samedi 20 juin 2020

En Retard (61)

Qui a changé l’alarme de mon réveil-matin ?
J’ai choisi, il y a déjà bien longtemps, d’être réveillé en chanson. À l’heure programmée, la radio s’allume. C’est parfois du jazz qui me tire du sommeil. Parfois du classique. Ou du rock. Du folk. De la chanson. De la world-music. Tous les matins, je suis surpris. Jamais désagréablement surpris. FIP ne visite jamais les paysages moroses de la soupe avariétée ou de la dance-music sans âme à vendre au diable.
Pourquoi alors dois-je ce matin subir les assauts d’une sonnerie dans laquelle semblent se mêler le grincement d’une porte, le nasillement d’un kazoo et le bêlement d’une chèvre asthmatique ? Qu’ai-je fait pour mériter telle torture sonore ?

Et la barbe, peut-elle pousser à l’envers ? En direction de la joue ? Rentrer depuis l’extérieur dans la joue ? Comment expliquer autrement cette impression qu’on m’enfonce une botte d’aiguilles (qui sent étrangement le foin) dans le visage ? Quelle qu’en soit la face que je présente à l’oreiller...

Et les matelas, ne sont-ils pas censés se creuser et se ramollir avec le temps ? Pourquoi le mien est-il devenu si dur ? Se pourrait-il que je l’ai tellement creusé que j’ai atteint le sommier ?

Et ce buzzer qui n’en finit pas de couiner...

Non, je n’ouvrirai pas les yeux. Non, je ne me lèverai pas. Inutile de me rendre la fin de nuit si difficile. Inutile de me pousser du pied...

...

Me pousser du pied ?
...
Il y a quelqu’un chez moi ?
...
Suis-je chez moi ?



J’ouvre les yeux...

Aucun commentaire: