mardi 30 septembre 2025

30 septembre

(13)

Cherchant un substitut à mes lianes à fumer, je suis au bord de la mer l’océan, à la recherche des meilleures cordages que je puisse à gréer de mes salutations distinguées. Je fais du port à port dans les rades de bord de rade, négocie avec les vieux loups de mer d’huile à la recherche de cordes : on m’envoie me faire pendre, on me dit de plutôt mettre les bouts. À bout, je bous mais les gars en ciré - quel dur métier, on m’en a fait enfant porter des cirés jaunes, j’en ai chié dans la cour de récré - ont l’air bien trop costauds pour que je m’emporte à porte.
Un noeud coulant ne serait pas si mal finalement, s’il est bien tressé, en en coupant des sections de divine proportion, il y aurait moyen d’en tirer de quoi tirer de bonnes taffes à s’en brûler les poumons - ce qui ne serait pas si grave : pendu, on s’inquiète moins de toux et de rien. Malheureusement, c’est de la fibre synthétique, on ne trouve plus que ça du plastique, du résidu de pétrole, sur les chaluts - Richard Coeur de Lion en est mort : hors de question que je fume cette merde artificielle. Je suis un fumeur bioman.

lundi 29 septembre 2025

29 septembre

(j’ouvre la boîte aux lettres, la constate vide, y introduit entièrement ma tête)
Moi : ma tête entre entièrement… si je suis enlevé par des terroristes ou des rançonneurs, ils pourront te l’envoyer dans un paquet…
Elle (lève les yeux au ciel)
Moi : ça pourrait être une bonne blague, ça, une fausse tête en latex ou en cire, dans un colis…
Elle : ah, ah, ah, oui, très drôle…
Moi : le problème, c’est que tu n’as pas d’humour
Elle : sinon, t’attends quelque chose au courrier ?
Moi (passant sous silence la dizaine de CD et DVD commandés au cours de la semaine) : euh, Geo…
Elle : ouais, bof… Geo, c’est comme la pop anglaise… des mélodies joyeuses mais quand tu lis les textes t’as envie de te tuer… Geo, t’as de belles photos mais faut pas regarder les légendes… les jeunes d’aujourd’hui, ils ont raison de pas savoir lire : lire, ça fait déprimer.

samedi 27 septembre 2025

27 septembre

Assister à la réunion, pourtant facultative, dont je n’ai rien à faire juste pour ne pas être le gars qui n’assiste pas aux réunions sous prétexte qu’elles sont facultatives.



Ne pas vérifier le courrier dans la boîte aux lettres en sortant de l’immeuble juste pour le plaisir d’entendre Natacha s’étonner que je ne vérifie pas le courrier dans la boîte aux lettres.



Acheter un disque, un livre juste pour ne pas ne pas avoir acheté de disque ou de livre ce jour-là.

vendredi 26 septembre 2025

26 septembre

(5)

Si je me décide aujourd’hui à avouer que je ne suis pas le véritable Maurice L. Maurice, si j’abdique, si je renonce, ce n’est pas tant parce que je n’arrive pas à me mettre à la hauteur du divin créateur qu’est (qu’était ?) ce dernier mais pour de plus concrètes raisons. Deux, exactement.

La première, la moins noble, est que prendre la place de Maurice L. Maurice ne m’a apporté aucun plaisir. Je m’attendais à ce qu’un génie d’un tel talent suscite un enthousiasme démesuré - à la hauteur de celui qui est le mien envers sa personne - une adulation, une idolâtrie chez une foule de gens. J’espérais des cohortes d’admirateurs et d’admiratrices à la recherche de leur peintre-dessinateur-auteur-compositeur favori, prêt à tout pour un regard de sa part, un mot, une poignée de main. En un mot, je pensais, en prenant la place de MLM, pouvoir me taper à la chaîne des gamines jeunes femmes enamourées, aveuglées par le talent.
Vous l’aurez compris, il n’en fut rien.


jeudi 25 septembre 2025

25 septembre

Idée pour un film ou un roman d’espionnage : tous les messages secrets seraient transmis par les signaux de fumée produits par cigarette.


Si quelqu’un trouve l’idée bonne et a envie de l’utiliser, c’est cadeau.


D’autant que je ne pense pas que ce soit une si bonne idée.

mardi 23 septembre 2025

23 septembre

(12)

À moins que les derniers paragraphes ne constituent en réalité qu’une fausse piste et que ce retour en arrière ne permette d’orienter le texte vers de nouveaux horizons, là où jamais le lecteur ne pensait qu’on l’amènerait.

Il va désormais s’agir d’être à la hauteur d’un suspense si artificiellement ménagé. Si ce que je propose derrière n’est pas réellement original, le feuilleton ne se contentera pas de faire plouf, ce sera la noyade complète. J’ai une semaine (au moins) encore pour y réfléchir et trouver la bonne idée.

lundi 22 septembre 2025

22 septembre

- Vous pouvez prendre la calculatrice si vous voulez.
- Pas besoin, on est des cerveaux humains.

samedi 20 septembre 2025

20 septembre

Deux hameaux éloignés l’un de l’autre, à vol d’oiseau, de 20 km peu ou prou, l’un près de Châtelus, l’autre de Boussac : Bellevue et Beauregard. Quel dommage, avec de tels noms, qu’ils ne soient plus proches. Intriqués. L’un dans l’autre (et vice-versa). Indiscernables. Comme dans la réalité.



Un ado ou post-ado à sa mère, sur le parking de Family Village, zone commerciale au nord de Limoges : Il me le faut absolument pour Halloween. Je ne sais de quoi il est question. La phrase pourtant me parait fatalement absurde.



De la musique dans les haut-parleurs de Page et Plume. Pas à volume élevé. De la musique tout de même. Y a-t-il vraiment des gens qui parviennent à lire en écoutant de la musique ? J’en suis incapable. Je peux écouter de la musique en toute occasion sauf deux : quand je lis et quand je regarde un film. Et encore, pour cette seconde occasion, ça pourrait arriver.

vendredi 19 septembre 2025

19 septembre

(4)

Jusqu’ici ce feuilleton n’a servi qu’à tresser des lauriers à Maurice L. Maurice. Ses textes sont fabuleux, inimitables. Ses peintures sont merveilleuses. Bla-bla-bla. Non seulement ça ne convainc personne mais, de plus, ça ne fait pas avancer le texte. Il va falloir trouver autre chose pour garder le lecteur en haleine, trouver d’autres idées. Il attend que ça démarre vraiment, le lecteur. Là, pour l’instant, il craint de s’ennuyer ferme. Allez, on maintient le suspense une semaine encore… mais pas davantage. Vendredi prochain, on entre dans le vif du sujet.

jeudi 18 septembre 2025

18 septembre

Ce que nous appelons bœuf, les Britons l’appellent jam soit confiture, marmelade. Et il faudrait s’étonner que leur bouffe est dégueulasse.



Le film L’aigle s’est envolé s’appelle en v.o. The eagle has landed. On est au-delà du contresens, non ? Comment peut-on en arriver à une telle traduction ???



Ce que les Britons appellent jam, nous l’appelons bœuf… Et il faudrait s’étonner que notre musique fasse pâle figure à côté de la leur.

mercredi 17 septembre 2025

17 septembre

Le problème quand on ne sait où on va, c’est qu’on ignore combien de temps il faudra continuer d’avancer, quand il faudra prendre un virage, quand il faudra cesser, quand il faudra rebrousser chemin. Le plus important, c’est de ne pas désespérer, de croire que la destination existe même si on ne sait rien d’elle… et de recouvrir les traces de ses pas. C’est une aventure aussi passionnante que frustrante.



mardi 16 septembre 2025

16 septembre

(11)

Il serait dommage en effet après que j’aurai tant toussé à fumer des lianes - car mon grand-père m’a prévenu, fumer de la liane, ça te crame les lèvres la langue, l’œsophage et les poumons comme rien d’autre n’en est capable - de devoir, faute d’en trouver en quantité suffisante pour une consommation de plusieurs années d’avoir à trouver un substitut. Et de devoir alors, dans quelques numéros de ce feuilleton, en recommencer les numéros (5) à (7).

Le lecteur n’est pas si bête ni si docile. Il veut du neuf chaque semaine. Hors de question de revenir en arrière et de se répéter sous peine de le voir abandonner la lecture. L’auteur n’a plus d’idées pour poursuivre son texte, voilà ce que pensera le lecteur - et il n’aura pas tort. N’ai-je pas mieux à lire qu’un texte sans idée neuve ? voilà ce que se dira le lecteur - et il n’aura pas tort.

À moins que…

lundi 15 septembre 2025

15 septembre

Modernisons la guerre. C’est tellement dépassé ces conflits entre pays. Inspirons-nous des courses cyclistes qui n’opposent plus depuis longtemps des équipes nationale et assumons que nos guerres sont le fait d’intérêts économiques. Que les soldats combattent sous les couleurs de marques ! Une guerre entre Total et Gazprom. Une autre entre Mig et Dassault. Etc.



J’ouvre samedi soir une bouteille de Bandol pour faire mariner ma viande en vue d’une daube. Le vin est bon.
J’ouvre dimanche midi une bouteille en tous points identique pour accompagner la daube. Elle est bouchonnée. Que dois-je faire ? Un bourguignon ?



Nuit agitée. Très mal dormi. Le film d’hier soir qui m’a secoué.
J’ai rêvé du cours de cette après-midi avec les sixièmes. Je m’y endormais. Prémonitoire ?

samedi 13 septembre 2025

13 septembre

(amertume(s))

toujours étonné des voitures dans Châtelus qui me suivent, me précèdent ou me croisent mais ne vont ni ne viennent du collège. je ne comprends pas comment on peut se retrouver dans ce bled sans y avoir été condamné - et qui punit plus sévèrement que l’éducation nationale ?



je me promène sur l’heure de midi dans Châtelus. à pied. pour la première fois depuis un peu plus d’un an que j’ai été envoyé ici comme on envoyait autrefois à Cayenne. un chien de l’autre côté de la rue, à 20 mètres au moins de moi, aboie après moi sans s’arrêter. je suis un intrus. lui pas plus que moi ne comprend ce que je fous dans ce trou.



je suis assis sur un muret de pierres, au bord d’un étang à l’entrée du village. tout le bourg me sépare du collège qui se trouve de l’autre côté. je dessine dans le vent. j’ai froid. 13h30. la sonnerie du collège parvient jusqu’à moi. c’est donc qu’elle retentit, résonne dans tout le village. il n’est pas un habitant qui peut ignorer les heures de début et de fin des cours. ça me confirme qu’il n’y a rien d’autre ici que le collège. on n’échappe pas ici au collège. tout est centré sur le collège. terre d’exil pour profs victimes du système.



vendredi 12 septembre 2025

12 septembre

(3)

Question dessins et peintures, c’est pire encore. Gribouillis et barbouillages dignes d’un enfant de 3 à 6 ans - et encore, pas des plus doués - me moquais-je à propos des œuvres - j’allongeais en le prononçant l’initial e dans l’o (l’eudanlo ?) d’œuvre et le faisais tendre vers un eu.
Je pensais pouvoir faire aussi bien si ce n’est mieux dès mes premiers traits de stylo et crayon, dès mes premiers coups de pinceau. Las, je ne fais qu’aligner les tâches de couleurs, le graphite que je dépose sur le papier me supplie de le renvoyer à la mine, il y était plus heureux, l’encre se désespère de n’être sympathique, elle pourrait disparaître.
Là encore, on a pu voir dans cette diminution de la qualité de la production mauricienne (dit-on mauriçoise ?) la marque d’une fatigue passagère ou la recherche (inaboutie) d’une nouvelle voie picturale. On n’y croit désormais plus : ces merdes ont été, à la faveur d’on ne sait quel aveuglement, faussement, fallacieusement, attribuées au génie de MLM mais ne sont de sa si adroite menotte.

jeudi 11 septembre 2025

11 septembre

Entendu à la FNAC
On devrait prendre un disque du chanteur-là qui porte presque que le même nom que celui qui s’est suicidé là, tu vois de qui je parle, non ?



N’en portant pas, je ne sais où le bas blesse.



Pour ceux qui ont cherché de quel chanteur il était question dans les propos de la mamie à sa petite fille, il s’agissait de Robbie Williams.

mardi 9 septembre 2025

9 septembre

(10)

Si je tiens à être précis à propos de mes lianes, c’est que la quantité qui s’en trouvait il y a un quart de siècle à Gneugneucourt-Bignecourt - je n’ai pas vérifié depuis bien longtemps, je doute que les lianes, depuis, se soient multipliées - ne sera pas suffisante pour mon projet. À raison d’une à deux lianes par semaine - détressées puis débitées en troncs de la taille d’un cigarillo, j’estime que ce sera la consommation minimum pour le gros fumeur que je compte devenir - je n’en aurais pour pas bien long avant d’épuiser la réserve de la minuscule forêt communale. Six, neuf mois. Pas beaucoup plus.

Il faut que je m’en trouve ailleurs mais où ? Et comment chercher où si je ne sais même pas nommer ce que je cherche ?

lundi 8 septembre 2025

8 septembre

Les gens brillants ont pourtant besoin d’éclairage la nuit.



J’ai une collègue qui habite Limoges elle aussi. Elle m’a proposé de covoiturer. Heureusement, nos emplois du temps ne sont pas compatibles. La route est déjà longue… la partager ne la raccourcira pas. Devoir discuter et s’accorder sur la musique… il n’y aurait plus qu’à paver la N145 de bonnes intentions.



Les blonds peuvent-ils avoir les cheveux poivre et sel ? Ou serai-je plus proche du cumin et sel ?

samedi 6 septembre 2025

6 septembre

… il y en aurait encore quelqu’uns de trop.



(Sur la vitrine d’un restaurant de la rue des Arènes, Limoges)
Je dirais même plus : Bourgeoisie, Chinerie !


vendredi 5 septembre 2025

5 septembre

(2)

Les textes de Maurice L. Maurice (dit MLM) me semblaient d’une simplicité absolue. Je peux écrire ça en moins de deux, me disais-je. Quelle est la difficulté ? Quel est l’intérêt littéraire ?
J’avais tort. Je suis bien forcé d’admettre que les informes tas de mots que je ponds après avoir sué sang et eau et encre des heures durant ne valent finalement pas grand chose en comparaison des siens. Mes jeux de mots, hilarants dans ma tête, ne font plus rire une fois couchés sur le papier, mes tentatives de phrases sinueuses se brisent avant la troisième subordonnée, la volonté d’éviter au maximum de raconter une histoire n’aboutit chez moi qu’à des textes vides : je ne parviens à copier ni son style ni son humour ni le fond de ses écrits.
J’ai pu faire illusion, au début, quand j’ai pris sa place, on a simplement cru que Maurice L. Maurice était en petite forme, dans une mauvaise passe. Après tant de temps, désormais, plus personne n’est dupe : ce n’est pas le grand, l’immense, le magnifique MLM au talent sans limite, qui est derrière les dernières merdes publiées sous son nom.

jeudi 4 septembre 2025

4 septembre

Après deux jours de cours, se dire ce n’était pas si terrible. Puis réaliser avoir à faire ça 70 fois environ.



Début août, Natacha me demande de laisser fermée la fenêtre de la cuisine en journée. Car il fait plus chaud dehors que dedans.
Début septembre, Natacha me demande de laisser ouverte la fenêtre de la cuisine en journée. Car il fait plus chaud dehors que dedans.
Et moi, je dois y comprendre quelque chose. Ordre, contrordre, désordre, comme disait l’autre.



Ne pas avoir réussi à me faire détester des élèves que j’ai eu envie de gifler une bonne partie de l’année scolaire passée. Être accueilli par ceux-ci dans les couloirs avec des sourires et des démonstrations de joie de me revoir. Rarement éprouvé un tel sentiment d’échec.

mercredi 3 septembre 2025

3 septembre

recouvrant mon esprit troublé, j’ai composé, d’abord inintentionnellement puis de manière tout à fait consciente, un monochrome blanc… pour l’instant… qui sait ce que j’en ferai ?



mardi 2 septembre 2025

2 septembre

(9)

Je n’y connais pas grand chose en botanique (ta race) mais je sais qu’il existe plusieurs sortes de lianes. De nombreuses sortes de lianes. C’est un terme extrêmement ambigu que celui de liane. Le kiwi - je n’en mange plus que des jaunes depuis des années - par exemple, est le fruit d’une liane. Le houblon - je peux compter sur les doigts d’une main (je suis certes atteint de polydactylie) le nombre de bières que j’ai bues depuis le début de l’année ; je n’ai pas pour autant perdu mon ventre à bière - est une autre sorte de liane. Il faut donc que je sois plus précis concernant ces lianes.

Les lianes dont je parle ressemble à s’y méprendre à une corde, comme celle après laquelle il fallait grimper en EPS - je n’ai jamais été foutu de monter à plus de deux mètres cinquante, soit ma taille et l’impulsion de départ - même aspect desséché, même tressage. On peut d’ailleurs en tenter l’ascension (si l’on sait comment s’y prendre) ou jouer à Tarzan en s’y balançant (je l’ai fait de nombreuses fois, enfant et pré-ado, plus tar également), ces lianes semblent solidement accrochées aux hautes branches des arbres. Il suffit pourtant de tirer d’un coup bien sec pour les décrocher de leur point d’ancrage.
Je ne suis pas certain que cette sommaire description soit suffisante.

lundi 1 septembre 2025

1 septembre

Je suis extrêmement impliqué dans mon travail de prof cette année. Tenez, hier, pendant le déjeuner, je préparais mes cours : j’expliquais à Natacha qu’un petit quart des lasagnes, c’était à peu près la même chose qu’un gros cinquième. Les élèves vont avoir un sacré niveau en juin prochain.



Le bac de biodéchets, c’est pas cool pour ceux qui font les poubelles pour se nourrir : ils y trouvent plus rien à manger. Mon épouse est parfois d’un cynisme…



« Ils y font autre chose que ce pour quoi ils y vont. » (La Principale à propos des élèves aux toilettes du collège.