jeudi 29 février 2024

# 1885

Ces quelques instants, où je me tiens à l’arrière de la voiture, à côté de la portière ouverte, mon manteau à la main, et pendant lesquels l’automobiliste qui cherche une place ne sait si je viens de me garer ou si je vais libérer la place incessamment. Vous partez ou vous arrivez ? Sensation de pouvoir, celle de faire sa joie ou sa déception.

mercredi 28 février 2024

Achedeuzo

Le diapason, pourtant de la bonne forme et pourtant habitué à vibrer, ne fait cependant pas, tenu à l’envers, office de bâton de sourcier. C’est à n’y rien comprendre.



Christoph Willibald Gluck a écrit un concerto pour verres (en cristal ?) (plus ou moins) remplis d’eau et orchestre.
Je n’ai donc pas que des idées à la con. Ou alors je ne suis pas seul à avoir des idées à la con… quelqu’un a eu la même il y a quelques siècles… et a été assez stupide pour aller au bout de l’idée…

mardi 27 février 2024

# 1883

Il suffirait de creuser autour du muraillement du puits puis de niveler le sol sur quelques centaines de mètres alentour pour obtenir un fort beau château d’eau… mais on préfère bâtir de nouvelles constructions plutôt que d’utiliser ce que l’on a déjà…

dimanche 25 février 2024

# 1882

Non, je t’assure, il n’y a qu’un o à alcool. Si tu le vois double, c’est que tu as trop bu.

samedi 24 février 2024

Conso

Mail d’EDF. « Votre conso du mois dernier ».
Un graphique en colonnes. Qui m’apprend que nous avons consommé 17 kWh de moins en janvier par rapport à janvier 2023.
« 1 kWh permet d’utiliser un aspirateur classique (1000 W) pendant une heure. » précise une légende sous le graphique.

Effectivement, c’est sale, poussiéreux et plein de miettes par terre. C’est très délicat de leur part de nous le faire remarquer ainsi, de manière positive, sans reproche.

vendredi 23 février 2024

# 1880

Je me suis peu battu à l’école - essentiellement au collège, le nombre de fois se compte sur les doigts d’une main. Je me rappelle chacune de ces bagarres, chacun de mes agresseurs - je ne crois pas avoir jamais commencé un combat.
Et si, à chaque fois, j’ai pris une raclée, j’en ai au moins tiré quelque enseignement, ne serait-ce qu’une leçon d’humilité…
… tandis que mes opposant soit ne se souviennent pas de ces pugilats (ni de moi d’ailleurs), n’ont donc rien appris et sont restés aussi cons qu’à l’époque, soit sont aujourd’hui torturés par les remords - je ne peux imaginer qu’ils se rappellent m’avoir fait tant de mal et qu’ils s’en moquent, l’humanité n’est pas si mauvaise, si ? - sans possibilité de rédemption - je ne pardonne pas.
D’une manière ou d’une autre, 25-30 ans plus tard, je suis en quelque sorte le vainqueur moral de chacun de ces combats. Pan ! Dans vos gueules, enculés…

jeudi 22 février 2024

# 1879

À la suite de nombreuses expériences menées personnellement avec toutes sortes de noyaux et pépins, je peux désormais l’affirmer :  aucun arbre n’en sort. Pas même un arbrisseau, pas même une plante. Non, les pépins, les noyaux se contentent de pourrir, jamais ne germent.

J’ai cependant, je le confesse, été bien naïf de croire qu’un arbre entier (racines, tronc, branches et feuilles) puisse tenir dans si petite enveloppe. Même plié soigneusement, même desséché (il faut de l’eau, arroser, m’avait-on dit), comment un arbre aurait-il pu être réduit à si petit volume ?
Je n’ai pas beaucoup progressé depuis mes 5 ans quand je croyais que le Père Noël passait par la cheminée…

En revanche, la question de l’origine des forêts reste posée.

mercredi 21 février 2024

# 1878

Me levant tôt, cherchant à ne pas réveiller Natacha, je me déplace sur la pointe des pieds. Et raye le parquet, fais des accrocs au tapis, entaille le lino, gratte les joints du carrelage…



Je ne dois pas recycler de vieilles idées, surtout quand elles n’étaient déjà pas brillantes la première fois. Je me le copierai 100 fois pour demain. S’il manque une ligne ou s’il y a la moindre faute, on double…

mardi 20 février 2024

# 1877

Mes élèves eux-mêmes me le disent, je ne suis pas assez sévère, il ne faut pas que j’hésite à punir davantage. Je profite donc des vacances pour mettre au point de nouvelles méthodes pédagogiques :

Je ne dois pas m’y prendre à la dernière minute pour écrire les billets de ce blog. Je me le copierai cent fois pour demain, c’est compris ? Si j’oublie la moindre ligne ou s’il n’y a ne serait-ce qu’une seule faute, on double… non mais…

lundi 19 février 2024

# 1876

Je commence ces vacances scolaires en faisant la liste de tous mes projets, ceux en cours, ceux à l’arrêt depuis longtemps trop longtemps, ceux qui n’existent que par une phrase dans un carnet ou même que par une idée en tête. La liste est longue, très longue, elle me prend la journée à compléter. Autant de temps passé à ne faire avancer aucun de mes projets. Sauf celui de répertorier tous mes projets en cours. Et encore, peut-être en ai-je oublié, des projets, ce qui voudrait dire que ce projet-là non plus n’est pas complet.

dimanche 18 février 2024

They Speak (24)

Axel : Regarde, il a un ordinateur d’époque… (désigne à son frère ma machine à écrire)



MLM : Les rideaux tirés ou non, ça ne change pas grand chose la nuit…
NF : La moindre lumière me gêne… je n’y peux rien si j’ai des paupières tamisantes et pas occultantes… il faudra qu’on achète des boules Quiès aussi..
MLM : Pour la lumière ?
NF : Non, ça va, je suis pas encore con à ce point…

vendredi 16 février 2024

# 1873

Lors de la pause au milieu du cours, Kentin révise à haute voix l’oral qu’il doit présenter lors de la prochaine heure. L’écoutant, je me dis que son professeur d’allemand doit s’arracher les cheveux… que de fautes de grammaire et de conjugaison… Je m’approche pour lui filer une coup de main, regarde le texte qu’il a écrit. Il n’y a pas tant de fautes… je plains alors son professeur d’anglais… quel accent horrible.

jeudi 15 février 2024

# 1872

La capacité sans cesse renouvelée des élèves à revendiquer comme si elles étaient de grandes découvertes des banalités : « Monsieur, vous êtes allé chez le coiffeur ». Comme si je n’étais pas au courant.



Elle n’est pas vraiment belle mais elle a beaucoup de charme. On a tous déjà entendu ce jugement à propos d’une jeune femme. Mais le contraire ? Elle est vraiment très belle mais elle n’a aucun charme.

mercredi 14 février 2024

Jourbon

Nolan me croise dans le couloir du collège. S’arrête à ma hauteur. Adopte une espèce de garde-à-vous. Se penche en avant :
- Konnichiwa
- Bonjour Nolan, qu’est-ce qu’il te prend ?
- C’est le nouvel an chinois, monsieur…
- Et donc tu me parles japonais pour le nouvel an chinois ?
- (instant d’hésitation) Pardon… salam aleykoum (rires)



Je croise Valentin dans la cour du lycée.
- Bonjour, Mister Valentin…
Oui, je salue parfois mes élèves ainsi… c’est très ringard… ça me fait me sentir prof…
- Bonjour, Mister Monsieur !

mardi 13 février 2024

# 1870

L’écart entre ce que je voudrais faire et ce que je fais effectivement est à peu de choses près le même qu’entre ce qu’il faudrait que je fasse et ce que je fais effectivement. Le conditionnel étant un problème en soi pour moi, il s’agit désormais de passer de voudrais à veux et de faudrait à faut.

lundi 12 février 2024

# 1869

Natacha trouvait les paroles du refrain de Les Ballons Rouges (Serge Lama) incomplètes. Elle s’en est chargée, samedi soir :
J’ai rien demandé, je n’ai rien eu. Je suis pas déçu.



Quelques jours avant, elle se demandait :
Existe-t-il de la vraie poésie joyeuse ?
Je n’en ai pas trouvé d’exemple sur le moment… depuis, pas vraiment non plus.

dimanche 11 février 2024

# 1868

Natacha avait fait acte de candidature pour le conseil de quartier. Un tirage au sort. Elle n’a pas été retenue. Elle est déçue. Et je ne peux m’empêcher d’être un peu soulagé.

Natacha en politique ? - car c’est de cela qu’il s’agit non ?

Et quand elle se serait aperçue que le conseil de quartier n’a aucun pouvoir ? Conseil municipal ? Et après ? mairie ? puis députation ou sénatoriale ? puis ministère puis Élysée ?

Il ne faut pas se le cacher, Natacha, une telle passionaria, en politique, il n’y a qu’une issue possible. L’assassinat politique. Je ne veux pas que ma chérie devienne une cible.
Et, ne le nions pas, ce serait dommage d’en arriver là pour quelques voitures mal garées et des merdes de chien sur le trottoir - car c’était le sens de son intérêt pour le conseil de quartier…

Ou alors, ce serait, puisque c’est le lot de toute ascension dans les jeux de pouvoir, compromission et corruption… ce qui serait pire…je préfère qu’on la bute plutôt qu’on me la change, ma chérie qui ne connaît pas la demi-mesure…

samedi 10 février 2024

# 1867

Dimanche ou lundi dernier, je m’étais réjoui, devant la tévé, en voyant la bande annonce de Captain Fantastic diffusé le mercredi suivant. J’avais beaucoup aimé le film la première et seule fois que je l’avais vu, avais très envie de le revoir.

Las, je n’avais pas fait attention, je ne suis plus le foot que de loin, un match du PSG était diffusé en clair ce même soir. Je ne suis plus le foot que de loin - comparé à il y a quelques années où je regardais une cinquantaine de matches par saison - mais une espèce de réflexe m’a forcé à me mettre devant la partie et à renoncer à Viggo et à sa vie de famille en forêt.

Je n’ai pris aucun plaisir au match. Je l’ai à peine regardé, ai raté tous les buts, ai fait autre chose devant la tévé allumée, joué aux échecs et gribouillé avec pour modèle le Télérama devant moi.


Le pire, c’est que je ne peux jurer qu’on ne m’y reprendra plus.

vendredi 9 février 2024

Ça m’use

Page & Plume, rayon poésie, je regarde les tranches des livres sans chercher un titre ou un auteur précis, attendant d’être arrêté, surpris, intrigué… ce qui ne tarde pas à se produire…
Travailler Use. Voilà qui retient mon attention. Je sors le livre du rayonnage. Stupeur. Cesare Pavese. C’est l’auteur. Il me faut quelques secondes pour réaliser. J’ai déjà une édition de ce recueil à la maison. Réuni en un seul volume avec La Mort viendra et elle aura tes Yeux… mais sous un titre différent. Travailler Fatigue, c’est ainsi que je connais ce recueil.
Fatigue / Use. Ce n’est tout de même pas la même chose. Entre Fatiguer et User, il y a tout de même une sacrée différence. Ça change tout. C’est une révolution - oui, rien que ça.
Je ne vérifie pas le texte lui-même. Il est déjà modifié, bouleversé, atomisé. En changeant le titre de la traduction française, c’est toute la traduction elle-même, tout le texte qui est changé. Le sens est modifié. Car un titre condamne. On ne lit pas de la même façon, pas avec les mêmes attentes, les mêmes espoirs, un recueil intitulé Travailler Fatigue et un recueil titré Travailler Use. Ça me semble évident. Et si on n’appréhende pas le texte de la même façon, sa lecture en est forcément également modifiée.

Ça n’aurait aucune importance, finalement, s’il n’y avait des lecteurs comme moi - et il y en a, de nombreux - qui connaissent depuis des années Travailler Fatigue. Et d’un coup, on leur dit que le recueil était faux. Incorrect. Que leur lecture, leur appréciation de leur lecture, ce que leur lecture a changé pour eux ne valaient rien. Qu’ils n’ont rien compris à ce que l’auteur voulait dire, qu’ils ne peuvent avoir compris car ils n’ont jamais eu le bon texte entre les mains. Que leur reste-t-il ? Tout recommencer à zéro ? Tout en oubliant ce qu’ils avaient lu ? Comment oublier ? Un texte oubliable, mieux vaut ne pas le lire…

Peu importe que la traduction la plus juste, la plus exacte soit Travailler Fatigue ou Travailler Use. Il aurait mieux valu ne pas retraduire.

jeudi 8 février 2024

Alimentation

Dans la rue entre la place des bancs et la place St Michel, un traiteur. Qui vend des pommes dauphines, des tomates farcies, du bourguignon, des souris d’agneau à l’ail… qu’il n’y a plus qu’à faire réchauffer.
C’est très désuet comme boutique. D’ailleurs, la clientèle n’est pas de toute première jeunesse.
Je ne sais pourquoi, ça me rassure que des gens encore achètent leurs repas dans ce genre d’endroit. Oui, rassure. Je ne sais pas de quoi.



Plus tard, chez Monoprix. Deux clients. Un grand dadais à bonnet et pantalon baggy, la vingtaine. Marche comme un culbuto, en oscillant de droite à gauche et de gauche à droite, ne semble pas quoi faire de ses grands bras. Une petite grosse à cheveux raides et sales couleur aubergine coupés monacalement (à la tonsure près), en doudoune fermée jusqu’au col. La quarantaine.
Lui : vas-y, t’as vu les prix ? T’achètes un truc ici, c’est un transfert de foot…
Elle, fou rire.
Lui : regarde, j’ai une idée, j’ai du sucre en poudre à la maison, on peut prendre du fromage blanc, ça tombe trop bien…
Elle : on le prend ou pas le burger, là…
Lui : attends, je me rappelle, j’ai des knackis aussi à la maison, en fait
Je repense à La Traversée de Paris. Salauds de pauvres. J’ai un peu honte d’une telle pensée. Non, ce n’est pas vrai, je n’ai pas vraiment honte. Ou plutôt, si, j’ai honte de ne pas avoir honte d’une telle pensée…

mercredi 7 février 2024

Non ! Enfin… oui ?!

je ne sais pas dire non
pas même à la pompe en libre-service de la station d’essence
sur l’écran, on me demande si je veux mon ticket de carte bleue, je suis incapable de refuser

peur de paraître impoli ?
peur me faire arnaquer ?
non, simplement, un trait caractère, je suis un oui-oui

alors les facturettes s’entassent sur le siège passager, c’est là que je les jette en remontant dans la voiture, elles s’entassent, certaines glissent jusque sur le tapis de sol depuis le sommet du tas, certains appellent ça du ruissellement

il faudrait que je m’en débarrasse, mais où ?
une poubelle de rue, c’est exclu, rien n’y est trié, autant les abandonner au sol, sur le macadam, ce n’est pas mon genre
les monter dans l’appartement, pour en remplir la poubelle de recyclables, j’aurais trop honte de ma faiblesse devant Natacha, comment lui expliquer que même une machine de chez Géant Casino me donne des ordres contre lesquels je ne sais me rebeller
les vider dans les corbeilles à papier du collège, m’imagine-t-on traverser la cour les poches pleines de l’équivalent de plusieurs rouleaux de facturette, ça se saurait vite que je ne sais dire non à une machine qui me demande si je veux un ticket, que je suis à ce point sans volonté, sans aplomb, les élèves en profiteraient, me demanderaient moins de devoirs, de reporter les interros, de ne pas compter les notes trop basses, les collègues me demanderaient un service après l’autre, la direction me confierait des missions auxquelles je ne comprendrais rien…

les tickets de carte bleue s’accumulent donc dans la voiture
il y en a partout, ça déborde, ça commence à me gêner pour appuyer sur les pédales, c’est dangereux de ne plus pouvoir ni accélérer ni freiner, d’avoir du mal à débrayer, sur l’autoroute, en première, on se fait klaxonner, insulter, tire-toi de là, connard, et je ne sais pas dire non alors je vais sur les petites routes, les départementales, je n’ai guère plus de succès, même les papys me doublent

ça cessera un jour, quand la voiture sera trop remplie et que je ne pourrai plus la conduire, je n’aurais plus à mettre d’essence, je retrouverai ma liberté, plus personne, pas même une machine ne me posera de questions auxquelles je n’ai qu’une réponse, oui

mardi 6 février 2024

# 1863


L’éco-village, est-ce ce que l’on voit en arrière-plan ? Effectivement, les habitants ont atteint la neutralité carbone, ils ne consomment rien ou presque. Méthode certes radicale mais efficace.



Mais non, me dis-je, l’éco-village, ce ne peut pas être ces alignements de dernières demeures… puis je vis l’arrière du panneau…



lundi 5 février 2024

# 1862

Il m’arrive, le matin, de ne pas introduire la bonne capsule de café dans la machine à expresso quoi d’autre, de ne pas mettre la capsule du café que j’ingurgite au petit déjeuner. Les capsules pourtant, selon le café qu’elles contiennent, sont très différentes. Un code couleur très clair, il est impossible de se tromper. Je me trompe parfois tout de même. Je commets l’erreur si difficile à commettre. Seul un imbécile se tromperait de capsule. Il faut être abruti, idiot…
… je ne vaux rien avant d’avoir pris mon café du matin.

dimanche 4 février 2024

# 1861

Avant, je pensais que les ronds-points étaient laids…
… mais ça c’était avant les agriculteurs…
… ils n'étaient pas si mal ces ronds-points…



Comme langue, le Gallois, ça a l’air imprononçable. Je n’ai heureusement pas prévu de l’apprendre.



Une grève, c’est fait pour emmerder le monde, non ? C’est le principe ou n’ai-je pas bien compris ?
Je n’ai donc pas fait grève jeudi et ne ferai pas grève mardi. Ça emmerdera les élèves.

samedi 3 février 2024

vendredi 2 février 2024

# 1859

Théorie non vérifiée. Si les camions-poubelles étaient d’un rouge vif et les camions de pompiers d’un gris sinistre ou d’un vert triste, il y aurait davantage de vocation d’éboueurs chez les jeunes enfants.

jeudi 1 février 2024

# 1858

J’ai vu un cerf aujourd’hui. Il a traversé la route devant moi. Spectacle magnifique.
Le reste du monde n’a finalement que peu d’importance.