Je me rends, je vous dis... Eh, Oh ? Non ? et vous, toi, le trois galons (soit à peu près 11L aux USA, 13,5L chez les Britons - même entre eux, les anglo-saxons sont infoutus de se mettre d’accord)... oui, toi, vous... oh capitaine mon capitaine... je me rends, je te vous dis... pieds et poings pas encore liés... mais c’est votre boulot, non ? l’attachement ? non ?
L’officier en question me fixe. Regarde sa montre. Une Rolex - il a bien moins de 50 ans : vie réussie. J’ai horreur des Rolex. Ce n’est pas le moment de polémiquer à propos de montre. Me fixe de nouveau. Crache au sol et se rapproche. Calme. Serein même. S’accroupit. Se penche à mon oreille.
Il est 17h18.
Le temps de te passer les menottes tout en te décochant quelques coups de coude et de genoux - on risque moins de se faire mal soi-même, avec les genoux et avec les coudes, plutôt qu’avec les poings ou mêmes les pieds, un truc qu’on apprend à l’école de torture - et en te plaquant la face au sol en essayant de te péter le nez tout en t’évitant le traumatisme crânien : 4 à 6 minutes.
Te faire monter dans le fourgon, te faire cracher ton identité, faire semblant de ne pas comprendre ce que tu racontes, te faire épeler plusieurs fois, faire un appel radio, tenter de faire un appel radio - ça ne fonctionne jamais dès la première fois - obtenir quelqu’un à la radio, demander une vérification d’identité et une recherche de casier : 8 à 12 minutes.
Obtenir une réponse : 15 à 32 minutes.
Te ramener au poste toutes sirènes dehors : 7 à 8 minutes - record depuis les Champs : 6 min 22 s, mais c’était de nuit.
Te faire sortir du fourgon, entrer dans les locaux, asseoir au bureau : 3 à 4 minutes.
Faire démarrer l’ordinateur. Mise à jour Windows éventuelle. Faire réchauffer pour la 23ème fois de la journée la cafetière remplie de jus de chaussette : 12 à 57 minutes.
Prendre ta déposition. Te claquer deux trois tartes dans la gueule en prenant bien soin d’enlever l’alliance et la chevalière au préalable. Te faire répéter ta déposition jusqu’à ce que tu sois capable de la réciter à la virgule près. 37 à 93 minutes - il y en a qu’ont jamais dû apprendre de poésie à l’école, pas possible autrement...
Chercher du papier vierge dans cinq à sept bureaux avant d’en trouver. Lancer l’impression en trois exemplaires. Plantage. Second essai. Aucune réaction de la machine. Troisième, quatrième et cinquième essais. Obtenir d’un coup quinze copies. En jeter douze à la corbeille. S’apercevoir que parmi les trois gardées, deux sont mal imprimées. En réimprimer deux parce qu’on a chiffonné les autres. Te faire signer. 23 à 47 minutes.
Te dire de te casser et de ne plus y revenir en te broyant les noix dans la main : 3 minutes.
En tout ça fait...
Il compte sur ses doigts. Je l’aide : 112 (soit 1 h 52 min) à 262 (soit 4 h 22 min) minutes
Si tu le dis, je te fais confiance pour les chiffres... j’suis plutôt genre littéraire, moi...
Bref, mon service se termine à 18 h 00... et les heures supplémentaires, faut pas trop compter dessus... ce qui signifie qu’il faut que je sois au vestiaire à 17 h 53 au plus tard pour avoir le temps de quitter mon uniforme pour quitter mon service...
Tout ça pour dire, j’ai pas le temps de m’occuper de toi... sinon, je vais être en retard... très en retard...
Le temps de te passer les menottes tout en te décochant quelques coups de coude et de genoux - on risque moins de se faire mal soi-même, avec les genoux et avec les coudes, plutôt qu’avec les poings ou mêmes les pieds, un truc qu’on apprend à l’école de torture - et en te plaquant la face au sol en essayant de te péter le nez tout en t’évitant le traumatisme crânien : 4 à 6 minutes.
Te faire monter dans le fourgon, te faire cracher ton identité, faire semblant de ne pas comprendre ce que tu racontes, te faire épeler plusieurs fois, faire un appel radio, tenter de faire un appel radio - ça ne fonctionne jamais dès la première fois - obtenir quelqu’un à la radio, demander une vérification d’identité et une recherche de casier : 8 à 12 minutes.
Obtenir une réponse : 15 à 32 minutes.
Te ramener au poste toutes sirènes dehors : 7 à 8 minutes - record depuis les Champs : 6 min 22 s, mais c’était de nuit.
Te faire sortir du fourgon, entrer dans les locaux, asseoir au bureau : 3 à 4 minutes.
Faire démarrer l’ordinateur. Mise à jour Windows éventuelle. Faire réchauffer pour la 23ème fois de la journée la cafetière remplie de jus de chaussette : 12 à 57 minutes.
Prendre ta déposition. Te claquer deux trois tartes dans la gueule en prenant bien soin d’enlever l’alliance et la chevalière au préalable. Te faire répéter ta déposition jusqu’à ce que tu sois capable de la réciter à la virgule près. 37 à 93 minutes - il y en a qu’ont jamais dû apprendre de poésie à l’école, pas possible autrement...
Chercher du papier vierge dans cinq à sept bureaux avant d’en trouver. Lancer l’impression en trois exemplaires. Plantage. Second essai. Aucune réaction de la machine. Troisième, quatrième et cinquième essais. Obtenir d’un coup quinze copies. En jeter douze à la corbeille. S’apercevoir que parmi les trois gardées, deux sont mal imprimées. En réimprimer deux parce qu’on a chiffonné les autres. Te faire signer. 23 à 47 minutes.
Te dire de te casser et de ne plus y revenir en te broyant les noix dans la main : 3 minutes.
En tout ça fait...
Il compte sur ses doigts. Je l’aide : 112 (soit 1 h 52 min) à 262 (soit 4 h 22 min) minutes
Si tu le dis, je te fais confiance pour les chiffres... j’suis plutôt genre littéraire, moi...
Bref, mon service se termine à 18 h 00... et les heures supplémentaires, faut pas trop compter dessus... ce qui signifie qu’il faut que je sois au vestiaire à 17 h 53 au plus tard pour avoir le temps de quitter mon uniforme pour quitter mon service...
Tout ça pour dire, j’ai pas le temps de m’occuper de toi... sinon, je vais être en retard... très en retard...
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