mercredi 18 septembre 2024

# 2088

au fil de l’eau, dit-elle
de l’eau, le fil ?
en voilà bien un fil, celui de l’eau, que j’aimerais tirer, tirer et tirer et j’aimerais, tirant sur le fil, détricoter la flaque et la mare et le lac et la rivière et le fleuve et la mer et l’océan et la pluie et l’écoulement du robinet, il doit être si beau ce fil, le fil de l’eau, transparent, invisible et pourtant si solide, un coup d’épée ne suffit pas à le trancher et si plein, ce fil, de couleurs au soleil à la lumière tout aussi invisible elle, la lumière, que lui, le fil de l’eau, et m’en faire de ce fil une pelote ou une bobine puis un pull ou un polo ou un caleçon

certains, de l’eau, paraît-il, en font un filet, pour sûr que c’est une idée séduisante, pour la pêche, c’est furtif, un filet d’eau, j’ai des doutes tout de même, sur la solubilité, que le filet de ne dissolve dans la mer ou le lac ou la mare ou le courant une fois jeté dedans, ou, pire, d’un accroc au filet et qu’il se démaille, se défasse totalement, et alors, bonne chance, bon courage, il en faudra pour retrouver les morceaux parmi les deux pelotes, celle de l’étendue d’eau, celle du filet, mélangées
et puis à quoi bon un filet autant tirer le fil de l’eau, rembobiner, rembobiner, ça prendra le temps qu’il faudra, le volume diminuera, de source sûre, il n’y aura qu’à se baisser pour ramasser poissons et autres , ceux qui ne seront pas restés accrochés au fil, emmêlés, contraints, prisonniers

mardi 17 septembre 2024

# 2087

- Monsieur, je peux aller à l’infirmerie, s’il-vous-plaît ?
- Qu’est-ce-qui t’arrive, Clément ?
- J’ai les lèvres gercées, ça pique, je voudrais aller voir s’ils ont pas du baume à lèvres…
- Mmmhhh… je pense que ça peut attendre 20 minutes et la fin du cours…



Lait d’amande, de soja, de poule, de rond…. tant de mammifères qu’on ignore…



Photos de classe à Boussac ce mardi. Faire bonne figure. Ne pas mettre de chaussettes trouées aujourd’hui.

dimanche 15 septembre 2024

# 2085

La mer médite, erranée - présent de l’indicatif de méditer ?


La mer médite, erranée - participe passé de médire ?
- d’erranée, en revanche nulle trace dans le dico.
Erronée me propose le correcteur. Errance me suggère également le moteur de recherche.


La mer médite, errance. Présent de l’indicatif de méditer. Ça fonctionne plutôt bien. Très bien même. Ça se suffirait presque à soi même.
La mer médite, erronée. Participe passé de médire. Là aussi, ça fonctionne. On attend la suite cependant, non ? Un développement. Ou alors, ce serait la conclusion d’un développement. Qui manque tout autant.

Que choisir ?

jeudi 12 septembre 2024

# 2082

Je zieute le cours de mon collègue d’histoire-géo qui traîne à côté de la photocopieuse - le cours, pas le prof… enfin, si, aussi - en attendant que mes propres copies sortent de la machine. Une frise chronologique avec les grandes périodes de l’histoire. Antiquité, Moyen-Âge, Temps Modernes… Avec des dates pour chaque transition d’une époque à l’autre : 476, 1492, 1789…

Ça a dû être un sacré choc quand on a dit aux gens qu’ils quittaient le Moyen-Âge pour les Temps Modernes, non ? ils ont dû faire une fête à côté de laquelle le passage à l’an 2000 c’était rien… ils ont fait ça à quelle date ? 1er janvier ? 31 décembre ? une fête sur plusieurs jours ? pour un tel événement…

Il a souri… mais n’a pas répondu à mes questions. Visiblement pas un spécialiste.

mercredi 11 septembre 2024

# 2081

il y a ce fil qui dépasse, qui sort, qui pend, du t-shirt, du polo ou du calebute, depuis une couture, il déborde et alors, je le tire et le tire et le tire, probablement parce que, gamin, on me disait qu’il ne fallait pas tirer sur le fil qui dépasse du tissu, et comme je suis resté - peut-être le suis-je devenu ? - un sale gosse, je tire sur le fil pour voir, jusqu’où, jusque quand, je tire à n’en plus finir, il n’en finit pas le fil, infini, il en vient encore et encore, il en vient toujours un peu plus, une pelote, une bobine, un rouleau bientôt, je tire, je tire, à l’autre bout, le fil déjà tiré s’effiloche, gagne en volume, prend de la place et de l’espace, se détend, désagrège, dépourvu d’utilité qu’il est désormais qu’il n’est plus du polo, du slibard ou du sweat-shirt qu’il en est extrait bien que non encore séparé, maintenu encore par l’autre extrémité que je tire et tire encore jusqu’à renoncer, abandonner, me résigner à couper proprement avec un ciseau comme on me l’a appris, enfant, triste de me découvrir si vieux encore si obéissant et de n’aller jusqu’au terme du processus, le fil d’une longueur incroyable, de quoi s’en passer entre les dents des décennies durant - je n’utilise jamais de fil inter-dentaire ou presque, une ou deux fois l’an, après un bœuf bourguignon trop filandreux - et je contemple le t-shirt, le polo, le boxer qui ne s’en portent pas plus mal d’avoir tant perdu de fil, ne se disloquent ni se déforment ni ne se trouent et je ne comprends alors pas pourquoi il était défendu de tirer sur le fil toutes ces années durant, pourquoi prohiber ce qui n’a de conséquences et je ne comprends pas comment chinois et indiens et taïwanais et philippins et bengalis - j’en oublie certainement - font pour vendre des t-shirts et des polos et des sous-vêtements si peu chers, bien moins chers que ceux produits en occident, tout en gâchant tant de fil, en y mettant tant de fil qui ne sert à rien

mardi 10 septembre 2024

# 2080

Ce cinquième auquel je dis de faire les calculs sur son cahier de brouillon et qui écrit et pose ses opérations directement sur la couverture dudit cahier encore tout neuf… j’aurais peut-être dû lui dire de faire les calculs dans son cahier de brouillon.



Sur le cahier Montessori d’une cinquième qui a rejoint notre établissement classique cette année, à côté d’un exercice de géométrie : « Tu n’es pas nulle, tu es stressée… ».
Ou alors, elle a juste pas appris son cours… ou alors, elle n’a pas compris la leçon…

lundi 9 septembre 2024

dimanche 8 septembre 2024

# 2078

Il y a chaque fois aux Puces de la Cité, les seconds dimanches de chaque mois excepté l’auguste, cette femme qui se place à l’intersection du boulevard de la corderie et de la rue de la cathédrale - qui devient rue des petites maisons en traversant ce dernier. Elle ne vend rien. Un bol en plastique devant elle avec un carton merci. Elle jongle. Elle semblait débuter la première fois que je l’ai vue. Trois balles, jamais plus d’une seule en l’air à la fois. Elle est désormais passée aux massues. Technique basique mais il y a du progrès. Au milieu du numéro monotone et qui, ainsi, sans variation, semble infini, elle s’arrête. Pose ses instruments de jonglerie. Se met à chanter. Piaf et des trucs du genre. D’une voix claire, assez haute. Plutôt juste. Sans artifice. Tour de chant un peu froid. De nouveau, sans plus de transition, elle se remet à jongler. Diabolo. Technique fruste. Les passants l’ignorent. La gamelle ne se remplit pas vite. Ne se remplit pas du tout. Elle semble s’en foutre. Pire, elle semble repousser volontairement le public. Revêche.
Elle a choisi de faire un numéro qu’elle ne sait pas faire. Et de progresser, lentement, en public. En se moquant du qu’en-dira-t-on. Si, en parlant d’elle à Natacha, en passant, je la désigne par « la folle », c’est aussi parce que, quelque part, je l’envie un peu sans oser le montrer. Peut-être même que je l’admire.

samedi 7 septembre 2024

# 2077

Ç’eût été pas mal de poursuivre, ça aurait peut-être donné quelque chose de vraiment drôle… mais je n’ai pas… pas immédiatement… et quelques moisemaines plus tard, ça n’aurait plus de sens… tant pis…




vendredi 6 septembre 2024

# 2076

Offert à la rentrée par le conseil départemental - ou peu importe comment cela s’appelle désormais - aux sixièmes pour leur entrée au collège : un dictionnaire, une calculatrice et… une paire de chaussettes « Esprit Creuse »… j’en aurais eu bien besoin moi aussi - pas du dico ni de la descendante de la Pascaline - pour retrouver non le (mauvais) esprit mais le moral que j’ai dedans.





jeudi 5 septembre 2024

# 2075

Faut pas pousser mémé dans les orties. Les ronces, c’est plus efficace.



Bien que fans de Die Hard et du reste de sa filmographie, nous avons manqué cet été la visite à Brusvily, à 12 minutes à peine de notre lieu de villégiature.



Mon moment préféré quand je me décide à passer sous les ciseaux du coiffeur : la réaction de Natacha que je ne préviens jamais de mes rendez-vous capillaires.

mercredi 4 septembre 2024

# 2074

Les 5èmes de Châtelus qui me demandent s’ils peuvent, plutôt que leur brouillon, prendre leur ardoise pour faire les calculs qu’ils ne parviennent pas à faire de tête. Vos ardoises ? Comment ça vos ardoises ? Quelles ardoises ? Et les voilà qui me sortent tous, très fiers, leur rectangle blanc Maped et leurs feutres Velleda
Moi qui croyais être vieillot - et revendiquait de l’être - avec mon usage du tableau à craies…






mardi 3 septembre 2024

# 2073

Je ne suis pas chauve, je me suis fait scalper.


NF : avec ces tissus de mxxxe qui se déforment dans le lave-linge, les t-shirts à rayures deviennent des t-shirts à spirales.



Se reposer pendant les vacances, n’est-ce pas soumettre son temps libre au temps de l’emploi salarié ? Reconnaître que son travail est plus important que le reste de sa vie ?