dimanche 25 avril 2021

Grains (1/6)

Grains


Pour commencer, cher lecteur, permets que je partage avec toi cette nouvelle qui fait mon bonheur : MLM s’est marié.

Pardonne-moi... j’aurais dû, comme on dit, préparer quelque peu le terrain, dû y aller un peu plus doucement. Je me doutais que cette annonce de mes épousailles ne manquerait pas de t’estomaquer et de t’en déboucher le coing... je ne m’attendais pas à ce que tu t’étrangles sur cette verveine que tu t’étais infusée pour aborder le plus confortablement possible ce nouveau texte de ton auteur favori que je prétends être... je te laisse reprendre ton souffle et tes esprits. Calmement. Prends ton temps. Tu me pardonneras de ne pas te taper dans le dos pour t’aider à faire passer cette toux... je ne suis en ta compagnie qu’à travers mes pauvres mots organisés en phrases pas toutes syntaxiquement incorrectes... ça va aller ? je peux reprendre ?

Oui, je me suis marié.
Toi qui me connais si bien - toi qui crois, croyais, si bien me connaître - tu ne peux y croire. Ne peux l’accepter. Ne peux t’y résoudre. Tu te dis, tu en es convaincu, qu’on ne peut changer. Que MLM ne peut pas changer. Pas à ce point. Le solitaire qui ne supportait aucune compagnie dans Dans la Boîte, le célibataire incapable de communiquer avec ses semblables de La Montre, le reclus qui affirme dans Humeurs... - non, ce n’est pas le moment de divulguer ce que contient Humeurs : patiente encore un peu, cher lecteur... plus que quelques années de patience... elles passeront vite, ces années... -  ne peut, sur un coup de tête (car rien ne laissait présager un tel événement - MLM s’est marié ! - aucun signe avant-coureur, pas la moindre rumeur, pas le moindre indice) s’être maritalé en juste convol, s’être rangé et vivre désormais une paisible pépère existence d’homme au foyer qui griffonne ses petits poèmes pas même grivois entre deux corvées de linge ou de vaisselle. Quelque part, tu te sens trahi. Tu m’imaginais éternel ermite, anachorète de la déesse littérature, ne respirant que pour produire (pas en assez grand nombre, à ton goût) de la phrase et du vers. Tu t’aperçois que, sur mon compte, tu t’étais trompé sur toute la ligne - il est d’ailleurs temps, pour que ce paragraphe ne soit pas trop long, d’y retourner.
Marié ? La stupeur (sans les tremblements) première passée, tu es à deux doigts (le pouce et l’auriculaire) de crier à la fake news (c’est une expression très en vogue (magazine de mode qui probablement désinforme autant que ceux d’actualité... mais avec bien moins de conséquences)) mais tu sais bien qu’il ne faut pas réagir à chaud, surtout face aux pas de côté, aux espiègleries et aux bouffonneries de MLM. Tu te poses, réfléchis à la situation. Et te dis qu’il existe une bonne raison, une noble cause qui doit justifier ce mariage. Que ce mariage n’est qu’arrangé, un mariage d’intérêt. Blanc.

Et tu n’as pas totalement tort dans tes allégations. Si je me suis marié, c’est pour la plus belle des raisons. La littérature. Ma littérature. Si je me suis marié, c’est pour les besoins d’un texte. De ce texte, Grains, dont tu viens d’entamer la lecture et dont j’entame à peine la rédaction - je l’aurai, cette rédaction, je l’espère (ce serait dans la logique des choses) achevée, au moment de ta lecture. Uniquement pour mener ce texte, Grains, à terme.
Que je t’explique... Voilà, j’avais cette idée. Une toute petite idée. À peine de quoi faire un billet, un post sur Archives - tu connais mon blog et son URL (Utu-Rhino-Laryngologiste ?). Mais je ne l’ai pas utilisée de suite, cette idée. Je ne l’ai pas écrit, ce post, ce billet, sur Archives, mon blog. Je l’ai gardée en tête après l’avoir notée dans un de mes carnets - je ne sais plus dans lequel de mes deux carnets je l’ai écrite, cette idée, dans le carnet que j’emmène partout avec moi, qui ne me quitte jamais ou presque ou dans le carnet que je conserve sur mon chevet... les deux carnets, avec le confinement en cours, ont tendance à se confondre - et je l’ai ruminée, cette idée, je l’ai mâchée et mâchée et remâchée. Et cette idée qui aurait dû n’occuper que cinq ou six lignes s’est développée et est devenue un texte intitulé Grains - tu comprendras à la fin du texte pourquoi ce titre. J’espère que tu ne seras pas déçu, en arrivant à la fin de ce texte, par cette pauvre idée qui n’occupera que le dernier quart du texte, de Grains, ce serait dommage d’avoir subi cette longue introduction (est-ce encore une introduction ?) pour une idée décevante. J’espère moi-même que je ne serai pas déçu, en tapant le point final sur la tablette, par cette idée et ce texte.
Bref, cette idée a pris du corps et de la consistance et de l’épaisseur, s’est habillée d’un contexte... pour lequel il était nécessaire (et suffisant) que je sois en couple. Et, tant qu’à être en couple, autant faire les choses bien, me suis-je dit, autant en profiter pour faire plaisir aux parents, à mes parents, qui désespèrent de me voir mener mauvaise vie : marions-nous !

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