Évidemment, c'est toujours dans ces circonstances, quand enfin les planètes s'alignent et vous offrent votre warholien quart d'heure de gloire, que les témoins s'évanouissent et se dissipent et disparaissent. Aucun spectateur, aucun public. Personne pour applaudir, personne pour acclamer, personne pour lancer des hourras et des vivas, personne pour envoyer des fleurs, des peluches, des baisers ou des petites culottes, personne pour filmer, personne à saluer, à révérencer. Pas une fan, une groupie enamourée pour réchauffer, ce soir, mon lit. J'étais seul dans l'avenue comme je suis seul dans la vie, à jouir en solitaire de mon propre spectacle.
Il est statistiquement impossible, que cette rue soit vide, vidée de toute vie humaine. Ce boulevard n'est jamais désert, jamais déserté. Depuis sa construction, depuis son tracé, il y a toujours eu des gens dans cette artère, des ouvriers de la voirie, des passants, des curieux, des marchands de corps et de biens, des trafiquants, de la flicaille, des égarés, des mendiants, des pressés, des flâneurs, des en retard, des en avance, des à l'heure, des cocos, des fachos, des petites crapules de centre-gauche, des homos, des hétéros, des qui-se-cherchent, des jeunes, des vieux, des pas d'âge, des entre-deux-âges, des petits génies, des crétins, des étrangers, des indigènes... la présence y est ininterrompue, la foule y pulse, constamment et irrévocablement. La métaphore de mon isolement est un peu trop appuyée.
Cette inexplicable absence, ce vide humain, ce néant anthropomorphique m'offrit cependant l'occasion, l'opportunité de me lâcher, de me défouler, de m'exprimer sans avoir à me soucier du qu'en-dira-t-on ? J'ai profité de la totale surdité de la rue, de la plus complète désertion des potentiels témoins auditifs (auxquels, avec la grossièreté de mon vocabulaire, j'aurais pu écorcher les très chastes oreilles) pour proférer, pour balancer une flopée, une longue litanie de jurons et de blasphèmes et d'immondices - nombre de ces insultes et outrages étaient de mon cru, j'ai une inventivité sans égale en la matière ; je ne les reproduirais cependant pas ici par égard pour ma mère qui lira probablement ces lignes et serait choquée de tels dérapages verbaux, ce n'est pas ainsi que je t'ai élevé mon fils - en direction de la peau de banane.
C'est bien simple, j'ai traité cette peau de banane (et même, je crois me souvenir, cette banane dans son intégralité) de tous les noms possibles et imaginables, je me suis adressé à elle d'une façon dont, en temps normal, je n'aurais même pas osé m'adresser à une bette - pourtant, à mon humble avis, le pire des légumes parmi le pire des légumes, un légume qui ne mérite que haine et rejet et anathèmes.
Cette inexplicable absence, ce vide humain, ce néant anthropomorphique m'offrit cependant l'occasion, l'opportunité de me lâcher, de me défouler, de m'exprimer sans avoir à me soucier du qu'en-dira-t-on ? J'ai profité de la totale surdité de la rue, de la plus complète désertion des potentiels témoins auditifs (auxquels, avec la grossièreté de mon vocabulaire, j'aurais pu écorcher les très chastes oreilles) pour proférer, pour balancer une flopée, une longue litanie de jurons et de blasphèmes et d'immondices - nombre de ces insultes et outrages étaient de mon cru, j'ai une inventivité sans égale en la matière ; je ne les reproduirais cependant pas ici par égard pour ma mère qui lira probablement ces lignes et serait choquée de tels dérapages verbaux, ce n'est pas ainsi que je t'ai élevé mon fils - en direction de la peau de banane.
C'est bien simple, j'ai traité cette peau de banane (et même, je crois me souvenir, cette banane dans son intégralité) de tous les noms possibles et imaginables, je me suis adressé à elle d'une façon dont, en temps normal, je n'aurais même pas osé m'adresser à une bette - pourtant, à mon humble avis, le pire des légumes parmi le pire des légumes, un légume qui ne mérite que haine et rejet et anathèmes.
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