vendredi 9 décembre 2022

# 1438

11 heures libéré droit de quitter l’appartement la voisine du dessus et les voisins du dessus sont soulagés je sais pas ce qu’il en est des voisins d’à côté je pense qu’eux ça les dérange pas que je tape à la machine comme un dingue à la recherche de je ne sais quoi j’écris pas vraiment je tape et tape et tape ce qui me passe par la tête et ce qui veut bien s’inscrire sur la feuille blanche ce qui n’est pas exactement la même chose étant donné le nombre de fautes de frappe environ trois au mot que je fais je tape pour remplir des feuilles que je relirai peut être un jour à la recherche d’une faute qui pourra être utile par sa drôlerie ou son intelligence ce qui revient à peu près au même drôlerie été intelligence quoique non pas tout à fait je tape je tape je tape comme un fou que je suis peut-être sans chercher à écrire si je cherchais à écrire je prendrais une feuille un bloc ou un cahier et je construirais quelque chose des projets de textes j’en ai déjà suffisamment en tête en cours sur mes brouillons et dans mon éponge cérébral non je tape pour rester au bureau assis deux heures durant sans m’arrêter pour autre chose que changer de disque tous les trois quarts d’heure une heure m’habituer à ne pas me lever toutes les cinq dix minutes sous n’importe quel prétexte rester focus sur un objectif à la fois cesser de déconner et de me laisser partir l’esprit et les idées partout oui rester assis et taper taper taper taper avec la musique suffisamment fort pour que je l’entende malgré le tic tic tic tic de la machine de la JAPY le tout ça fait un boucan de tous les diables heureusement que Natacha travaille elle elle supporterait pas un tel bruit et moi même je ne le supporte que parce que je le crée que je suis au beau milieu de ce bruit et à son origine et non en spectauditeur tiens voilà un mot qui me vient là sur le coup et qui sera peut-être utile plus tard ne nous dispersons pas en digressions boucan d’enfer tic tic tic déjà hier pendant deux heures et de nouveau ce matin de neuf à onze pendant que Natacha était au bureau ou en réunion je ne sais plus au turbin au boulot pendant que moi j’en suis épargné et donc je tape sur ma Japy et ça doit rendre dingues les voisins quoique je ne sais pas si ça s’entend au dessus et celle d’en dessous vu son âge je la suspecte fortement d’être sourde comme un pot ce qui serait mieux pour elle vu le volume sonore de la musique et le tic tic tic infernal de ma machine que je l’aime ce bordel que fout ma machine et le grincement du plancher le reste du temps quand on se déplace ça fait plus de bruit que sur un bateau qui tangue et gîte et dont toute la coque et les ponts craquent sous la pression de l’eau on s’en rend compte quand on se déplace nous dans l’appartement mais aussi indirectement quand les voisins du dessus se mouvent au dessus et ils bougent assez tôt c’est bien la peine d’être retraités et de vivre trois quarts de l’année à la campagne pour se lever aux aurores et même avant vue l’heure tardive à laquelle le soleil pointe son pif à l’aube dès six heures on les entend bouger au dessus et quand il marche le parquet grince et craque tellement qu’on croirait qu’ils sont chez nous que c’est dans notre chambre et dans notre couloir qu’il y a quelqu’un qui se déplace les premières je suis même allé vérifier qu’il n’y avait pas d’intrus la crosse de hockey sur gazon que j’ai achetée à l’intention des intrus à la main je suis allé vérifier et souris était terrorisée on s’est tous habitués comme ils s’habitueront à la machine et à son tic tic tic de neuf à onze sauf les jours où Natacha sera là ce sera jour de repos en attendant qu’ils regardent le cadran de leur horloge et attendent onze heures

11 heures remonté comme une pendule de Foucault dans les mains de Tournesol qui cherche de l’or je suis allé réclamer que mon putain de nom patronyme et celui de Natacha enfin s’inscrive en toutes lettres sur l’interphone et non celui des locataires précédents partis depuis quatre mois ou quelque chose comme ça et que rien ne s’était fait depuis parce que l’agence qui gère l’immeuble n’est pas la même que l’agence qui gère l’appartement et qu’ils ont ceux-là déménagé pile poil de pubis au moment où on est nous mêmes arrivés sur Limoges et que leur téléphone c’est un gros bordel, ça marche aussi mal que la vieille du dessous je l’ai vue dans les escaliers faut pas être pressé je l’excuse évidemment c’est l’âge mais non madame ne soyez pas désolée j’ai tout mon temps et rien à foutre j’ai toute la vie devant moi ou disons encore une bonne moitié de vie ce qui ne semble être votre cas profitez profitez bien de chaque marche et de la rampe et donc comme le bigophone ça fonctionnait pas j’y suis allé à pied et sur tout le chemin j’ai répété et répété mon rôle de chieur qui peut virer à l’enragé capable de s’asseoir à un fauteuil ou même par terre et de renverser les bureaux et d’uriner sur les moquettes et chier sur les canapés voire me masturber dans les dossiers notariés jusqu’à ce qu’on se décide à bien vouloir changer mon interphone car j’en ai marre de voir l’ancien nom et de le dire aux livreurs de colis qui n’en tiennent pas compte et que je dois moi ou Natacha me rendre à l’autre bout de la ville dans un relais comme au temps du pony express pour récupérer les croquettes du chat car elle est du genre délicate notre chatte il lui faut des croquettes spéciales pas celles de jardiland ou de truffaut ou le disque que j’ai commandé même si j’en commande de moins en moins maintenant que je veux vraiment devenir disquaire c’est une vraie envie d’esssayer ça je vais pas commencer à me faire de l’auto concurrence avec Mama-zone ou ras-le-cul-ten ou les livres que je commande chez des toutes toutes toutes petites maisons d’édition parce que personne n’achète de poésie ou les petites conneries de Chevillard chez l’arbre vengeur enfin si chevillard il doit bien en vivre à moins que les romans de chez minuit lui rapportent assez pour le restant de sa vie j’en doute fort donc je commande des livres libraire c’est un autre métier que je me verrais bien faire comme reconversion aussi mais pas n’importe quel libraire pas chez Leclerc ou la FNAC ni même chez Anecdotes ou Page et Plume chez ces derniers je pourrais apprendre le métier niveau administration et taxes et tout le toutim mais pas ad vitam aeternam ce qui de toute façon est idiot comme expression on finira bien par tous crever mais libraire je dirais pas non sous certaines conditions j’y reviens je pense au prochain paragraphe ou au suivant le disque est fini je dois aller le changer je vais être en retard pour 17h17

j’ai un peu perdu le fil vous aussi sûrement donc c’est pas si important je disais je crois que j’en avais marre de mon interphone sans mon nom et qu’à chaque fois que j’ai tenté de les joindre ça répondait pas et que quand j’ai essayé de coller une étiquette écrite proprement on me l’a arrachée dans les 24 48 heures je soupçonne le fils de loukoum à la banane du cinquième celui qui saute à pieds joints et hurlent les corons et le macumba et partenaire particulier à une heure et demie deux heures et cache sa calvitie sous un chignon dégueulasse formé de la touffe de cheveux qui lui reste au dessus du front et qu’il laisse pousser longs jusqu’à ce qu’ils rejoignent le mince trait qui fait le tour de son crâne que j’écraserais bien sous mon talon si je n’avais pas peur de devoir me racheter des nouvelles pompes mais mes asiscs je les commande sur le net ça se trouve pas mon modèle en magasin et comme j’ai pas le nom sur l’interphone faudrait mes baskets que j’aille les chercher à l’autre bout de limoges et limoges c’est grand croyez moi surtout que ça fait que monter et monter sauf quand ça descend et quand ça descend c’est pire parce qu’après il faudra monter de nouveau d’ailleurs je l’ai croisé ce fils de pute ce matin ça m’a arraché la gueule de lui dire bonjour mais j’y peux rien si mes cons de parents m’ont rendu polis j’en ai encore mal à la gueule d’avoir dit bonjour en bas des escaliers il avait sa poubelle à la main quand j’allais vers l’agence qui gère le syndic de l’immeuble ou qui est le syndic de l’immeuble je sais pas comment on dit et je suis monté en pression sur tout le chemin mais une fois que je suis arrivé à l’agence la gonzesse à l’accueil était charmante du genre pas mon genre mais pas mal quand même et du genre accueillante à l’écoute à prendre des notes et à s’excuser auprès des téléphonants qui ne cessent qu’elle les reprend dans une minute une fois qu’elle en aura fini avec moi du genre pas mon genre mais que quand même si l’occasion se présentait je dirais pas non de lui présenter mon pénis non je déconne ce passage c’est juste parce que le cul fait vendre alors je m’autorise de temps en temps à faire une allusion pour voir si ça augmente le nombre de mes lecteurs même si je doute que quiconque arrive à lire mon potage sans ponctuation ni construction jusqu’ici ça ne changera pas grand chose par rapport à d’habitude même quand je fais trois lignes personne ou presque ne lit c’est à désespérer à quel point je joue bien mon rôle d’auteur maudit

bon du coup l’agence où je pensais passer deux heures à explicationner vingt fois mon problème à osciller entre colère froide et insultes et menaces et coups de pied et de poing j’en suis ressorti au bout de trois minutes cent quatre vingt secondes à peine j’allais pas rentrer direct c’est à quatorze heures qu’il faut que je regagne ma cellule végétative j’avais le temps même de quoi acheter de quoi bouffer pour deux le midi parce que les pâtes Natacha elle était ok mais moi j’en avais déjà bouffé la veille au pesto avec des tranches de truite fumée alors j’avais envie de varier surtout que je suis pas exactement le physique ni la dépense énergétique du sportif de haut niveau alors les pâtes c’est avec du parmecimonie je sais pas s’il passe bien ce mélange de parmesan et de parcimonie là vous me direz si vous lisez ici merde il est pile 17h17 tant pis je publie et j’édite la suite au fur et à mesure que je tape je sais pas pour combien de temps j’en ai encore

on poursuit donc après publication à l’heure prévue large le temps de faire les courses avant quatorze heures je me balade du coup du côté de la cathédrale j’hésite même à y entrer je n’y suis allé qu’une fois il y a des années de ça mais depuis qu’on est là alors que je la vois de la fenêtre de mon bureau en me penchant un peu cinq minutes à pied c’est pas bien long faut que je fasse ça mais là je suis pas entré car ils ont installé un marché de noel devant des tentes blanches je crois c’est es producteurs locaux devant et du coup ça gâche un peu la perspective qui y mène et ça donne moins envie de rentrer parce que pour que je rentre à l’intérieur faut que la voie extérieure qui y mène donne un minimum envie du coup je fais que passer à côté et bizarrement les gens ont l’air sympas aux abords j’ai des gens qui me disent bonjour en souriant pas des gens du marché de noel ni commerçants ni touristes acheteurs juste des passants des vieux et ils me disent bonjour en souriant et je me dis que l’humanité elle est pas si pourrie et qu’il est temps que je rentre sinon mes envies de génocide elles vont s’éteindre ce serait dommage alors je continue par les ruelles et ouf je croise des jeunes à l’allure de racaille qui me regardent de travers je reconnais mieux le monde que je connais du coup je peux continuer mon petit tour avant d’aller chasser le repas à monoprisunic et là je me rappelle qu’il y a une petite librairie d’occasion que je voulais aller voir je l’avais repérer lors des puces de la cité de septembre ou d’octobre je sais plus lesquelles qu’on a faites avec Natacha mais on n’en a pas refaites d’autres depuis et c’est bien dommage et que cette petite librairie elle est dans le coin alors j’y vais je regarde longuement la vitrine il y a un bouquin des meilleures photos des cinquante ans de playboy, de la bonne littérature comme il faut mais surtout plein de petits bouquins qu’on s’étonne qu’ils soient pas partis en poussière ou bouffés par les champignons depuis le temps alors je rentre et c’est une pièce minuscule je sais pas qu’âtre ou six peut-être neuf mètres carrés c’est dur à dire tellement c’est plein de bouquins du sol au plafond des bouquins et de tout moi je fouille dans la poésie mais à côté y a ésotérisme et yoga et religion et médecine et des pléiades et des vieux volumes qui doivent coûter la peau du cul sous vitrine je trouve une petit truc qui peut m’intéresser apologie de la paresse je crois que ça s’appelle j’ai pas le bouquin sous la main je sais pas où je l’ai jeté en rentrant sur quel canapé ou sur quel meuble mais au départ j’avais une autre idée car j’ai toujours une quête en tête et j’allais lui demander au vendeur pas tout jeune mais pas vieux non plus du genre qu’on l’imagine bien bouquiniste depuis vingt ans sur les quais de Seine et je me rapproche du comptoir en léger bordel quand j’avise d’un couloir sur la gauche un couloir qui ressemble à un tunnel tellement qu’on y passe en hauteur à condition de pas faire les deux mètres et qu’il y a des bouquins sur toute la hauteur et que j’ai pas vérifier mais que je m’imagine que le plafond lui même c’est des bouquins des poches des BD je pense à Gaston Lagaffe qu’avait dans les archives aménager une espèce de grotte au bout d’un long tunnel de livres pour dormir en position fœtale comme Robinson dans la vie sauvage du vendredi soir et là je débarque dans une autre pièce de la même taille que la première ou à peu près à peine mieux rangée à peine moins garnie mais surtout qui s’ouvre sur une espèce de véranda serre avec d’autres livres encore, des sacs remplis de partitions en vrac au sol des bouquins partout et un arbre qui pousse dans un des murets et vient écraser ses branches et ses feuilles sur le verre du plafond putain j’avais jamais vu ça une librairie avec un arbre en plein milieu en plein milieu pas dans une cour ou dans un jardinet juste à côté un arbre au milieu des livres et là je commence à palpiter du palpitant je me dis je suis dans un rêve de paradis un paradis de rêve c’est mieux que tout ce que je peux avoir imaginer et oui c’est encore mieux parce qu’au fond de cette petite véranda serre il y a encore une ouverture et celle-ci elle mène à une pièce sombre sombre sombre qu’on pourrait croire que c’est une réserve mais non il y a un interrupteur au dessus duquel il est indiqué de ne pas avoir peur et qu’il y a même un étage j’allume forcément et là vous le croirez ou non on se croirait dans les réserves d’une bibliothèque universitaire des rayons et des rayons de bouquins dont je ne suis pas certain de la méthode classement il y a de l’alphabétique et du par éditeur mais pas seulement on a envie de se perdre et qu’on nous retrouve jamais et au fond comme promis des escaliers je galère un peu pour allumer toutes les lumières nécessaires et pour monter les marches qui sont trop hautes ou trop irrégulières ou que je suis trop ému trop bouleversé que j’ai failli me péter la tronche trois ou quatre opus six fois plusieurs fois à chaque marche c’était d’une difficulté que je m’explique pas et là de nouveau en haut sur un parquet qu’on se dit qu’il va lâcher à chaque pas, des bouquins et des bouquins et des dessins aussi et des magazines on est chez Borges à Babel ou chez Eco à Melk il y a un trou dans le sol avec une planche posée dessus pour passer sans trop risquer d’y laisser sa peau de vache et moi je sais plus ou donner de la tête j’ai même trouver dedans des cahiers d’écoliers celui d’une petite Audrey avec ses dessins dedans et les feuilles que la maîtresse lui avait sûrement demander de coller mais qu’elle a laissé traîner dans le protège couverture je redescend ko

je prends mon livre de paresseux on peut payer par carte c’est même mieux que le traiteur chinois d’en bas c’est un comble je le félicite pour la beauté de sa boutique je vois que ça le touche je n’ose lui demander si il a besoin d’aide je me verrais bien passer du temps là mais je lui demande s’il a dans ses références ce que j’espérais pouvoir trouver mais ne savais pas comment et où chercher avez vous du Lochac et là il tape sur son ordinateur non j’ai pas ça en magasin désolé vous avez tout référencé tout ce qui se trouve ici non juste la moitié 30000 ouvrages et le reste  c’est dans votre tête non les reste c’est en cours et après il y a aussi la réserve à faire mais c’est la première fois que vous venez dans la boutique oui la première tenez voici le site où vous trouverez la liste de tout ce qui est référencé et il me tend une carte

et moi j’ai trouvé un paradis j’aimerais le même rempli de disques

17h52 vous pouvez ne plus lire j’ai fini et moi-même je ne relirai pas 

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