samedi 11 avril 2020

Dans la Boîte (3)

Je suis entré dans la boîte.

J’aurais pu ne pas y entrer, dans la boîte. J’aurais pu rester en dehors de la boîte. C’était une option tout à fait sérieuse. Acceptable. Envisageable.
Il faut bien l’admettre et le reconnaître et l’avouer, y entrer, dans la boîte, ne présente aucun intérêt. Si ce n’est le fait même d’y entrer, justement, dans la boîte - disons, d’un intérêt assez limité. Rien ou si peu à gagner, rien ou si peu à perdre. Rien à trouver, rien à inventer, rien à découvrir, dans la boîte. La boîte est vide, en effet. Ou ne contient rien de valeur. Rien de taille, rien d’imposant, assurément. Rien d’encombrant. Sans quoi je n’aurais pu y entrer, dans la boîte, et y loger mon corps tout entier, ventre et buste et fesses et membres postérieurs et antérieurs et tête et tronc. Il n’y a que peu d’intérêt à entrer dans la boîte mais - car il y a un mais, il y a toujours un mais, rien (ou si peu de choses, presque rien) n’admet nulle concession - quel intérêt y a-t-il à rester en dehors de la boîte ?
Tant de décisions à prendre, tant d’alternatives à étudier, tant de questions à trancher. Quotidiennement. Sur toutes sortes et mille et un sujets d’importance. On en ressort lessivé. Épuisé. Lassé. Usé. On renonce. On manque d’envie. On ne veut plus prendre position. On s’abstient, hausse les épaules. Dès lors, les choix désintéressés, inutiles, qui ne prêtent à aucune conséquence, sont, sans conteste, puisqu’on pourrait ne pas avoir à les faire, ces choix, les plus difficiles.
Je suis entré dans la boîte parce que je pouvais y entrer, dans la boîte, et parce que je pouvais ne pas y entrer, dans la boîte, parce que j’avais le choix - entrer dans la boîte ou ne pas entrer dans la boîte - et parce qu’à un moment, j’ai opté - entrer dans la boîte plutôt que de rester en dehors de la boîte - comme j’aurais tout aussi bien pu opter différemment.

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