Devrais-je m’excuser d’être si doué ? Devrais-je jouer les faux modestes ? Devrais-je rester dans l’ombre des médiocres ? Ne serait-ce pas, au contraire, un crime, de ne pas éclabousser le monde et l’univers de mon immense génie ? De ne pas faire profiter le monde et l’univers et l’humanité de ce que je suis capable de leur offrir ?
Jusqu’alors, je me suis fait discret. Je me suis retenu, contenu. J’ai mis le frein. Je me suis interdit. J’ai fait d’immenses efforts pour ne point trop briller. Pour ne point trop en faire. Pour me contenter. D’écrire. De peindre. De courir. De faire l’amour. De mitonner. Aux yeux du monde. Jusqu’à aujourd’hui.
Il est grand temps désormais que j’entre pleinement dans la lumière, dans le halo, dans le spot. Que je m’expose. Que je me livre. Complètement. Nu mais pas vulnérable. Fier de ce que je suis.
Ils seront bien étonnés, tous, vous serez bien étonnés, tous, quand je lèverai, dans un instant, dans quelques lignes, dans quelques mots, le voile sur mon jardin secret. Le titre de ce texte vous a certainement mis la puce à l’oreille - ça vous démange du lobe au marteau. Je ne perdrai pas davantage de temps avec un suspens factice. Autant l’avouer immédiatement, sans plus de détour : j’ai un autre talent. Encore un. Un talent caché. Dont je n’avais jusqu’à présent parlé à personne. Dont je n’avais jusqu’à présent fait montre à personne. Un talent plus grand encore.
Pour la musique.
Pour la musique.
Je suis un écrivain fantastique. Certes. Un peintre époustouflant. Certes. Un amant infatigable. Certes. Un sportif émérite. Certes. Un cuisinier merveilleux - Le Piano de MLM pourrait bien faire un four. Tout ceci, je l’ai dit ; tout ceci, tout le monde en est bien conscient.
Je dois cependant le reconnaître : des écrivains aussi doués que moi, il y en a ; des peintres aussi doués que moi, il y en a ; des sportifs aussi doués que moi, il y en a ; des amants aussi doués que moi, il y en a ; des cuisiniers aussi doués que moi, il y en a. Je ne connais, il est vrai, personne qui soit aussi doué que moi à la fois pour la littérature, la peinture, l’activité physique, le don d’orgasmes et le plaisir des papilles, mais, tout de même, la littérature et la peinture et le sport et le sexe et la cuisine sont des domaines où l’on peut envisager de se mesurer à moi.
Je suis en revanche un musicien exceptionnel. Unique. Inégalé et (probablement - ne soyons pas présomptueux) inégalable. Mon instrument de prédilection ? Le piano.
Ce n’est ni de l’arrogance ni de la vantardise, simplement de l’objectivité.
L’expression « violon d’Ingres » va rapidement tomber en désuétude : on parlera bientôt de « piano de Maurice L. Maurice » ou « piano de MLM ».
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