dimanche 1 mars 2020

En Retard (35)

Toute entreprise n’a d’intérêt que si sa réussite n’est pas écrite d’avance. Le risque, le doute, la crainte de l’échec sont ce qui en fait tout le sel. La drague ne fait pas exception.

J’aimerais apprendre la timidité. J’aimerais ne pas savoir comment aborder les femmes. J’aimerais ne pas oser dire les femmes mais dire niaisement les filles. J’aimerais me tortiller ridiculement dans mon coin en attendant qu’elles fassent le premier pas vers moi. J’aimerais manquer d’assurance. J’aimerais que mes tentatives de séduction soient pleines de bafouillages et de compliments maladroits. J’aimerais trembler quand une fille me parle. J’aimerais ne pas être un tombeur.
J’aimerais quand j’aborde une personne du sexe opposé - il faudrait que j’essaye de draguer d’autres hommes, peut-être alors aurais-je (un peu) moins de succès et trouverais-je le frisson, l’excitation qui récompenseraient mes efforts - ne pas être certain qu’elle va succomber.
Ce n’est malheureusement pas le cas. Je suis - ce n’est pas pour me vanter, c’est un fait objectif - irrésistible. Toutes les femmes que j’ai accostées dans la rue ont eu le bonheur de coucher avec moi dans la demie-heure qui a suivi. Toutes m’ont assuré qu’elles n’avaient jamais pris autant de plaisir qu’avec moi. Et ça ne m’a jamais coûté plus de cent euros...

Malgré mon retard, j’ai un peu de temps à tuer pendant que je voyage dans ce métro. Autant  le mettre à profit, autant l’occuper, ce temps de transport, avec une nouvelle conquête, cette jeune femme qui fait semblant de préférer la lecture aux échanges humains.

Pour lui montrer que je ne suis pas dupe de son petit manège, je lui caresse la cheville du bout du pied - le gauche, celui qui a encore tous ses orteils, je sais être galant - et ,quand elle relève la tête, je lui adresse un clin d’œil et, d’un signe de tête, lui montre la bosse dans mon pantalon - j’admets, je triche un peu : mon érection n’est due qu’à mon récent réveil, ma Morning Glory n’a pas d’heure.

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