils sortent de chez le toiletteur - prévoir pour eux quelque chose à enfiler, de quoi se réchauffer ?
Un pull en laine, par exemple.

mercredi 27 mars 2019

Opéra

Trouvères
(24 x 32 cm)
Librement inspiré des décors d'Alfons Flores
(Opéra Bastille, juin - juillet 2018)


Croquis (carnets de MLM)
D'après Marc Chagall
Plafond de l'Opéra Garnier

mardi 26 mars 2019

La Montre (1.12)

Comment croire que l'horloger,

le vendeur,
pas le fabricant ni le réparateur

lui, qui, cinq (5) jours sur sept (7), du mardi au samedi, depuis des années et des années,

cela prend du temps, beaucoup
de temps, de s'établir une solide réputation,
ce n'est pas du jour au lendemain,
que l'on devient
une maison de confiance

travaille huit (8) heures par jour,

la boutique est ouverte de 10 (dix) heures
à 13 (treize) heures et
de 14 (quatorze) heures à 19 (dix-neuf) heures -
l'heure méridienne de fermeture étant,
je suppose,
consacrée au déjeuner de l'horloger,
un sandwiche au pâté (et au pain un peu rassis)
emballé dans du papier d'alu ou
une soupe de légume
à la tiédeur
préservée par un thermos
et un morceau de fromage malodorant

sans sourciller, sans signe apparent de gêne ou d'inconfort, au milieu des sonneries, des cliquetis, cliquètements, des tintements, des tintinnabulations, tintinnabulements, des grillotis, des tic tac, ding dong, clic clic, bing, bang, bip bip bip bip, top top top top, au milieu de tous ces sons produits par les horloges, les montres, les pendules et les chronographes, qui rendraient dingue, fou à lier, fou furieux, dément, hystérique, jobard, barjo, sinoque, qui ôteraient toute capacité de concentration, de raisonnement, de déduction, de précision, de patience, d'attention, qui taperaient dans le crâne et sur les nerfs et sur le système et jusque dans la cage thoracique de tout autre que lui, se soit trompé, se soit laissé distraire, ait été perturbé, dérouté, ait manqué d'attention ? Comment croire que cette affaire de soixante mille

60 000 !

millièmes ne soit qu'une stupide et regrettable et ridicule et insignifiante petite erreur ? C'est proprement et littéralement impossible et impensable et inimaginable. Si ma minute, ma minute d'avance est imputable à l'horloger, le vendeur,

ceci reste cependant à prouver,
n'allons pas trop vite en besogne

si l'horloger, le commerçant est la cause de mon décalage, de mon anticipation d'une minute, s'il en est à l'origine, alors cette minute d'avance, ma minute d'avance, mes soixante mille millièmes de devancement, de précédent sont, ne peuvent être que volontaires. C'est intentionnellement et délibérément et a dessein qu'il a triché sur mon horaire.

lundi 25 mars 2019

Topor

Les textes, les livres que je lis peuvent être classés en différentes catégories :

- les livres, textes, qui ne me plaisent pas et que je ne finis pas. Ils sont nombreux. C'était même, il y a peu encore, l'écrasante majorité des livres que j'entamais... je suis, avec le (manque de) temps, devenu plus regardant, je choisis avec plus de parcimonie, plus d'habileté les livres que j'achète ou emprunte.

- les livres, textes, qui ne me plaisent pas mais que je finis. Ce sont les plus rares. L'exemple typique est le roman policier sans ambition, sans style, sans intérêt autre que le petit suspense que représente le twist final.

- les livres, textes, qui me plaisent mais que je ne finis pas. Ils sont loin d'être rares, ceux-ci, bien au contraire. Ce sont souvent des livres bien trop intelligents pour moi. Ils me vident, m'éreintent, je ne peux suivre sur la distance.

- les livres, textes, qui me plaisent mais qui me sont étrangers. Je les relirai peut-être, leur lecture m'a enchanté, j'ai pris quelques notes mais ils n'ont pas influé le cours de mon existence. Dernier exemple en date : Solal d'Albert Cohen.

- les livres, textes, qui ont changé ma vie. Ils sont étonnamment nombreux. Ils changent ma vision de la littérature, ouvrent des portes et des chemins qui m'étaient cachés dans le dédale des mots. Ils me donnent envie de réécrire tous mes textes pour approcher de leur éclat (et c'est évidemment un échec, comment pourrait-il en être autrement ?). Tout Gombrowicz, tout Thomas Bernhard, tout Céline rentrent par exemple dans cette catégorie.

- les livres, textes, qui m'arrachent le coeur, me tuent, me blessent, me mettent à genoux, me donnent envie de pleurer, d'en finir... car ils sont exactement les textes que je voudrais écrire, mot pour mot,  à la virgule près... mais je n'y arrive pas et surtout, je ne peux plus m'y atteler, à les écrire ces textes, car ils sont déjà là, dans les librairies, ils existent déjà...


Portait en pied de Suzanne de Roland Topor, découvert grâce à Eric Chevillard qui en faisait la promotion sur son blog (il a écrit la préface de la toute récente réédition aux éditions Wombat), fait assurément partie de cette dernière catégorie. Tout y est brillant, inventif, chaque paragraphe est une trouvaille incroyable et, en même temps, le texte reste limpide, évident... Comment lutter ?

dimanche 24 mars 2019

La Montre (1.11)

L'horloger, le vendeur, pas le fabricant que j'ai mis, lui et son mode d'emploi, provisoirement de côté pour continuer, pour poursuivre mon enquête, ni le réparateur,

je ne peux cependant exclure
que, le moment venu,
le vendeur se révèle
être également le réparateur -
comme les politiques avec leurs mandats
ou les poissonniers qui,
pour la plupart, cumulent
les fonctions poissonnières,
certains horlogers cumulent
probablement certainement à coup sûr
les fonctions horlogères

l'horloger, le commerçant donc, je me rappelle chacun de ses gestes. Je peux le garantir et le certifier,

d'un œil certes non expert -
je ne suis pas horloger,
ni vendeur, ni fabricant, ni réparateur,
ni porteur de montre
stricto sensu

le travail n'a pas été bâclé. Je le revois encore, le vendeur, l'horloger, distinctement, comme si c'était hier,

c'était effectivement hier

retrousser jusqu'au coude, de sa main gauche, la manche droite de sa chemise blanche à fines rayures bleues, tout en tournant dans le sens trigonométrique,

je ne ferai plus de commentaires
sur l'état des connaissances
ou d'ignorance scientifique(s)
et, plus particulièrement,
mathématique(s)
du personnage principal
et / ou du narrateur -
autant de contradictions,
ce ne peut être que voulu
de la part de l'auteur

le sens antihoraire, le sens inverse des aiguilles d'une montre,

le détail est révélateur,
il crève les yeux,
c'est l'évidence même...
une nouvelle fausse piste, obligatoirement -
il vaut mieux ne pas en tenir compte

 le poignet droit de 90°, consulter longuement

le temps de consultation
de la montre, de sa montre,
par l'horloger, le vendeur,
pas le fabricant ni le réparateur,
m'a paru long, très long,
plusieurs secondes,
cinq ou six,
peut-être dix ou douze ou vingt...
ce n'est qu'une impression,
je ne peux être plus précis,
je n'ai pas pensé à le chronométrer, l'horloger,
pendant qu'il consultait sa montre,
je n'avais alors aucune raison de le chronométrer,
l'horloger, pendant sa consultation,
je ne pouvais m'imaginer
que le temps de consultation, par l'horloger,
de sa montre, puisse avoir une importance quelconque,
je n'avais alors aucun moyen de le chronométrer,
l'horloger, pendant qu'il consultait sa montre,
puisque je n'avais pas de montre -
je n'ai d'ailleurs toujours pas de montre
stricto sensu -
et que l'expérience et son retour
auraient décrédibilisé a posteriori
toute tentative de chronométrage
à partir des pendules, horloges et montres
exposées dans cette boutique,
(pourtant une maison de confiance)
où des montres non à l'heure,
des montres qui ne sont pas des montres stricto sensu,
sont vendues

l'heure à sa montre avant de lentement, très lentement, très précisément, très méticuleusement faire tourner la molette idoine

toutes ces manoeuvres,
l'horloger les a effectués
sans même avoir besoin de consulter
le mode d'emploi qui fait également office
de notice de présentation
de la montre - qui n'était pas encore ma montre
mais n'allait pas tarder à le devenir, ma montre,
une montre certes pas stricto sensu -
preuve s'il en est qu'il savait ce qu'il faisait

de ma montre

ce que je croyais être ma montre,
une montre
une montre stricto sensu

et de la renfoncer, la molette, au moment opportun. Ça non, le travail n'a pas été bâclé...

vendredi 22 mars 2019

La Montre (1.10)

Les suspects. Ma liste n'est pas bien longue. Pour l'instant. Uniquement des horlogers.

Un mot bien étrange pour une profession qui ne l'est pas moins, horloger. Celui qui vend des montres ou des horloges ou des pendules ou des chronographes est horloger. Celui qui répare des montres ou des pendules ou des chronographes ou des horloges est horloger. Celui qui fabrique, produit des montres ou des chronographes ou des horloges ou des pendules est horloger. Celui qui conçoit des montres ou des horloges ou des chronographes ou des pendules est horloger.
C'est bien simple, tout individu, toute personne, le moindre péquin en contact, de près ou de loin, avec des montres ou des chronographes ou des horloges ou des pendules semble être horloger. Et celui qui remonte sa pendule ou son horloge ou sa montre ? Et celui qui - parlons-en, justement - remet sa montre ou son horloge ou sa pendule à l'heure, à l'heure officielle, l'heure du quatrième top ?

pour ma part, j'entends plutôt bip -
passons...

Et le passant qui consulte sa montre ou l'horloge du clocher ou de l'hôtel de ville pour renseigner un autre passant ? Ne sont-ils pas horlogers eux-aussi, à ce moment, à cet instant très précis où ils remontent ou remettent à l'heure ou consultent une montre ou une horloge ou une pendule, ne peuvent-ils pas être considérés comme horlogers ?

et, comme le dit le proverbe,
horloger un jour, horloger toujours

Voici que le cercle des horlogers s'élargit dans des proportions insoupçonnées, des proportions gigantesques. Il va me falloir être extrêmement précis et tatillon et exigeant et pinailleur et pointilleux au cours de cette enquête si je ne veux pas me laisser buser, abuser, tromper, embobiner, piéger, entortiller - rien ne ressemble plus à un horloger qu'un autre horloger, on a vite fait de les confondre et de suivre et poursuivre le mauvais...


Je n'ai qu'une certitude. Je n'ai pas de montre,

une montre est,
si j'en crois, si je me fie à mon dictionnaire,
un petit appareil portatif servant à donner l'heure
et
ma montre n'indique pas l'heure qu'il est
mais l'heure qu'il sera
dans une minute
elle ne peut donc être appelée montre
stricto sensu
conclusion : je n'ai donc pas de montre

je ne suis donc pas, je ne peux donc pas être, en aucun cas, horloger.

Combien sommes-nous encore dans cet état extra-horloger, je l'ignore. Peut-être suis-je le seul, le dernier, l'ultime... De là à croire que cette affaire d'une minute est la partie émergée, visible, tangible d'un complot ourdi par les horlogers contre le potentiel dernier et ultime et seul non-horloger que je suis, il n'y a qu'un pas... que je ne franchirai pas. Il s'agit de ne pas tomber dans la paranoïa...

jeudi 21 mars 2019

Mises au point (5)

Ceux à qui je fais lire mes textes me reprochent souvent que ceux-ci ne racontent rien...
Je ne suis pas tout à fait d'accord mais, pour ne pas entrer dans des débats sans fin, je le concède volontiers - je ne veux pas d'histoires...

mardi 19 mars 2019

La Montre (1.9)

La réponse, la solution à mon problème se trouve quelque part puisque cette réponse, cette solution existe.


il est certainement déjà arrivé -
j'en suis intimement persuadé -
qu'une montre ait une minute,
précisément une minute
d'avance -
et cette minute avait
une cause, une raison, une origine

Et je ne vois pas de meilleur endroit où la chercher cette solution, cette réponse, que dans la notice de présentation, dans le mode d'emploi. La réponse se trouve, doit se trouver, dans le mode d'emploi, dans la notice de présentation. Cachée, éventuellement. Il suffit peut-être certainement à coup sûr de savoir lire entre les lignes de la notice, du mode d'emploi, ou entre les mots, entre les lettres, entre les signes. D'en gratter certaines, des lettres, certains, des signes. D'en supprimer,

à la pointe du couteau,
ou du cutter,
ou d'un ciseau
(ne pas utiliser les ciseaux à bouts ronds,
leur efficacité,
dans ce genre, type d'opérations
est bien moindre) -
comment fait-on pour supprimer
les espaces ?

des lettres, certaines lettres seulement, bien choisies, ou des signes, certains, bien choisis. Ou d'en ajouter, des lettres et des signes bien choisis, à des endroits bien choisis, au milieu ou à la fin ou au début des mots, de certains mots bien choisis. Ou d'en remplacer, des lettres et des signes bien choisis par d'autres lettres et signes bien choisis.

J'envisage, pour faire apparaître une piste, un indice, une voie à suivre, plusieurs approches :

- méthodes systématiques, consistant à effacer en premier lieu toutes les consonnes ou toutes les voyelles ou tous les signes de ponctuation ou tous les h puis tous les o puis tous les r puis tous les l... ou une lettre sur deux ou sur trois ou sur dix ou en choisissant les positions correspondant à des nombres premiers, façon crible d'Ératosthène...

nouvelle contradiction, insuffisance,
dans la construction du narrateur
du personnage principal ?
n'était-il pas censé être
plus que mauvais en mathématiques ?

- méthodes basées sur le pur hasard,

si le hasard existe...
je n'y crois pas plus
qu'aux coïncidences,
qu'aux virus et bactéries,
qu'au bonheur, qu'à Dieu,
ou à la physique quantique
***
le chat de Schrödinger a pourtant été cité au début du texte... 

représenté par un lancer de dé(s), une roulette, les chiffres

les nombres ? les numéros ?

des derniers tirages de la loterie nationale...



Le mot précision, absolument, totalement, indubitablement incongru, déplacé, hors de propos dans la notice de présentation

et le mode d'emploi

d'une montre qui n'affiche pas, n'indique pas l'heure, qui n'affiche, n'indique l'heure qu'à une minute, soixante mille

60 000 !

millièmes près, semble un point de départ tout indiqué pour mes recherches, pour mes essais et tentatives de décryptage,

un point de départ
peut-être même trop évident,
assurément une fausse piste
mais il faut bien
commencer, débuter,
quelque part

mais, après, comment continuer, comment poursuivre ?


Et que vais-je découvrir ? mettre à jour ? révéler ? quelle vérité

si la vérité existe,
je n'y crois pas plus
qu'au hasard,
qu'à l'amour, qu'aux promesses des politiques,
qu'à l'âme et sa transmigration,
ou à la théorie des cordes

soustraite au premier regard et au plus grand nombre ? quelle vérité qu'ils, qu'on

quels qu'ils soient

a (ont) jugé plus sage, préférable de taire et de cacher ? une vérité qui dépasse peut-être le cadre étroit de cette seule et unique et isolée minute ?

qui sait ce que peut inventer,
ce dont est capable
un fabricant de montres,
quelles sont les limites de
l'imagination d'un fabricant
de montres
qui produit des montres
qui ne sont pas à l'heure ?

À la réflexion, en mérite-t-elle tant, des cachotteries, des secrets et des codes, cette minute ? Peu probable... Il y a sûrement plus gros, plus important derrière, un plus grand mystère. Et si j'y arrivais, si j'en venais à le décrypter, le déchiffrer, le décoder, le message dissimulé dans la notice de présentation

et le mode d'emploi

de la montre, qui sait à quoi je m'exposerais, à qui, à quoi je me frotterais : mafia, pègre, confrérie versée dans les sciences occultes,

alchimie, spiritisme, mantique
homéopathie, entomologie
hellénisme, cuisine moléculaire...

secte apocalyptique, groupe terroriste ?


Et ces véritables responsables, ces coupables

au diable
l'innocence de présomption

vont profiter du temps nécessaire à mes longues et, probablement, assurément, fatalement infructueuses recherches, pour préparer leur défense, pour se ménager une échappatoire. Ce n'est pas parce que j'ai une minute d'avance que j'en ai une à perdre... je remets mes grattages et tirages et remplaçages de lettres et de signes à plus tard. Il importe à l'enquêteur confronté à une affaire si peu ordinaire

il n'arrive heureusement
pas tous les jours
d'avoir une minute d'avance
à sa montre

de toujours garder à la main plusieurs fils.

cette allusion à des fils
semble provenir de la lecture de l'intégrale
des aventures de Sherlock Holmes par Conan Doyle
lue par l'auteur lors de la première rédaction
de La Montre

Si l'un des fils vient à casser, les doigts, loin d'être désœuvrés,

désœuvrement est mère d'oisiveté

peuvent alors tirer plus fort encore sur les autres fils, provoquant à coup sûr d'autres ruptures. Toute fausse piste, suivie jusqu'au bout et même au-delà, jusque dans l'impasse, accélère l'enquête.

raisonnement un peu confus
et qui contient une contradiction entre
le fait d'abandonner le décryptage du message
et la nécessité de suivre chaque piste jusqu'à son terme...

lundi 18 mars 2019

01-09

Notre dictionnaire comprend
Un nombre précis
Invariable
D'entrées

Chaque nouveau mot
En condamne
Un plus ancien
À la désuétude

Barbarisme

dimanche 17 mars 2019

La Montre (1.8)

Alors, certes, je le concède, je l'admets, j'avoue, il est très bien et très clairement et très limpidement expliqué, avec, en nombre, pour guider les moins débrouillards d'entre les porteurs de montres pas à l'heure, d'explicites et très illustratifs petits schémas et croquis,

les schémas et croquis sont identiques
dans les seize langues du mode d'emploi,
ce qui n'implique évidemment pas
que les schémas et croquis ont la même signification
dans les seize langues du mode d'emploi -
je ferai appel, si nécessaire, si besoin,
à un traducteur, un interprète,
un critique d'art

comment procéder pour remettre sa montre à l'heure.

Qu'ils, quels qu'ils soient, qu'on, qui que ce soit, ne compte(nt) cependant par sur moi pour obéir, obtempérer, sans discuter, sans contester, au garde-à-vous, petit doigt, auriculaire sur la couture du pantalon,

Sir, Yes, Sir
Monsieur, oui, Monsieur
Ô Capitaine, mon Capitaine

et pour la mettre, ma montre, à l'heure, pour changer d'une minute cette heure décalée affichée par ma montre depuis que je l'ai sortie, ma montre, de son paquet, et pour passer l'éponge aussi rapidement, aveuglément, facilement, aisément, comme si de rien n'était, sans que toute la lumière ne soit faite, sur ce mystère temporel.


Qu'ils, quels qu'ils soient, qu'on, qui que ce soit, ne s'attende(nt) cependant pas à ce que je me limite, me borne, me contente de joindre, d'ajouter une demande d'explications dactylographiée aux dizaines, centaines, milliers

combien ont-ils,
quels qu'ils soient,
pu en vendre de montres
de ce type ?
avec une minute d'avance ?

de lettres

manuscrites
ou tapées à la machine
ou à l'ordinateur

émanant de clients mécontents de l'heure affichée par leur montre, auxquels ils, elles, on

quel(le)s qu'ils, qu'elles soient

aura(ont) répondu par un courrier-type teinté, imprégné, gorgé d'une grinçante ironie,

que j'aurais mis des semaines
et de nombreuses lectures et relectures
à saisir, comprendre -
je ne suis pas très doué
en second degré
et procédés rhétoriques

les invitant, les clients mécontents, à se reporter à la notice de présentation,

qui fait,
par la même occasion,
office de mode d'emploi

au Paragraphe 5 : Procédure de Remise à l'Heure de la Montre, les invitant, en somme, en résumé, en conclusion, bien qu'ils n'y avaient pas trouvé, en premier lieu, de réponses claires et suffisantes à leurs questions directes, raisonnables et légitimes, à retourner, revenir à leur point de départ.

on n'en a,
je le pressens,
pas fini
avec les retours en arrière

Non, aucune demande d'explications supplémentaires de ma part.

Je n'écrirai pas.

samedi 16 mars 2019

Écriture

Quand j'écris, quand je crée, produis du texte, court ou long, j'aime :

- construire des mauvais jeux de mots

- faire référence à des éléments, utiliser du matériel extérieurs à la littérature (je n'hésiterai pas à citer du Neil Young)

- utiliser le "je", la première personne du singulier, pour brouiller la frontière entre auteur, narrateur et personnage principal

- utiliser des éléments personnels, de ma vie quotidienne (moi, pas MLM, mais moi, derrière MLM) pour accentuer cette confusion

- accumuler des synonymes, mots de sens proches, non pour préciser le sens des mots et de la phrase mais, au contraire, pour rendre leur sens le plus flou possible

- faire des listes

vendredi 15 mars 2019

La Montre (1.7)

On n'écrit, on n'imprime, on ne diffuse, on ne distribue pas un mode d'emploi

qui fait également office de notice de présentation

qui ne répondrait à toutes les questions qu'une personne sensée et raisonnable et cartésienne

et je pense, je crois, j'estime être
une personne sensée et cartésienne et raisonnable -
il faudrait être littéralement fou, dérangé, siphonné
pour se déclarer, se présenter, s'imaginer fou, barjot, désaxé
et je ne pense pas l'être, fou

puisse être amenée à se poser. À quoi, comment, à qui, sinon, servirait-il, ce mode d'emploi ?

qui remplit aussi la fonction de notice de présentation

La solution, une solution au problème qui est le mien, au problème qui me préoccupe, à un problème d'une telle importance, d'une telle ampleur,

60000, ce n'est tout de même pas rien

y figure forcément, obligatoirement, inexorablement. Tant d'esprits rigoureux et pragmatiques,

ingénieurs, chercheurs, techniciens
chargés de stratégie marketing, publicitaires,
rédacteurs, illustrateurs,
dessinateurs, peintres, sculpteurs,
grammairiens, philologues,
traducteurs, interprètes, linguistes,
que sais-je ?

tant de gens sérieux et importants avec costume cintré et cravate assortie et chaussures cirées et chemise repassée et pantalon parfaitement ourleté et ongles soignés et barbe taillée et dentition vérifiée bi annuellement et alliance en platine et badge nominatif

que j'aimerais avoir mon nom
sur un badge
et que les inconnus
pour me jauger, me juger
aient à baisser les yeux
et non à me toiser du regard

et montre (à l'heure) ne se sont pas réunis, plusieurs fois, à intervalles réguliers, n'ont pas débattu sur le contenu de ce mode d'emploi,

qui tient simultanément lieu de notice de présentation

n'ont pas pesé chaque mot de ce mode d'emploi,

et de cette notice de présentation
en même temps

n'ont pas épluché dictionnaires et encyclopédies en quête d'usages rares et de synonymes, n'ont pas, après mûre et longue réflexion, décidé de souligner tel mot ou de mettre tel autre mot en italique, pour pondre, pour accoucher d'un mode d'emploi

et d'une notice de présentation

qui occulterait un point aussi essentiel, aussi crucial.

jeudi 14 mars 2019

La Vague

Chaque fois que je me trouve à Rennes - cela n'arrive certes pas si souvent - je ne manque pas de me rendre au Musée des Beaux-Arts de la ville. Systématiquement. Je me réserve, je me programme deux heures, dans tout séjour rennais, pour me rendre au Musée des Beaux-Arts. Inutile de discuter, de marchander, à Rennes, je veux, je dois aller au Musée des Beaux-Arts.

Au Musée des Beaux-Arts de Rennes, dans les collections permanentes, exposé au premier étage, se trouve un de mes tableaux préférés, peut-être mon tableau préféré. Un peu (carrément) snob, je chéris davantage les œuvres mineures, modestes, que les chefs-d'œuvre que tout un chacun connaît (et apprécie). Il s'agit d'une tempera de Georges Lacombe peinte vers 1892-1894 et intitulée "Marine bleue. Effets de vague".
Pour la description, je me contenterai de citer l'artiste lui-même - je ne ferai pas mieux, je n'en suis pas capable :
"La mer trace comme à plaisir ses magnifiques réseaux, ses dentelles d'écaille et de plumes d'oiseaux".

Je ne manque jamais une occasion, quand je suis à Rennes, d'aller admirer cette marine au Musée des Beaux-Arts. Et chaque fois, je suis ébahi, renversé, estomaqué. Chaque fois, je passe de longues minutes devant la toile, assis puis debout, assis de nouveau. Chaque fois, je m'approche, je m'éloigne, je la regarde sous tous les angles, sous toutes les coutures. Chaque fois, j'ai envie d'applaudir, de crier des bravo, des bravissimo. Chaque fois un peu plus amoureux. Et chaque fois, je (me) fais le serment de revenir, la prochaine fois que je serai à Rennes, au Musée des Beaux-Arts, pour et uniquement pour "Marine bleue, effets de vague" de Georges Lacombe.

Et voici, je l'apprends, que "Marine bleue, effets de vague" est exposée au Musée d'Orsay (bien plus proche de chez moi que ne l'est le Musée des Beaux-Arts de Rennes) pour quelques semaines, quelques mois, dans le cadre d'une exposition sur les Nabis.

Je ne sais pas si j'irai la voir. J'ai peur d'être déçu.

mercredi 13 mars 2019

Démons (2)

Le triptyque démoniaque

Librement inspiré d'une mosaïque du Baptistère Saint-Jean de Florence
(9 x 8 cm)

Très librement inspiré d'une sculpture de David Ferrer
(7 x 8 cm)

Copie d'après Nichinen
(9 x 8 cm)

Croquis - carnet de MLM

mardi 12 mars 2019

La Montre (1.6)

Une précision rarement atteinte, c'est ce que prétend, avance, annonce fièrement, vaniteusement, orgueilleusement le fabricant

dont je tairai le nom, pas la peine d'insister

dans sa notice de présentation.

qui fait également office de mode d'emploi


Une minute, une rareté ? Peut-on qualifier une minute de rareté ? Une minute est-elle, peut-elle être une rareté ? Est-ce rare, une minute ?

Si on la considère, seule, isolée, unique, je veux bien l'admettre, qu'elle soit rare, cette minute, ok. Mais, tout de même, une minute, c'est soixante (60) secondes.

c'est une définition,
ce n'est pas une conversion,
pas besoin de calcul

Et là, pour la rareté, il faudra repasser... 60 ! Soixante ! Non, ce n'est pas rien, ce n'est pas rare. L'affaire prend de l'épaisseur, indubitablement.

Et en millième, cela doit donner dans les 60 000 (soixante mille) si je ne me buse, si je ne m'abuse, si je ne me trompé-je...
SOIXANTE MILLE !
Voilà bien pourquoi je déteste les opérations, sommes et différences et exponentielles et diviseurs et numérateurs... Une seule et unique et petite et ridicule opération de rien du tout, une simple multiplication par mille (1000)

une opération à la portée de n'importe qui,
y compris d'un anumérique comme moi,
ajouter trois zéros à la droite du nombre -
ou déplacer la virgule de trois rangs vers la gauche
ou vers la droite
non, c'est bien vers la gauche,
ou plutôt...
bref, il n'y avait pas de virgule ici

effectuée par mégarde, sans y penser, sans le vouloir, par un malencontreux réflexe, une toute petite opération et j'ai déjà le vertige et la nausée et la gerbe. L'immense résultat de cette opération minuscule,

minimmensité de la multiplication par 1000

me donne des sueurs froides et des haut-le-cœur et des frissons et des nœuds à l'estomac et la nausée et le vertige et la gerbe.

Une minute, une seule, isolée, unique, abandonnée, orpheline, on pourrait encore, à la rigueur, passer outre, n'y pas faire attention, l'ignorer. Moi-même, à la longue, au prix d'énormes efforts, en fermant les yeux et en serrant les dents, j'aurais pu tenter de l'oublier, la minute, j'aurais pu m'y conformer, à cette minute, m'y habituer, à cette seule et unique et isolée minute...
Mais soixante mille ! 60 000 ! La taille d'une petite ville, une préfecture ou une sous-préfecture. Et il faudrait les négliger ces soixante mille ? Les laisser à la marge? Pertes et profits ? Dommages collatéraux ?

Il faut se rendre compte, il faut comparer, proportionner, proportionnaliser. Négligerait-on 60 000 minutes ?

pour ceux qui désirent faire les comptes,
60 000 minutes représentent 1000 heures,
plus de 40 jours
Matthieu 4, 1 -11
Marc 1, 12-13
Luc 4, 1-13

Négligerait-on 60 000 heures ?

soit dans les 2500 jours,
plus de 7 ans

Négligerait-on 60 000 jours ?

plus de 160 ans

Non. La(es) réponse(s) est (sont) non, non et non. Soixante mille est un chiffre, un nombre, un numéro non négligeables, on ne peut les laisser de côté, on ne peut passer outre le vertige et la nausée et la gerbe, non on ne peut faire comme si, je ne peux faire comme si, je ne peux passer outre la gerbe et la nausée et le vertige... un nombre incontournable, trop grand, trop effrayant, trop intimidant.

Il va bien falloir tirer cette histoire au clair, je n'ai pas le choix.

lundi 11 mars 2019

dimanche 10 mars 2019

La Montre (1.5)

17, dix-sept, le chiffre

le chiffre ? le nombre ?
17 est-il un chiffre ? un nombre ?
je n'ai jamais compris la différence
entre chiffres et nombres,
mon prof de maths de quatrième -
que j'ai pu le détester, ce pantin
pour qui diviser deux fractions,
jongler avec les puissances,
calculer des hypothénuses, hippoténuses, hyppoténuses,
hippothénuses, hypoténuses, hyppoténuses...
relevait à la fois de l'évidence
et des savoirs soi-disant fondamentaux ;
je l'imaginais passer ses soirées, triste et seul,
devant son téléviseur,
 devant Des Chiffres et des Lettres
et ne jouer qu'au Compte est Bon -
répétait inlassablement,
dès que nous, ses élèves, faisions la confusion, que
"les chiffres sont aux nombres
ce que les lettres sont aux mots"
ce qui, évidemment,
ne m'a pas vraiment aidé,
ne m'a pas vraiment éclairé
****
il y a ici une évidente incohérence,
dans la construction du personnage principal / narrateur,
entre cette nullité crasse revendiquée en mathématiques
et les références de la première page à la recherche scientifique -
le personnage principal est-il un scientifique ?
se rêve-t-il scientifique ?
jouait-il au scientifique ?
caricaturait-il ?
ce n'est pas très clair...

m'obsède, me tracasse, me contrarie, me turlupine, me tarabuste.
Dix-sept secondes - un siècle. 1 siècle, 17 secondes. XVII - I. Ils sont là, devant moi, ce 1 et ce 17, à disposition, je les ai recopiés, ce 17 et ce 1, sur une feuille de brouillon,

qu'est-ce qui distingue une feuille de brouillon,
d'une feuille normale, banale,
d'une feuille volante parmi les autres ?
voilà une excellente idée de texte,
à noter
(sur une feuille de brouillon)
pour plus tard

et je ne sais qu'en faire, de ce 17 et de ce 1, je ne sais quelle opération, quel système leur appliquer à ce 17 et à ce 1.


L'arithmétique n'est point mon point fort, ce n'est point un secret. Le calcul, les retenues, les restes, les chiffres

 les nombres ?

significatifs, les exposants, les puissances, les dividendes, les radicaux, les diviseurs, les produits, les multiples, les quotients, les termes, les facteurs... tout cela me dégoute et m'ennuie, m'a toujours dégouté et ennuyé, me dégoutera et m'ennuiera toujours.

je m'avance un peu avec ce(s) futur(s)
"dégoutera" et "ennuiera" -
peut-être un jour, bientôt, demain,
aurai-je la révélation,
révolution euclidienne, pythagoricienne...
je suis cependant prêt à prendre les paris que non



Restons terre à terre. Ne compliquons pas les choses plus qu'elles ne le sont, compliquées. Et si, tout bêtement, dix-sept (17) secondes en un (1) siècle, ramenées à une journée,

à peu près une journée,
une journée grosso modo,
je ne peux être plus exact, précis,
je n'ai noté ni l'heure exacte d'achat de la montre
ni l'heure exacte d'ouverture du paquet
je n'avais,
au moment de l'achat de la montre,
comme au moment de l'ouverture du paquet,
aucune raison de penser que ces heures
et leur exactitudes puissent avoir la moindre importance
aucun moyen de relever ces heures
dans toute leur précision
dans toute leur exactitude
puisque je n'avais pas de montre
et que c'est d'ailleurs cette absence de montre en ma possession
qui expliquait que j'en achetais une,
de montre

cela faisait exactement, précisément, tout pile, une minute ? Une minute pleine et entière et exacte et précise ? Une minute dans la plénitude et la complétude de sa totale précision ? Et si mon infirmité calculatoire, ce refus catégorique de sauter l'obstacle de la division ou de la multiplication ou du logarithme ou de la factorielle

que sais-je quelle opération utiliser
pour résoudre mon problème ?

me causaient de vaines et inutiles inquiétudes ? Et si j'étais prêt à remuer ciel et terre et mer pour bien peu, pour un simple défaut, un simple manque de calculatrice ?


Pour autant, cependant, il ne faut pas croire, il ne faut pas déduire, conclure, en arriver à penser, espérer, s'illusionner que je vais me laisser berner, enfumer, entuber par quelques savants calculs ornés de symboles ésotériques cabalistiques comme savent si bien en inventer les matheux pour rendre leurs soi-disant démonstrations hermétiques à qui n'appartiendrait pas à leur secte...

que nul n'entre ici s'il n'est géomètre

L'affaire ne s'arrête pas là. Certainement pas. Pas pour moi. Il va m'en falloir un peu plus, des explications. Et de plus limpides. Et de plus convaincantes.

samedi 9 mars 2019

01-10





Sur les rides de l'eau
Nous composons
Des images du passé
Que nos souvenirs effacent
Par ricochet

Nostalgie


Photo : David Ferrer

vendredi 8 mars 2019

La Montre (1.4)

Le fabricant, dont je tairai le nom pour d'évidentes raisons légales et judiciaires et diffamatoires et publicitaires, dans une notice de présentation (qui fait également office de mode d'emploi) de seize (16) pages pour autant de langues, me félicite


c'est étrange cette félicitation, non ?
inattendue, déroutante, inquiétante, imméritée
qu'ai-je donc fait qui appelle des louanges ?
il y a ici un mystère, une piste à creuser -
j'y reviendrai en temps voulu 
ou en temps imposé

pour l'acquisition de ce bijou

le mot bijou est en italique dans la notice

de mécanique, héritage de la longue tradition horlogère helvétique, le garantit à vie

le mot vie est souligné dans la notice

et assure à l'utilisateur

à moi, par conséquent,
si je comprends bien

une précision rarement atteinte à ce jour : dans les conditions normales d'utilisation, l'écart mesuré avec les horloges atomiques de référence ne dépasse pas dix-sept secondes par siècle. Je vous épargne les recommandations usuelles qui suivent et qu'habituellement personne, moi y compris, ne lit - les circonstances exceptionnelles

il n'arrive heureusement pas tous les jours
d'avoir une minute d'avance à sa montre

ne me feront pas déroger à la règle.

Quelques fautes d'orthographe et / ou de grammaire mises à part, les pages en français, anglais et allemand de la notice de présentation qui tient également lieu de mode d'emploi ne me semblent que des traductions littérales l'une de l'autre, ce qui me dissuade

du moins, temporairement

d'apprendre les treize (13) autres langues

et les quatre (4) alphabets barbares

utilisées dans la notice (et mode d'emploi) pour tenter d'en savoir plus.

jeudi 7 mars 2019

La Roulette Russe (6)

Certaines fédérations nationales de Roulette Russe exige un certificat de mauvaise santé avant de délivrer une licence de compétition.


Dans certains pays, les joueurs de Roulette Russe sont considérés, admirés, vénérés comme des demi-dieux. Demi- seulement, car ils se révèlent tôt ou tard (et même plutôt tôt que tard) mortels.


À l'instar des échecs ou du bridge, le CIO a refusé l'inscription de la Roulette Russe aux JO, jugeant ce sport bien trop cérébral.

mercredi 6 mars 2019

Commande (1)

Le travail pour le mécène avance... toujours au stade des études pour l'instant...

Copie d'après Yashima Gakutei
"Navire entrant dans le port du mont Tempô"
(24 x 32 cm)

mardi 5 mars 2019

La Montre (1.3)

J'ai acheté cette montre

ma montre désormais
ma nouvelle montre

hier soir

je n'ai pas noté l'heure exacte d'achat,
je n'avais, au moment d'acheter cette montre,
aucune raison de noter l'heure exacte
à laquelle j'achetais cette montre -
qui, à cette occasion, par le biais de cet achat,
devenait ma montre -
je n'avais, au moment d'acheter la montre,
aucun moyen de relever l'heure exacte d'achat de ma montre
puisqu'à ce moment, je n'avais pas de montre -
c'est justement parce que je n'avais pas de montre
que je m'étais décidé à acheter une montre
et que, par la suite, une fois dans la boutique,
mon choix s'était porté sur cette montre,
ma montre à présent -
comment imaginer,
au moment de l'achat -
je ne suis pas,
malgré tous les tocs, tics et manies
que je me suis imposés, inculqués au cours des années,
si prévoyant, si méfiant, si paranoïaque -
que l'heure d'achat puisse avoir une importance quelconque...
la fermeture de la boutique approchait,
j'étais (probablement), je fus (probablement) le dernier client -
m'éloignant, le pas et le cœur légers,
insoupçonneux, loin de me douter,
le sac de papier contenant le paquet contenant ma montre en main,
j'ai entendu (sans me retourner)
l'horloger baisser son rideau de fer -
je ne peux être plus précis

dans une boutique réputée

"une maison de confiance"
selon les mots exacts de mon grand-père qui,
s'il est vrai qu'il l'accordait un peu trop facilement, sa confiance,
la retirait plus prestement, plus rapidement encore, sa confiance,
et de façon définitive, irrévocable,
lorsqu'il se sentait, à tort ou à raison,
trahi, dupé, trompé,
lorsque, selon sa propre et imagée expression,
"on lui avait chié dans les bottes"

de la vieille ville : L'Horloger de St Paul.

avant d'opter pour cette référence
à un film que je n'ai pourtant pas (encore ?) vu,
et qui se déroule à Lyon,
mais qui pourrait faire penser que mon récit se déroule à Paris,
dans mon quartier préféré, mon village préféré de Paris,
ce que je ne souhaite ni démentir ni confirmer -
nous en resterons au stade des insinuations -
j'avais pensé à différents jeux de mots pour baptiser la boutique :
L'Heure de Pointe
L'Heure de Plaire
L'Heure et Loir
mais ce genre d'enseigne au jeu de mots tiré par les cheveux
est plutôt l'apanage des coiffeurs :
Faudra Tif'Hair
L'Hair du temps
Sup'Hair Belle
Ryan Hair
...

C'est mon cadeau d'anniversaire. Je me l'offre, je déteste les surprises.

bonnes, elles me laissent, les surprises, sans voix
(l'émotion, la joie intense)
et il n'est rien que je trouve plus désagréable
(pour un aspirant écrivain)
que de ne pas trouver mes mots,
mauvaises, elles me laissent, les surprises, sans voix
(la colère, la déception)
et il n'est rien que je trouve plus embarrassant
(pour un aspirant écrivain)
que de ne pas trouver mes mots
***
c'est parti pour la description,
annoncée précédemment,
de la montre, de ma montre,
ça me paraît être le moment le plus opportun

Aucune fantaisie, aucune fioriture, aucune extravagance, aucune concession à la mode :

si toutefois il existe une mode horlogère -
ce dont je doute fort

un corps métallique argenté, un cadran blanc cerclé de doré aux douze (XII) nombres romains noirs régulièrement répartis sur le pourtour, trois aiguilles (III) indiquant respectivement, de la plus large à la plus fine et de la plus courte à la plus longue, les heures, les minutes et les secondes. J'ai préféré un bracelet en cuir. Les petits crochets des bracelets en métal sont trop fragiles pour quelqu'un d'aussi peu soigneux que moi. Je les use et les brise en un rien de temps, les petits crochets des bracelets de métal, en quelques jours ou semaines à peine. Je n'ai pas le budget pour changer de bracelet de montre si souvent.

Je n'ai ouvert le paquet cadeau en kraft bleu confectionné par le vendeur

par l'horloger -
nous y reviendrons

que ce soir,

je n'ai pas noté l'heure exacte d'ouverture,
je n'avais aucune raison,
au moment d'ouvrir le paquet,
de penser que l'heure exacte d'ouverture du paquet
puisse avoir une importance quelconque -
je n'avais de toute façon
aucun moyen de connaître, relever, noter
l'heure exacte d'ouverture du paquet
puisque je n'avais pas de montre
autre que celle qui se trouvait justement
dans le paquet,
inaccessible, inatteignable, inconsultable,
jusqu'à l'ouverture dudit paquet,
ma nouvelle montre,
que je m'offrais pour mon anniversaire -
on n'est jamais mieux servi que par soi-même

je n'allais tout de même pas anticiper mes trente (30, XXX) ans.

lundi 4 mars 2019

Insomnie

Pas (peu) dormi de samedi à dimanche.
Ai songé une bonne partie de la soirée puis de la nuit à tout abandonner, à fermer, crasher ce blog, à déchirer mes dessins, à jeter, brûler mes brouillons et mes cahiers, à vider, purger mes disques durs. Pourquoi continuer, à quoi bon écrire, tenter d'écrire, à quoi bon se creuser la tête, pourquoi (osons le mot) se torturer pour un résultat aussi faiblard ?

Puis, ne trouvant toujours pas le sommeil, j'ai trouvé deux trois raisons de continuer, de persévérer, d'écrire encore et de publier ma production. On ne se débarrasse pas de moi si aisément.
Mes nuits blanches, cher lecteur, ne te réussissent décidément pas...





Que j'aimerais être un bon écrivain (quoique cela signifie) et que mes lamentations, mes jérémiades quant à la piètre qualité de mes textes ne soient que de la fausse modestie.

dimanche 3 mars 2019

La Montre (1.2)

Tous les résultats concordent. Pas même un artefact. Je tiens à la disposition des plus exigeants, des plus pointilleux, des plus tatillons, des pinailleurs, des coupeurs de cheveux en quatre, des enculeurs de mouches, de toute la clique des indécrottables sceptiques, de la cohorte de Saint-Thomas

Jean 20, 24-29

abonnés à Nature, La Recherche ou Sciences et Vie Junior, qui ne sauraient exiger rien d'autre que de l'irréfutable, de l'indubitable et du reproductible, la transcription détaillée du protocole suivi lors de mes séries de mesures, des copies

certifiées conformes par un organisme agréé

de mes relevés téléphoniques,

Cent trente huit minutes et vingt-six secondes
(138 min 26 s)
de communication avec le 3699
(trente-six quatre-vingt-dix-neuf)

la notice technique, le mode d'emploi et la facture de tous les appareils de mesure

thermomètre, luxmètre, anémomètre,
podomètre, ampèremètre, voltmètre,
endomètre, galvanomètre, ceilomètre,
conomètre, butyromètre, géomètre,
hectomètre, applaudimètre, odomètre,
mustimètre, microbolomètre, tachymètre,
sphéromètre, interféromètre

et d'enregistrement utilisés,

appareil photographique Nikon D610
équipé d'un objectif Nikkor 50 mm 1:1.8 G,
appareil photographique Leica IIIf de 1950
équipé d'un objectif Summarit f: 1,5/5 cm,
appareil photographique Polaroïd ONE600,
magnétophone Ballfinger M-063,
microphone Shure SM58 LC,
dictaphone Philips DVT7500,
caméscope Panasonic HC-MDH3E,
bandes magnétiques Kodak,
sismographe Terraloc Pro 2,
cabine Voice-o-Graph de 1947,
cylindres phonographiques Edison Blue Amberol Records,
films photographiques Agfa 200 ASA et Fuji 1600 ISO,
clé USB 3.0 EMTEC C410 64 Go,
cartes mémoire SanDisk 32 GB,
machine à écrire Japy Modèle Standard Type 121,
feuilles blanches Datacopy 80 g/m²,
...
le lecteur, s'il le désire,
allongera et complètera cette liste -
en partie constituée à partir des sites internet de Darty et la FNAC -
pour ma part, à mon humble avis,
l'effet comique de l'accumulation de références,
pour les unes sérieuses,
pour les autres saugrenues, absurdes,
est déjà éventé,
je ne souhaite pas provoquer agacement et ennui et irritation
dès à présent, immédiatement -
ça viendra bien assez tôt

les dizaines, centaines, milliers de photographies prises lors des mesures,

mon bureau,
l'instable tas de papiers, feuilles, livres et magazines sur mon bureau,
mon téléphone sur mon bureau,
ma montre posée sur mon bureau,
ma montre à mon poignet gauche,
ma montre à mon poignet droit,
ma montre dans ma main gauche, dans ma main droite,
selfies (non aux anglicismes),
autoportraits au téléphone dans diverses postures d'attentive écoute
(assis au bureau, assis sur le bureau, debout près du bureau, allongé sous le bureau...),
autoportraits en scientifique (blouse blanche immaculée),
notant mes observations dans mes carnets,
sur mon ordinateur ou sur ma machine à écrire,
autoportraits lisant l'heure,
les yeux fixés sur le cadran de la montre, de ma montre,
autoportraits en penseur
cherchant à  m'imaginer, me représenter
l'étendue possible des conséquences de mes découvertes

les enregistrements sonores


quelques exemples de messages de l'horloge parlante,
les top(s) qui sonnent plutôt comme des bip(s) - passons...
le tic tac de la montre - nous y reviendrons -
les cliquetis de la machine à écrire, du clavier de l'ordinateur,
les bruits de déclenchement des différents appareils photographiques,
le son de mise en route du magnétophone,
observations orales (monologues par moi-même),
hypothèses diverses sur l'origine desdites observations (monologues par moi-même),
conséquences possibles desdites observations (monologues par moi-même)

et vidéos effectués,


un tour de cadran de ma montre par la trotteuse de ma montre,
moi-même composant sur mon téléphone les quatre chiffres
trois (3), six (6), neuf (9), neuf (9) du numéro de l'horloge parlante,
moi-même au téléphone (film muet),
moi-même lisant l'heure (film muet),
moi-même écrivant dans un carnet ou sur quelque feuille volante,
moi-même rédigeant mes observations à l'ordinateur ou sur ma machine à écrire,
moi-même conversant avec mon dictaphone,

les tableaux de mesure remplis ainsi que des diagrammes et des graphiques


réalisés à la main, sur papier millimétré Canson
ou à l'aide des logiciels Excel et LibreOffice Calc

exposant de manière synthétique l'ensemble des résultats,


écart entre l'heure affichée par ma montre et l'heure officielle
telle qu'annoncée par l'horloge parlante
en fonction de l'heure affichée par ma montre,
en fonction de l'heure officielle annoncée par l'horloge parlante,
en fonction de la température,
en fonction de l'éclairement
(même si, faute de pouvoir distinguer graduations et aiguilles sur ma montre,
je n'ai pu réaliser de mesures sous de trop faibles luminosités),
en fonction du taux d'humidité de la pièce,
en fonction de l'intensité du courant d'air qui me glace le dos
(il faut vraiment que je songe à faire remplacer les vitres cassées),
en fonction de l'éloignement de ma montre par rapport au téléphone,
en fonction du volume sonore atteint par les bruits de la rue
...
là encore, le lecteur peut en rajouter s'il n'en a pas assez

où ne sont tracées que des lignes absolument, résolument, rigoureusement, désespérément droites, sans une inflexion, rayon de courbure infini. La conclusion est sans appel : ma montre avance d'une minute. Ma nouvelle


j'engage, j'invite, je didascalie
le comédien chargé de l'enregistrement
de l'audiobook (mort aux anglicismes) de La Montre
à fortement accentuer les mots soulignés dans le texte -
comme s'il expulsait, éternuait, crachait le ou les mots concernés ;
dans le cadre d'un lecture publique,
quelques postillons lancés sur les spectateurs
qui se seraient égarés aux premiers rangs de l'audience clairsemée
seraient du meilleur effet

montre avance d'une minute.