Une question te brûle les lèvres. Elle est légitime - il n’est pas de question idiote t’a-t-on dit et répété à l’école - n’hésite pas. Pourquoi le w ? Et pas le z ou le x ou le k ? La réponse est simple : si je ne porte pas vraiment le y dans mon coeur - je ne m’étendrai pas sur ce point... du dégoût et des couleurs, blabla... - je hais viscéralement le w. Je le déteste, l’abhorre, l’abominable, l’exècre, l’honnis, le méprise, le conchie et le maudis - le W d’ailleurs ressemble à un M à l’envers : nous y reviendrons si l’occasion fait le lardon.
Le w, double v, me tourmente. Précisément en refusant de l’être, ce v double, ce v doublé, ces deux v qui se suivent et se rapprochent et se lient pleins et déliés comme le e dans l’a - téitéi a - en n’y ressemblant pas, quand je dois me résigner à en écrire un à la main, un w, à la plume, cursivement, à deux v accolés. Il n’y ressemblait déjà qu’à moitié, le w, à deux v englués quand, en classe de Cours Préparatoire, je devais tracer des lignes entières de v et de w - mais pas seulement des v et des w, toutes les lettres y sont passées, on se serait cru en pleine copie de volumes issus de la Bibliothèque de Borges - dans les cahiers d’écriture aux lignes étranges que l’on utilise à cet âge. Il n’y ressemble plus du tout, le w, à deux v liés, maintenant que mon w s’est arrondi en oméga - je voulais faire du grec, non du latin, éternelle frustration - et que mon v pointe, menaçant, vers le bas.
Il n’y a guère que sur le clavier de ma JAPY pas exactement portative ou sur celui de mon ordi que le w ressemble effectivement à deux v - notable exception.
Non, vraiment, si le w est un double v, alors, tant qu’on y est, pourquoi pas ?, le m est un double n, le ü est un double i, le q est un d retourné, le g une fusion du a et du y et le j, la somme d’un g et d’un i à laquelle on aurait retranché le o soit j = a + y + i - o / on confine au plus grand n’importe quoi... De qui se moque-t-on ? Réduisons directement l’alphabet à douze ou onze lettres ! On pourra toujours blâmer textos, SMS, MMS et chats pour l’appauvrissement de la langue... y fon ke suivre le mvt, lol, ptdr...
Toujours partisans de la fuite en avant et du moindre effort, les anglophones, Cainris, Merloques, Rosbifs, Britons et autres vassaux de l’Albion Perfide, constatant le refus d’obtempérer du w, lui ont depuis longtemps cédé et l’ont renommé deubeuliou - double toi, double vous, double u - espérant sans doute, dans leur vision simpliste du monde et de la façon dont les mots - et donc les lettres qui constituent ces derniers - traduisent l’univers, que le problème du double v qui n’en est pas un, un v double, se résoudrait de lui-même en le déplaçant une lettre plus tôt, au u, et en séparant dans l’alphabêtagammadelta la lettre de son double - le v désormais dépossédé de son double servant d’isolant...
Ça ne résout rien, évidemment. Si le w est un double u alors, tant qu’on y est, le m est un double n, le h un k défrisé, le q un d retourné... on n’est pas plus avancés...
L’allemand, langue rigoureuse s’il en est, dans laquelle il est une place pour chaque mot et chaque mot a sa place - c’est même une langue anti-évangélique : à la fin, était le verbe... - où chaque lettre doit être prononcée sans en omettre aucune, appelle le w v - vé. Comme si le v - fao - n’en était pas un ou alors n’était plus qu’un demi w - ce qui n’est pas équivalent à ce que le w soit le double du v, l’alphabet échappe à la logique mathémateuse. Bref, nous n’y voyons guère plus clair, la solution ne viendra pas de l’étranger, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes.
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