Dans la Boîte
suivi de
Lettre Compte Double
Si j’entre dans la boîte - et je ne me contente pas d’émettre une hypothèse sans fondement, de théoriser pour l’amour de l’art, de brasser du vent, de pisser dans un violon, de chier dans un tromblon (à cou lisse), un hélicon, pon pon pon pon, non, j’y entre effectivement, dans la boîte - si je m’engouffre dans l’ouverture, si je me faufile à l’intérieur de la boîte, si je m’insinue, si je m’infiltre, si je m’incorpore, c’est qu’il y a de la place dans la boîte, suffisamment de place pour moi, pour y loger mon corps tout entier, le buste et le ventre et la tête et les membres antérieurs et postérieurs, mon corps certes replié sur lui-même, un peu tassé, un peu serré, comprimé, à l’étroit, contraint à des positions peu habituelles, entier tout de même.
La boîte aurait été plus petite, un peu plus petite, pas plus petite dans un rapport de 1 à 1000 ni de 1 à 10 ni même de 1 à 5, pas minuscule, la boîte, un peu plus petite, que j’y serais entré tout de même, dans la boîte. Car elle est en carton, la boîte. Déformable, donc. Légèrement déformable. Dans une certaine mesure. On ne peut le plier et le contraindre à l’envi, le carton. Le tordre en tous sens, sans limite, sans faire attention. C’est un matériau fragile, le carton. Il faut y aller mollo. Ne pas trop insister. Ne pas risquer de déchirer les bords ou le fond ou le couvercle de la boîte.
La boîte aurait été un peu - pas beaucoup - plus petite que je me serais malgré tout glissé à l’intérieur de la boîte et que la boîte, pour accueillir le volume de mon corps tout entier, le ventre et le buste et la tête et les membres postérieurs et antérieurs et les fesses, se serait déformée, légèrement déformée, raisonnablement déformée, et en aurait épousé les contours, les contours de mon corps plus à l’étroit encore.
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